Forêt des Hirondelles: un bel exemple de complaisance

Si rien n’est fait, d’ici quelques semaines, au mieux quelques mois, la forêt des Hirondelles ne sera qu’un triste souvenir. Et la faute en incombera à des élus qui n’auront pas su être à la hauteur de leur fonction. En mai 2004, des citoyens, qui voulaient préserver cette forêt de six hectares, en l’acquérant, se sont fait dire par le Club de golf Mont-Bruno, propriétaire du lieu, qu’il n’avait « pas l’intention de vendre quelque parcelle de terrain que ce soit ». Quinze mois plus tard, le sénateur Massicotte avait en poche une offre d’achat conditionnelle. La condition? Qu’il obtienne l’aval de la Ville de Saint-Bruno pour la réalisation de son projet de construction d’une trentaine de résidences de « prestige ».

Il aurait été facile pour le maire Benjamin, lors de la rencontre qu’il a eue en janvier 2006 avec le sénateur Massicotte et à laquelle assistaient quelques-uns de ses conseillers, de faire comprendre au promoteur-sénateur Massicotte que la Ville de Saint-Bruno ne souhaitait pas d’un tel projet dans la forêt des Hirondelles. Le maire Benjamin ne manquait pas d’arguments pour ce faire, puisque cette forêt est en plein cœur du corridor forestier et, en plus, la Ville de Saint-Bruno allait entreprendre prochainement la révision de son plan d’urbanisme, ce qui pouvait à terme se traduire par un changement de zonage de ce secteur.

Le sénateur Massicotte qui, incidemment et par une de ces détestables incongruités politiques, est membre du Comité permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles du Sénat, n’aurait eu d’autre choix que d’aller se faire voir ailleurs avec son projet. Ce ne fut malheureusement pas le cas, avec le résultat que l’on connaît aujourd’hui : une forêt mature, adossée au parc du mont Saint-Bruno et d’une grande richesse au plan de la biodiversité, risque d’être détruite.

Et ce, malgré le fait qu’on y retrouve le ginseng à 5 folioles (Panax quinquefolius Linnaeus), qui est nommément identifié comme une espèce menacée dans le règlement relatif à la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables. Or, que dit l’article 16 de cette loi? Tout simplement que « nul ne peut, à l’égard d’une espèce floristique menacée ou vulnérable, posséder hors de son milieu naturel, récolter, exploiter, mutiler, détruire, acquérir, céder, offrir de céder ou manipuler génétiquement tout spécimen de cette espèce ou l’une de ses parties, y compris celle provenant de la reproduction ». Et l’article 17 de cette même loi  stipule que « nul ne peut, dans l’habitat d’une espèce floristique menacée ou vulnérable, exercer une activité susceptible de modifier les processus écologiques en place, la diversité biologique présente et les composantes chimiques ou physiques propres à cet habitat ». Et c’est sans compter les autres espèces considérées comme vulnérables qui ont été recensées dans cette forêt.

Saint-Bruno est une des dernières municipalités de toute la Communauté métropolitaine de Montréal où on retrouve une forêt d’une telle qualité. Elle a même pris une valeur de symbole avec l’adoption récente du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD). Il faut se rendre à l’évidence : le maire Benjamin et ses conseillers préfèrent dépenser des centaines de milliers de dollars annuellement dans une course effrénée aux fleurons plutôt que de participer activement à la protection des milieux naturels autour de la montagne.

Nous sommes face à une administration municipale rétrograde qui a comme marque de commerce l’entêtement, l’arrogance et le mépris envers ces centaines de citoyens qui, depuis des années, se battent pour protéger cette forêt. Comble de l’ironie, elle a même accepté d’agir comme mandataire du sénateur Massicotte pour réaliser les infrastructures municipales du projet La Futaie dans la forêt des Hirondelles. Et dire que le 27 août prochain, le maire Benjamin et son groupe de conseillers s’apprêtent à adopter un Plan de conservation des milieux naturels et de réduction de l’empreinte environnementale. Cherchez l’erreur!

 

Martin Murray, chef du Parti montarvillois

Michèle Archambault, conseillère municipale