Un sport qui peine à devenir propre
Rachel Leblanc-Bazinet s’est levée contre l’éviction de la présidente par intérim de la Fédération internationale d’haltérophilie (IWF), l’Américaine Ursula Papandrea.
L’athlète montarvilloise, qui a satisfait aux critères depuis février pour avoir son laissez-passer pour les Jeux de Tokyo de 2021, s’est fermement positionnée contre la mise à l’écart de Mme Papandrea. Depuis le début de son mandat, elle collaborait avec le CIO pour redresser la situation après le scandale de corruption qui a mené à la démission de son prédécesseur, Tamas Ajan. Avec ses actions, elle apportait un vent d’optimisme.
« Elle avait repris le poste de Tamas Ajan quand les accusations de corruption étaient sorties. Ursula Papandrea a travaillé vraiment fort pour enrayer le dopage et la corruption et pour que les athlètes propres aient ce qu’ils méritent. Avec elle, on voyait la lumière au bout du tunnel », avance l’haltérophile.
« Ursula Papandrea a travaillé vraiment fort pour enrayer le dopage et la corruption et pour que les athlètes propres aient ce qu’ils méritent. » -Rachel Leblanc-Bazinet
Or, Mme Papandrea s’est fait fortement suggéré de ‘’prendre la porte’’ de ce sport qui, « au cours des huit dernières années, a eu 10 M$ de corruption. C’est-à-dire que les fédérations de certains pays ont payé l’IWF pour que des cas de dopage soient cachés ou que des pays reçoivent des faveurs », rapporte Mme Leblanc-Bazinet. Elle n’est pas seule à s’être insurgée. Se joignant à sa voix, sa coéquipière, Tali Darsigny, a également réagi. « Les athlètes de l’IWF ne resteront plus silencieux pendant que des gens détruisent notre sport et mettent en péril l’avenir de l’haltérophilie », ont fait part dans un extrait vidéo, notamment, les deux athlètes.
Pour comble d’insulte
Non seulement Mme Papandrea a été relevée de ses fonctions, mais elle a d’abord été remplacée brièvement par le Thaïlandais Intarat Yodbangtoey. Or, ce dernier représente un pays qui ne participera pas aux épreuves d’haltérophilie des Jeux de Tokyo en raison de multiples cas de dopage. « Depuis 2018, ce pays n’a plus accès aux Olympiques, car il y a eu trop de cas de dopage, soit la plus grosse sanction. C’est ce qui a fait réagir les athlètes. On s’est dit que notre sport n’allait jamais évoluer », déplore la Montarvilloise, qui souhaite une réforme et qui vit une frustration d’iniquité à se mesurer à des pays dopés qui siègent sur le podium.
Le Comité international olympique a menacé de revoir la place de ce sport aux Jeux de Paris, en 2024. L’IWH a rapidement remplacé Yodbangtoey par le Britannique Michael Irani. « L’IWF parle peu. Elle n’est pas tellement contente que ça fasse autant de bruit. C’est inquiétant comme sanction », termine l’athlète.