Sara Labrie, le « petit cadeau » de son coach « Frigo »
Sara Labrie et son coach Jean-Frédéric Fortin forment une équipe du tonnerre. L’athlète montarvilloise de 13 ans a terminé 1ère aux deux seuls triathlons de l’été, à Magog et à Sorel, les 5 et 20 septembre derniers.
À la course de Magog, la jeune fille a enregistré un temps de 38:59.5 (380 m de nage en lac/10 km de vélo/2,5 km de course), terminant en tête des 20 filles U13 avec 48 secondes d’avance sur la 2e, et au 4e rang du groupe mixte de 45 coureurs U13.
À Sorel, elle a terminé au temps 36:23.350 (300 m de nage en piscine/10 km de vélo/2,5 km de course), et fini première dans les deux catégories, sur le groupe de 16 filles U13 et le groupe mixte de 30 athlètes U13. Elle avait 3 min 15 d’avance sur la 2e coureuse.
Une don insoupçonné
« C’est ma passion depuis l’âge de 8 ans.», lance-t-elle. « Au départ, je faisais de la natation, du vélo et de la course indépendamment, sans penser à combiner les trois en une discipline. Ce sont mes parents qui y ont pensé et qui ont décidé de m’inscrire aux activités de triathlon. J’ai tout de suite aimé ça. »
« Au départ, on n’avait pas remarqué son potentiel, c’était simplement pour lui trouver une activité substitutive à celles de son club de natation qui s’arrêtaient en été. », raconte son Maxime Labrie, son père. « Le club Samak offrait un programme d’initiation au triathlon pendant l’été et c’était près de chez nous. »
Le « bébé du groupe élite »
Ce qui rend la jeune Sara fascinante, c’est qu’elle se mesure depuis toujours à des athlètes qui ont le double de son âge, et qu’elle bat même les garçons. Son coach, qu’elle appelle affectueusement « Frigo » l’entraîne en même temps qu’un groupe d’athlètes mixte. « Sara est le bébé du groupe », précise-t-il. « Elle est en secondaire 2, tandis que les autres sont soit au collège, soit à l’université. Ils l’ont bien accueillie, mais elle s’est aussi bien intégrée. Ça s’est très bien passé pour elle, elle se tenait près des plus forts. En plus, c’est un groupe considéré élite. »
L’entraîneur raconte qu’au début, il ne savait pas à quoi s’attendre d’une aussi jeune recrue. « Sara était en sports études mais je ne savais pas à quoi m’en tenir, et j’ai constaté avec plaisir qu’elle répondait très bien au programme. D’habitude, lorsqu’on est beaucoup plus jeune que les autres, on se décourage et on décroche parce qu’on est moins fort, et les petites filles à 13-14 ans commencent à forger leur identité, donc ça devient d’autant plus compliqué. Dans le cas de Sara, le fait d’avoir été la plus jeune a plutôt ôté une pression de ses épaules, ce qui a fait qu’elle a pu se concentrer sur ce qu’elle avait à faire. »
« J’ai une vie en dehors du sport (…) Mon émission préférée est District 31 ! » – Sara Labrie, athlète de triathlon
La vie à côté du sport
Avec tout ça, la triathlète maintient que le sport n’est pas son seul centre d’intérêts. « J’ai une vie en dehors du sport, des amis en dehors du club, et je regarde souvent la télévision. Mon émission préférée est District 31 ! Mon personnage préféré est Stéphane Pouliot. »
Rêver avec modération
Quand on lui demande où elle se projette dans l’avenir, bien qu’elle ne souhaite pas trop y penser, elle sait qu’elle veut se rendre aux Olympiques. »
Mais pour elle, son père et son coach, ce n’est pas une fin en soi. « Le parcours est long pour se rendre aux Olympiques.», apporte son coach. « Ce n’est pas évident. C’est une question de confiance, de préparation, mais aussi de chance. Un ennui mécanique à vélo et vite arrivé et peut tout changer. Mais c’est sûr que c’est le but final et ultime. Quoiqu’il en soit, elle peut vivre d’autre belles expériences, des compétitions à l’étranger, par exemple. J’espère le mieux pour elle, mais il ne faut pas qu’elle en fasse une fixation sur le rêve des Olympiques. Mon but est d’amener chaque personne à son plein potentiel. Si celui de Sara est d’aller aux Olympiques, tant mieux. »
Le papa tient à dire qu’il ne met pas non plus de pression sur sa fille en ce sens : « Jusqu’à présente, ma conjointe et moi sommes très satisfaits du programme sports études car notre fille n’a jamais été aussi motivée que maintenant. Mais pour nous, les études demeurent la priorité. Tant qu’elle s’amuse, c’est l’essentiel. Mais si ensuite, elle aime ça au point de vouloir continuer à un autre niveau, on va la soutenir avec Jean-Frédéric et le groupe d’élite. C’est une belle motivation et les autres filles du groupe sont de beaux exemples pour elle. À cela, Sara ajoute que « les filles (la) motivent ». Elle n’a pas d’athlètes qu’elle idolâtre, mais elle aime suivre la carrière des autres tout en s’en inspirant pour se dépasser.
Lorsqu’on demande au trio qui est le plus stressé lors d’une compétition de Sara, cette dernière nous informe d’emblée que ce n’est pas elle. « Je ne suis pas du tout stressée. »
Les deux hommes ricanent en connaissance de cause, mais admettent qu’ils éprouvent tout de même un certain niveau de stress, peut-être pas pendant une course, mais une appréhension face aux événements s’il les juge peut-être « trop faciles ».
« Je préfère qu’elle apprenne dans l’adversité et qu’elle travaille fort, c’est plus formateur. Quand c’est trop facile pour les jeunes athlètes, souvent, ils entrent au niveau de compétition adulte en étant trop confiants et c’est lorsqu’ils réalisent qu’ils se sont surestimés qu’ils se découragent. Sara ne dit pas avoir été affectée par le changement du modèle de course. Elle aurait toutefois préféré qu’il y ait plus de courses au programme. »
« J’avais peur que cet été, ce soit trop facile pour Sara car je la voyais être très forte et se mesurer aux filles plus vieilles, et le modèle des courses a été modifié. C’était des courses contre la montre plutôt que synchronisées avec les autres. » Pour Sara, le seul hic est qu’il y avait moins de courses. Elle aurait aimé en faire plus.
La fierté de son coach
Sara affirme que de garder l’esprit sportif n’a jamais été difficile pour elle. Son coach le confirme : « Elle est toujours concentrée sur ce qu’elle fait. À son âge, avoir une telle éthique de travail est exceptionnel. C’est surprenant ! Et cela fait seulement un peu plus d’un an que je suis son entraîneur. C’est comme un petit cadeau qui arrive dans la vie d’un coach ! »
Quand on lui demande pourquoi il se fait appeler « Frigo » , Jean-Frédéric sourit de connivence avec sa protégée, et répond qu’il gardera l’histoire à l’origine du sobriquet pour lui.