Face à face avec Charles Hamelin

Bien avant sa visite sur le plateau de Tout le monde en parle, dimanche, Charles Hamelin s’est assis avec Les Versants pour parler carrière olympique et Jeux de Pékin. Rencontre.

La première fois que le journal s’est entretenu avec Charles Hamelin, l’entrevue s’était déroulée à l’aréna de Sainte-Julie en 2006. Il revenait des Jeux olympiques de Turin, une médaille d’argent au cou, acquise au relais masculin.

Mardi dernier, à peine quelques heures après les retrouvailles avec sa fiancée, sa petite fille et les membres de sa famille, Charles Hamelin acceptait de s’asseoir avec nous pour une généreuse entrevue à l’aréna de Sainte-Julie. Avec l’or au cou, obtenue au relais masculin. La boucle était bouclée.

« Il ne faut jamais oublier d’où l’on vient, répond le patineur de vitesse quand on lui demande pourquoi il a accepté cette rencontre moins de 24 heures après son arrivée au pays. Je conserve de bons souvenirs de Sainte-Julie. J’y ai patiné pendant une dizaine d’années. J’ai vécu ici 20 ans. C’est toujours plaisant de revenir. Je suis fier d’être Julievillois. »

Pour l’amour du patin

Entre 2006 et 2022, Charles Hamelin a accumulé les médailles olympiques. Six en tout, dont quatre en or, en cinq présences olympiques. Un record. Avec sa plus récente médaille, il devient l’athlète olympique canadien le plus couronné des Jeux d’hiver, à égalité avec la patineuse de vitesse longue piste Cindy Klassen. Avec sa plus récente récompense, la locomotive de Sainte-Julie devient aussi l’athlète masculin canadien le plus décoré des Jeux olympiques d’hiver. « Je n’ai jamais patiné pour la gloire, dira-t-il lors de ce face-à-face. Ni pour réécrire les livres d’histoire des Jeux olympiques. Je patine pour l’amour du sport, c’est l’essentiel. Les médailles, les résultats, le succès, c’est la cerise sur le gâteau. Parce que même sans les médailles, j’aurais pris part à autant de Jeux olympiques. L’expérience demeure exceptionnelle. »

« Je patine pour l’amour du sport, c’est l’essentiel. » – Charles Hamelin

Puis, entre 2006 et 2022, une nouvelle patinoire, une troisième à l’aréna de Sainte-Julie, a été construite. Celle-ci n’existait pas lors de cette première rencontre avec lui. Inaugurée en octobre 2016, la troisième glace porte le nom patinoire Hamelin, en l’honneur des patineurs Charles, son frère François et leur père, Yves, qui s’est toujours impliqué dans le développement du patinage de vitesse.

C’est d’ailleurs dans les gradins de la patinoire Hamelin que l’entretien s’est tenu. Plus bas sur la surface glacée, des patineurs artistiques répétaient leurs chorégraphies. « C’est irréel. La Ville a ajouté une glace à mon nom, au nom de ma famille. Il y a des jeunes qui s’entraînent au patinage de vitesse et au patinage artistique sur la glace Hamelin. C’est quelque chose! Encore une fois, je n’ai jamais fait ça pour ces honneurs. C’est juste irréel. »

Les derniers Jeux

À Pékin, dans le cadre de sa dernière participation à des Jeux olympiques, le Julievillois a sauté sur la glace pour les épreuves du 1500 m et du relais masculin 5000 m. La première course ne s’est pas déroulée comme il l’aurait souhaité, puisqu’il a été disqualifié pour un contact pendant un changement de couloir en demi-finale. « Je suis passé par là bien souvent dans ma vie. C’est l’une des fois où ça s’est le mieux passé. Ç’a été mon erreur dans cette course. Mais je savais que j’avais une autre chance de médaille avec les gars au relais, et je savais qu’elle était plus que bonne. L’ambiance que l’on avait en tant qu’équipe, avec les gars, était tellement bonne que je n’avais même pas le goût d’être déçu! Je suis vite passé à autre chose », explique-t-il.

Même s’il s’agissait de sa dernière course individuelle à des Jeux olympiques, ce résultat ne le tracassait pas davantage. Médaille ou pas au 1500 m, cela n’aurait rien changé au fait qu’il souhaitait monter sur le podium à la suite du relais.

D’ailleurs, il ne qualifie pas plus importante ou moins importante une médaille individuelle d’une distinction au relais. « Mais une médaille au relais, ça prouve que le programme de courte piste au Canada est le meilleur au monde », souligne-t-il

Finale en or

Par contre, finir sa carrière olympique avec une médaille d’or, terminer sur la plus haute marche du podium vient en quelque sorte guérir bien des écueils vécus au cours des dernières années. « C’est certain que ça fait en sorte de mettre un baume sur pas mal de choses qui se sont déroulées dans ma carrière. Malgré que ça n’effacera pas tout ce que j’ai fait. Les gens se souviendront de moi en tant que six fois médaillé aux Jeux olympiques, mais, personnellement, je reste quand même Charles Hamelin, qui a eu une carrière de 20 ans avec des défaites et des victoires », ajoute celui qui se considère comme un gars d’équipe, un gars familial.

C’est peut-être pour cette raison que l’or du relais masculin décroché à Pékin et l’or du relais masculin gagné à Vancouver, devant les siens, sont les deux médailles les plus importantes à ses yeux. « Elles ont toutes quelque chose d’exceptionnel à mon cœur. Mais ces deux médailles, en particulier celle partagée sur le podium avec mon frère en 2010, ç’a été la chose la plus glorifiante pour la famille », note l’athlète, qui souhaiterait revoir les Jeux olympiques au Canada.

À PyeongChang, en 2018, il confie qu’il n’allait pas bien, ni mentalement, ni dans sa peau. Sa vie personnelle était chamboulée. « La roue a débarqué dans un aspect de ma vie. Si toute ta vie est reliée au patin, il n’y a aucune échappatoire », rappelle-t-il en faisant référence à sa relation avec la patineuse Marianne St-Gelais.

Ce qui a paru dans ses performances. Il n’hésite pas à dire que c’est le pire moment de sa carrière sportive. PyeongChang devait être ses derniers Jeux. Mais 2020 a changé ses plans. Et une certaine petite Violette. « Ma fille, c’est la clé de mon succès depuis sa naissance. Elle me permet de penser à autre chose que le patin quand je suis à la maison. Je voulais que ma fille me voit patiner. Aujourd’hui, je suis content de m’avoir écouté pour Pékin et d’en avoir fait un objectif. Je n’ai aucun regret. »

QUESTION AUX LECTEURS :

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