Un vin de messe naturel
L’Unité pastorale des paroisses Saint-Basile / Saint-Bruno utilise depuis décembre dernier un vin de messe local et naturel. C’est l’une des démarches que l’Église s’est engagée à réaliser afin de devenir verte.
Selon la coordonnatrice des activités paroissiales de l’Unité pastorale Saint-Basile / Saint-Bruno, Caroline Rodrigue, « il serait temps que les églises se tournent vers des producteurs de chez nous ».
La paroisse de Saint-Bruno utilise, depuis près de six mois, un nouveau vin de messe, naturel et local, acquis au Domaine du fleuve, un vignoble de Varennes. La paroisse de Saint-Basile possède encore quelques bouteilles de Cribari, le vin précédent utilisé lors des messes; celui-ci est importé de Californie. Dès qu’il sera épuisé, l’église de Saint-Basile servira aussi le vin naturel provenant de Varennes.
« Il serait temps que les églises se tournent vers des producteurs de chez nous. » – Caroline Rodrigue
« Il y a environ deux ans, notre comité église verte se questionnait sur la pertinence de faire l’achat d’un vin étranger. Des démarches ont été entreprises au début, puis nous avons regardé vers les vignobles de la Montérégie », mentionne au journal Les Versants Caroline Rodrigue.
Dans les critères recherchés, il fallait un vin naturel qui n’avait pas été altéré ni modifié. Un vin provenant d’un vignoble à proximité. « C’est complètement ridicule que l’on s’approvisionne si loin à l’étranger. Dans le cas du précédent, c’était un vin de Californie. Cette fois, nous avons un vin conçu par un petit producteur, un vignoble de la région, un artisan d’ici! », déclare, ravie, Caroline Rodrigue.
Selon le Code de droit canonique, le vin doit être « du vin naturel de raisins et non corrompu » ni fortifié. « Nous avons très peu, voire pas de producteur assermenté présentement dans la région. Il y en avait un en Estrie, mais on me dit qu’il ne fournit plus en vin de messe, car il aurait changé sa production. Le vin du vignoble du Domaine du fleuve a passé toutes les étapes auprès de notre diocèse. Ce nouveau vin n’est pas certifié bio, mais il en a les caractéristiques. Dans les prochains mois, nous souhaitons concevoir nos étiquettes et offrir ce vin à l’ensemble des paroisses », explique Caroline Rodrigue.
Le nom actuel du vin provenant de Varennes, le Préliminaire, chatouille un peu les membres de l’Église, d’où le changement d’étiquette à venir. Il s’agit d’un vin plus fruité, avec « des notes chaleureuses de pommes mûres, de litchi, de fleurs blanches et de miel », qui se boit en apéro, avant le repas.
Il n’y aurait pas de règles précises pour qu’un vin soit qualifié de vin de messe, ni pour le degré d’alcool, ni pour la couleur. Il doit provenir de raisins fermentés sans ajout de sucre et sans ajout de substances aromatiques, d’alcool ou de conservateurs, qui ne seraient pas autorisés par la loi.
Déjà quelques actions
L’Unité pastorale Saint-Basile / Saint-Bruno a déjà démontré son virage écologique, amorcé en 2019. Le compost a été instauré à l’automne 2019, des jardins libre-service ont été aménagés sur le terrain devant l’église de Saint-Bruno, des éclairages à économie d’énergie ont aussi été installés. L’achat local est privilégié et la vaisselle n’est plus jetable, mais lavable.
« Nous avons beaucoup de jeunes dans notre comité. Ils sont préoccupés par les enjeux environnementaux, rappelle Caroline Rodrigue. Notre comité église verte a réalisé quelques activités de sensibilisation. Par exemple, des capsules vertes publiées dans le journal paroissial et un défilé de mode avec des vêtements recyclés présenté dans l’église. Beaucoup de paroissiens ont répondu à l’appel; nous avons rempli l’église! C’est une façon différente de sensibiliser les gens. »
Les prochaines étapes vertes
« Nous voulons aller plus loin encore dans notre démarche pour devenir une église verte », avance Caroline Rodrigue.
Cette semaine, un support à vélos doit être installé afin d’éliminer le transport en voiture jusqu’à l’église. « À Saint-Bruno, nous avons une église en plein cœur du centre-ville. Il n’y a pas de raison pour que les paroissiens prennent leur voiture. Nous voulons favoriser la mobilité active », ajoute Caroline Rodrigue.
L’acquisition d’une borne de recharge électrique est aussi considérée. La coordonnatrice des activités paroissiales a aussi évoqué l’efficacité énergétique.
Scandale du vin de messe
Rappelons que le 9 avril dernier, des milliers de bouteilles de vin de messe ont été saisies par divers corps policiers du Québec. Selon La Presse, les saisies ont eu lieu chez Bertrand, Foucher, Bélanger Inc. à Montréal, à la Procure ecclésiastique à Québec, et chez Chandelles Tradition MB inc. à Saint-Constant. Ces boutiques vendraient du vin de messe « sans avoir de permis de la Société des alcools du Québec ou de la Régie des alcools, des courses et des jeux ». Au total, ce sont plus de 8000 bouteilles qui auraient été saisies. Une initiative policière qui force les églises à se tourner ailleurs et à se renouveler. Mais une saisie qui n’aura pas affecté l’Unité pastorale des paroisses Saint-Basile / Saint-Bruno, puisque déjà, des démarches avaient été entreprises pour dénicher un vin local.
Du côté du Service de police de l’agglomération de Longueuil, l’agente Mélanie Mercille répond que « le SPAL n’a saisi aucune bouteille de vin de messe en 2021 sur le territoire de l’agglomération de Longueuil ». Une réponse semblable nous a été fournie de la part de la Régie intermunicipale de police Richelieu – Saint-Laurent : « Nous n’avons aucun événement en lien avec la saisie de vin de messe en avril ou à tout autre moment [sur notre territoire] », confirme le sergent Jean-Luc Tremblay.