Montérégie: les besoins en matière d’itinérance sont grands

Les besoins pour aider les personnes en situation d’itinérance sont grands partout au Québec, mais ici aussi, à Saint-Bruno ou à Saint-Basile, où œuvre l’organisme Mille et une rues.

En entrevue avec le journal, Mohamed Haouche, directeur de l’organisme Mille et une rues, explique que l’itinérance, en plus du visage des clichés, en porte d’autres.

Le travailleur de rue mentionne qu’à Saint-Hilaire comme à Saint-Bruno, il y a des personnes en situation d’itinérance, même si elles ne sont pas visibles de la rue, et que plusieurs personnes âgées sont sans domicile. « Vivre dans la pauvreté dans un milieu de riches, c’est très compliqué. Ça fait plus mal qu’un pauvre qui vit dans un milieu de pauvres. »

L’organisme, qui couvre aussi Saint-Hilaire, Beloeil, Otterburn Park et McMasterville, travaille avec tous les autres organismes de la région et les villes pour répondre aux besoins. « Dans le territoire que l’on couvre, il n’y a pas de ressources en hébergement. Les plus proches sont à Saint-Hyacinthe, à Longueuil, à Granby ou à Montréal. »

Un défi de taille, auquel les sept travailleurs de rue doivent faire face dans leur approche. L’été, les interventions sont moins compliquées. Plusieurs décident de dormir dans leur voiture, dans une tente ou dehors. « L’hiver, c’est plus compliqué. On est au Québec, les gens peuvent difficilement rester dehors et les ressources ne peuvent pas accueillir tout le monde », explique-t-il.

Nouvel investissement

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a annoncé un nouvel investissement visant à accroître les services offerts aux personnes en situation d’itinérance dans plusieurs régions du Québec. Le montant alloué pour la Montérégie est de 1 670 196$. C’est la région qui reçoit la plus grande somme de l’investissement total de 7 621 539 $.

« La hausse du phénomène de l’itinérance, conséquence directe d’une crise simultanée du logement, des opioïdes et du coût de la vie, en a fait un phénomène qui ne se limite plus à Montréal, mais que l’on vit malheureusement dans toutes les régions du Québec. Il est de notre responsabilité de travailler tous ensemble afin de développer plus de services dans ces régions où il s’agit d’un phénomène assez récent », a mentionné le ministre Lionel Carmant.

Aider les urgences

Selon Johanne Nasstrom, directrice de la Table régionale des organismes communautaires et bénévoles de la Montérégie (TROC Montérégie), les besoins sont plus grands et ne relèvent pas seulement du ministère de M. Carmant. « Avec l’information que nous avons jusqu’à présent, la somme allouée viendra aider sur le plan des urgences. Ça nous permettra d’assurer des places en refuge. »

Pour Mme Nasstrom, le nerf de la guerre se trouve au chapitre de l’accès des logements abordables. « Ça prendrait un investissement massif en logement social. Nous sommes, au Québec, devant une crise prévisible mais sans précédent. »

L’investissement vise à accompagner les personnes en situation de vulnérabilité, de l’hébergement d’urgence jusqu’au logement autonome, les aidant à sortir de la rue et, ultimement, à retrouver stabilité et autonomie. Toutefois, le problème réside, selon Mme Nasstrom et M. Haouche dans l’accessibilité aux logements.

Manque de logements

La pandémie a laissé sa trace dans le quotidien des travailleurs de rues. Avant, l’organisme Mille et une rues pouvait placer temporairement des gens et travailler sur la recherche d’un logement pour que la personne revienne sur place. « On travaillait sur la recherche de logements, avant la pandémie. Maintenant, il n’y a plus de logements disponibles. Quand tu vois quelque chose d’affiché, le prix est exagéré, les gens n’ont pas les moyens de payer ces sommes-là », ajoute M. Haouche.