Le collectif A-Bombance, solidaire et contre le gaspillage alimentaire à Saint-Bruno
Un marché solidaire fait le tour de Saint-Bruno-de-Montarville pour soulager les frais d’épicerie des Montarvillois tout en évitant le gaspillage alimentaire.
Pour Ramon Vitesse (nom qu’il s’est donné depuis de nombreuses années), à l’initiative du projet en lien avec l’organisme Saint-Bruno en transition, « même si les plus démunis sont visés dans cette initiative, les produits sont offerts à tous ».
Les bénévoles du collectif A-Bombance collective (ABC nourrir) Saint-Bruno redistribuent gratuitement les surplus amassés à ceux qui le nécessitent d’abord, puis aux autres. Le nom de Bombance a été choisi dans sa signification de faire festin, de festoyer.
« Il est question de rebâtir des liens et des solidarités, de découvrir d’autres aliments et de se réapproprier son autonomie nourricière », de préciser l’organisme.
« Il est question de rebâtir des liens et des solidarités, de découvrir d’autres aliments et de se réapproprier son autonomie nourricière. » – A-Bombance
Points de chute
La semaine dernière, le journal est allé à l’une des haltes proposées deux fois par semaine, les lundis et mercredis, au point de chute de la place Costain. Le parcours habituel de la voiture familiale transformée en camion d’épicerie est toujours le même depuis le 23 mai 2020 : Seigneurial, Costain, Coopérative d’habitation et parfois Huet. « Nous ciblons des endroits où il y a du logement locatif, mais tout le monde peut venir remplir son sac d’épicerie », insiste Ramon Vitesse. Ce sont entre 35 et 50 personnes qui sont ravitaillées ainsi chaque semaine.
Le poids d’aliments récupérés pour les premiers mois de distribution (de mi-mai 2020 à mi-novembre 2021) a quelque chose de vertigineux : « 4,4 tonnes », d’indiquer ABCNourrir.
Sur le lieu de distribution, une bâche est étalée au sol pour y disposer les cartons de nourriture de la journée, fournie ce jour-là par Avril, Provigo, Le Pain dans les voiles, et « il pourrait y avoir bientôt IGA ».
Rapidement, les premiers habitués arrivent avec leurs sacs d’épicerie. « Aujourd’hui, on a quatre caisses de céleri, si vous en prenez, c’est trois au minimum », lance avec enthousiasme Ramon Vitesse. Deux enfants, qui s’amusaient en pleine semaine de relâche sur une montagne de neige, vont dans la foulée chercher le sac d’épicerie que leur donne leur mère. « Maman, est-ce que je prends des patates? » crie l’un d’entre eux a sa mère de l’autre côté de la rue. En même temps, une dame arrive avec son sac d’épicerie et demande, après avoir regardé dans tous les bacs : « Vous n’avez pas de chou-rave, aujourd’hui? »
« Je viens toutes les semaines. Cela me donne un sacré coup de main », se confiait une autre dame plus âgée.
Pendant qu’une dizaine de personnes venaient s’approvisionner, des bénévoles allaient frapper aux portes aux alentours pour alerter le voisinage de leur présence.
En quelques minutes, l’arrivée de l’auto d’A-Bombance a animé tout un quartier.
Lors de cette journée, pain, yaourt, légumes et bonne humeur figuraient au programme. « En agissant de la sorte, on joint les gens que les organismes plus traditionnels ne joignent pas. C’est une action sociale, mais aussi environnementale », indique Éloise Bourque, une bénévole.
Plus de services
Le 14 mars, le collectif vise à mettre en place un frigo libre-service et des bouffes populaires in situ pour favoriser les rencontres. « Un moyen de s’attaquer à l’isolement et à la pauvreté. Il existe déjà un frigo libre-service au Centre communautaire, depuis octobre 2021, et quand il nous reste de la nourriture après notre tournée, c’est là que nous la mettons », précise Ramon Vitesse.
Ce dernier espère pouvoir faire évoluer le projet dans une cuisine collective pour transformer de grosses quantités d’aliments reçus. « L’impossibilité d’avoir accès à la cuisine du Centre communautaire pour cause de pandémie nous a obligés à plutôt transformer individuellement en rotation – sauces, compotes, jus, cubes de citrons congelés, pain perdu, etc. »
Caisse populaire
L’initiative a été mise de l’avant par les membres de la Caisse populaire Desjardins de Saint-Bruno, qui lui permet d’avoir été sélectionnée afin de recevoir un financement. Cette année, l’organisme espère pouvoir encore compter sur le soutien de la Caisse.
De la même manière, A-Bombance lance un appel à tous les commerces qui voudraient participer à cette action pour recevoir encore plus de surplus à distribuer. Des surplus qui finissent généralement à la poubelle.
Le Centre d’action bénévole (CAB) Les p’tits bonheurs, à Saint-Bruno-de-Montarville, un organisme communautaire qui fournit des denrées pour du dépannage seulement à A-Bombance, estime qu’« il y aurait 1800 familles à faible revenu à Saint-Bruno-de-Montarville. Les gens dans le besoin se retrouvent surtout dans le centre-ville (dans le secteur du CAB/église), mais aussi dans les quartiers excentrés, notamment le quartier des femmes. Les personnes âgées n’ont pas nécessairement le pouvoir de se déplacer facilement ».
Rappelons que le CAB dépanne en moyenne 25 ménages par semaine en nourriture.