Découverte fortuite et inespérée
Paroisse Saint-Basile-le-Grand
Les fondations de la chapelle de pierre qui a précédé l’actuelle église, à Saint-Basile-le-Grand, viennent d’être déterrées. La découverte a eu lieu le 29 août dernier.
Des travailleurs mandatés par Gaz Métro s’affairaient à creuser une tranchée en vue d’approvisionner en gaz le presbytère et l’église de la paroisse Saint-Basile-le-Grand lorsque l’un d’eux s’étonna de rencontrer du roc à une faible profondeur. Le creusage s’est poursuivi, longeant ce qui semblait être un mur de pierre. Un marguillier, soupçonnant l’intérêt historique de la découverte, partagea l’information avec les autres responsables de la paroisse sur place. Un coup de fil au président de la Société d’histoire de Saint-Basile-le-Grand, Richard Pelletier, et ce dernier s’amena aussitôt.
« Cet emplacement a vu naître une paroisse. Maintenant que nous en avons identifié des traces concrètes, nous avons un devoir de mémoire… » -Gilles Drapeau
Les vestiges de la chapelle de pierre
M. Pelletier confirme donc ce que soupçonnaient les responsables de la paroisse : « Il s’agit bel et bien des fondations de la chapelle de pierre qui a précédé l’actuelle église. Aucun doute n’est possible », selon lui. Les murs de fondations mis à jour sont en relativement bon état et deux angles du bâtiment ont été dégagés. « Cette découverte est importante, ajoute M. Pelletier, puisqu’elle permet de situer avec précision l’emplacement de cette chapelle. Nous savions qu’elle était près d’ici et nous la trouvons quelque peu décalée par rapport à nos estimations. »
Préserver cette mémoire
Les récents travaux d’excavation ont permis de mieux comprendre l’emplacement de l’ancienne chapelle. La tranchée devait être rapidement remblayée, notamment pour des raisons de sécurité. M. Pelletier mentionne une autre bonne nouvelle dans tout ça : « L’excavation a longé un mur des fondations sans l’abîmer. Ces fondations sont à nouveau enfouies, mais nous savons où elles se trouvent et qu’elles sont intactes. Seule une très courte partie du mur a été détruite en entamant les travaux. »
Josée LaForest, de la paroisse, a suivi toute l’opération avec intérêt. « Quelques pierres ont été extraites, certaines de taille respectable. Nous avons demandé qu’elles soient mises de côté. Nous voulons souligner la très grande collaboration des personnes qui ont effectué les travaux », explique Mme LaForest.
Le président de l’assemblée de fabrique, Gilles Drapeau, souligne que la paroisse réfléchit à la meilleure façon d’identifier le lieu, utilisant du même coup les pierres extraites : « Cet emplacement a vu naître une paroisse. Maintenant que nous en avons identifié des traces concrètes, nous avons un devoir de mémoire… »
Plus de 200 ans d’histoire
Cette maison de pierre a été construite vers 1808 par Joseph Désautels. En 1819, la terre et ses bâtiments sont vendus à François-Xavier Fontaine, dit Bienvenu. Ils demeureront entre les mains de cette famille jusqu’à la création de la paroisse. Divers contrats notariés indiquent que la maison est en pierre, d’un seul étage, et qu’elle mesure 40 pieds sur 36 (env. 12 x 11 m).
La paroisse Saint-Basile-le-Grand a été créée en 1870, couvrant un territoire détaché de Chambly et de Saint-Bruno-de-Montarville. Basile Daigneault, qui a exercé un leadership dans la requête demandant cette création, a promis de faire don des terrains pour la construction d’une église et de ses dépendances (presbytère, cimetière…). Cette même année 1870, Basile Daigneault procède à l’achat de quelques portions de terres (31,6 arpents carrés) au cœur du futur village, sans doute afin d’honorer sa promesse et profiter de bons emplacements. Il paie 12 800 francs pour le tout (monnaie de l’époque). La municipalité de paroisse est créée en juin 1871 et Basile Daigneault est élu maire par acclamation. Vient ensuite le moment d’officialiser le don de terrain (8 arpents carrés). M. Daigneault annonce qu’il donne les terrains, mais exige 10 000 francs pour la vieille maison de pierre qui s’y trouve… sinon il n’y aura pas de terrain. De nombreux paroissiens s’offusquent, on doit passer au vote et on se résigne à verser le prix demandé. Quelques mois plus tard, Basile Daigneault n’est plus maire, remplacé par Nazaire Préfontaine, l’un des opposants à la transaction.
Richard Pelletier rappelle que diverses raisons font qu’on ne peut procéder à la construction d’une église avant 1876. Entre-temps, la maison de pierre servira de chapelle. Dès les débuts, on y érige un chemin de croix. Soulignant la fête du saint patron de la paroisse, on y installe une cloche baptisée « Basile ».
Trop vétuste pour un presbytère
La chapelle se libère de ses fonctions avec la construction de l’église, en 1876. On la destinait à devenir un presbytère. Les paroissiens indiquent à l’évêque qu’elle est dans un état de vétusté très prononcé et doit être abandonnée. Les syndics de la paroisse reconnaissent ne pas avoir les moyens de la réparer convenablement. Un petit presbytère de bois est plutôt construit devant l’église, de l’autre côté du chemin (bâtiment démoli en 2006).
Mais qu’advient-il de la chapelle? Il semble qu’elle demeure tout simplement abandonnée. Des architectes l’examinent en 1883 et la vieille maison est démolie cette même année. Un nouveau et grand presbytère de bois est construit en 1884, derrière ce qui fut la chapelle. Ce presbytère est détruit par un incendie en 1948, et remplacé au même endroit par l’actuel bâtiment en brique.
L’histoire plus détaillée de cette maison-chapelle est racontée dans le livre Saint-Basile-le-Grand, son cœur de village, disponible à la bibliothèque Roland-LeBlanc. (FR)
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