La santé mentale à son plus mal
Comme partout au Québec, les services d’aide psychologique de la région peinent à répondre à la demande, qui elle est en forte croissance.
La pandémie a plongé plusieurs Québécois dans un état de détresse psychologique, tout en les privant de nombreuses ressources bénéfiques pour leur santé mentale. Devant l’incapacité d’obtenir des rendez-vous avec un psychologue, plusieurs personnes de la région, dont certaines œuvrent elles-mêmes en santé, se tournent vers les médias sociaux et leurs contacts personnels pour solliciter de l’aide afin de mieux gérer leur stress, leur dépression ou leur burn-out.
Un isolement à plusieurs niveaux
La réduction des activités sociales a contribué à nourrir l’état dépressif de plusieurs personnes de tous âges, forcées de broyer du noir entre leurs quatre murs. C’est le cas des personnes âgées vivant seules, mais aussi de plusieurs étudiants faisant leurs études à distance. Trois étudiants universitaires montarvillois, suivant des études dans différents programmes de l’UQAM, se sont confiés au journal sur l’augmentation de leur propre niveau d’anxiété, ainsi que sur le stress généralisé des étudiants. Ils admettent à l’unanimité que bien qu’ils n’aient jamais eu de difficulté à l’école, ils éprouvent aujourd’hui des difficultés académiques et psychologiques occasionnées par le fait de passer leurs journées derrière l’écran à tenter de réussir leurs cours de la session.
En plus de limiter les contacts physiques et sociaux qui sortent du cadre scolaire ou professionnel, la population n’a plus le même accès aux psychologues. « Actuellement, les cliniques privées en Montérégie et ailleurs ont peu ou n’ont pas de place en psychologie des enfants, adolescents et adultes. Du jamais vu pour la majorité d’entre nous », affirme Isabelle Cyr, psychoéducatrice et fondatrice associée d’une clinique multidisciplinaire familiale privée offrant entre autres des services en psychologie et en psychoéducation.
(…) les cliniques privées en Montérégie et ailleurs ont peu ou n’ont pas de place en psychologie (…) Du jamais vu pour la majorité d’entre nous. » – Isabelle Cyr
Un système défaillant
En conférence de presse du 5 novembre, le premier ministre Legault ainsi que le Dr Horacio Arruda ont reconnu que la santé mentale des Québécois n’a été que plus fragilisée par les mesures de confinement imposées, alors que le système de santé en matière d’aide psychologique se veut défaillant depuis la désinstitutionnalisation des services en ce sens. « Je comprends qu’il y ait des personnes qui développent toutes sortes de problèmes de santé mentale car elles ne peuvent plus en fréquenter d’autres », a entamé M Legault, avant de rappeler que toutes les personnes vivant seules avaient le droit de recevoir la visite d’une connaissance pour briser leur isolement. « Il y a probablement des gens qui vivent plus de stress, qui sont plus inquiets de ce qui se passe, avec le changement dans leur vie, tant pour les plus âgés que pour les jeunes. Il y a des indicateurs qui montrent, l’augmentation de la consommation d’alcool et de drogues, et un niveau plus grand d’anxiété », concède M Arruda.
Le gouvernement Legault a adressé la hausse des problèmes de cette nature, et le manque de services disponibles à la suite des graves événements survenus à Québec.
Dans la foulée de la tuerie du 31 octobre dernier, dont l’instabilité psychologique de l’auteur est mise en cause, le gouvernement a annoncé un investissement de 100M$ en santé mentale, qui a bien été accueilli par les intervenants œuvrant dans ces services, mais qui devra être suivi de multiples efforts supplémentaires pour mieux encadrer la maladie mentale.