Victime du crash en Iran: Il adorait son nouveau boulot, selon son frère
Le travailleur de Saint-Bruno qui a perdu la vie dans un écrasement d’avion en Iran adorait son nouvel emploi, qui lui permettait notamment d’aller skier après le boulot.
Arvin Morattab, 36 ans, était ingénieur pour l’entreprise Eaton, une firme spécialisée en produits électriques basée à Saint-Bruno. Il a péri dans l’écrasement d’avion qui a coûté la vie à 176 personnes, dont 57 Canadiens, survenu à Téhéran, en Iran, le 8 janvier dernier.
Au lendemain de l’écrasement, son frère jumeau Armin a confié aux Versants qu’Arvin adorait son emploi à Saint-Bruno, qu’il occupait depuis environ cinq mois. Signe qu’il s’y sentait chez lui, il avait même adopté la montagne, où il s’était rendu quelques fois pour dévaler les pistes. « Il avait récemment acheté un abonnement de saison pour faire du ski à Saint-Bruno. Les jours où il voulait skier, il y allait après le travail, avant de revenir à la maison. Il m’avait dit que c’était un bon endroit pour skier », a raconté Armin, la voix enrouée par l’émotion.
« On a partagé les grands moments de notre vie ensemble. Ce n’est pas acceptable [qu’un tel drame se soit produit]. » – Armin Morattab
Même si cela impliquait de devoir faire l’aller-retour chaque jour entre Saint-Bruno et le quartier Griffintown, à Montréal, où il était domicilié, Arvin était très heureux dans ses nouvelles fonctions, assure son frère : « Son emploi précédent était plus près de la maison, mais il aimait beaucoup son nouvel employeur, et aussi la chance qu’il avait d’aller skier quand il le voulait. »
« C’était un professionnel. Il avait beaucoup d’expérience [dans son champ d’expertise]. Il adorait son boulot. Il avait beaucoup d’idées pour développer et améliorer de nouveaux procédés », a ajouté l’Iranien d’origine.
Dans les locaux d’Eaton de la rue Roberval, où le journal Les Versants s’est rendu, personne n’a voulu publiquement commenter la nouvelle. Un employé qui n’a pas souhaité s’identifier a cependant indiqué que tout un chacun était « bouleversé » et « sous le choc », quelque 24 heures après la tragédie.
Une vie remplie d’amour
Sur le plan personnel, Armin se souvient de son frère comme d’un être aimable, curieux et travaillant. « Il aimait beaucoup sa femme Aida. Sa vie avec elle était remplie d’amour. » Aida Farzaneh a également péri dans l’écrasement.
Les deux hommes étaient par ailleurs très près l’un de l’autre, ainsi que de leur plus jeune frère, Arash, 29 ans. Rares étaient les journées où ils n’échangeaient pas au moins quelques mots. Les jumeaux s’étaient parlé d’ailleurs une heure avant qu’Arvin ne prenne l’avion. « On savait que la situation était problématique entre l’Iran et les États-Unis, alors on a communiqué avec eux (Arvin et son épouse). On leur a demandé de trouver un endroit sécurisé, car on considérait possible qu’il y ait une attaque contre l’aéroport. Il m’a répondu qu’à l’aéroport, tout était calme et qu’il n’y avait pas de problème », s’est remémoré le Québécois d’adoption.
Quelques dizaines de minutes plus tard, Armin Morattab et son épouse Aida Farzaneh trouvaient la mort dans l’écrasement du Boeing 737 qui devait assurer la liaison entre Téhéran, en Iran, et Kiev, en Ukraine.
« On a partagé les grands moments de notre vie ensemble. Ce n’est pas acceptable [qu’un tel drame se soit produit]. »
En Iran pour les vacances
Environ deux ans après leur dernière présence en Iran, Arvin et sa femme étaient de passage dans leur pays d’origine pour visiter de la famille et des amis. Un voyage qu’ils planifiaient depuis plusieurs mois déjà.
Les deux amoureux vivaient au Québec depuis septembre 2011. Ils avaient choisi l’École de technologie supérieure de Montréal pour terminer leurs études doctorales. La direction de l’établissement universitaire a d’ailleurs indiqué, par communiqué, « avoir appris avec consternation et une très grande tristesse le décès des deux doctorants ».
Quant aux causes de l’accident, l’Iran a admis avoir abbatu par erreur l’avion, croyant qu’il s’agissait d’une cible ennemie. Une équipe du Bureau de la sécurité des transports du Canada doit se rendre sur le lieu du drame pour tenter de faire la lumière sur les circonstances exactes de l’écrasement.
Mieux comprendre
« Pour les membres de la famille et les amis, il y a plusieurs questions qui restent sans réponses à l’heure actuelle. Par exemple, pourquoi l’avion a-t-il décollé avec une heure de retard? Pourquoi ont-ils laissé l’avion décoller dans un contexte de possible conflit? », a expliqué Armin.
Question aux lecteurs : Avez-vous été ébranlés par l’écrasement d’avion en Iran?