Les villes qui entravent le travail des journalistes briment leurs citoyens
Saint-Lambert, 20 janvier. « … enlève ça de là… ». Le ton est intransigeant. Le nouveau maire ordonne à un journaliste qui veut enregistrer la séance du conseil de retirer son micro. Le même soir, à Candiac, le maire interdit à un journaliste de prendre des photos du conseil municipal. Plus tôt dans la journée, à Québec cette fois, le maire ferme la porte de son bureau au nez des journalistes arrivés deux minutes trop tard parce qu’ils posaient des questions au chef de l’opposition.
Le 15 janvier, à Mont-Saint-Pierre en Gaspésie, la mairesse ordonne à un caméraman qui filme la séance du conseil de ranger sa caméra. À Saguenay, le maire traite les journalistes qui posent de bonnes questions de « pas bons » et leur reproche de jouer le rôle de l’opposition. Et que dire de ces maires qui menacent les journaux locaux trop curieux de cesser de publier des avis publics dans leurs pages?
À travers ces journalistes dont on entrave le travail, c’est notre droit d’être informés des affaires de nos villes qu’on nie. Avons-nous les moyens d’être tenus dans l’ignorance de ce que font nos élus avec notre argent? Voulons-nous continuer d’engraisser les voleurs de fonds publics? En avons-nous assez des « Monsieur 3% » et des voyages dans le sud payés par des entrepreneurs aux fonctionnaires de nos villes? Si nous répondons oui, nous devons, par tous les moyens, aider les journalistes à faire leur travail. Parce que sans les journalistes, la Commission Charbonneau n’existerait pas et la Commission Gomery, avant elle, n’aurait jamais eu lieu.
J’ai la profonde conviction que de très nombreux maires et conseillers des villes du Québec ont comme valeur première de servir leurs concitoyens. Pensons à la mairesse de Lac-Mégantic. Mais, dans beaucoup d’autres villes du Québec, des élus n’ont rien compris au caractère démocratique de leur fonction et se comportent comme les patrons d’une entreprise privée. Selon certains maires, les journalistes n’ont pas à se mêler de leurs affaires. La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) lance aujourd’hui un appel pressant aux mairesses et maires du Québec, à la première ministre Pauline Marois, au ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, au chef de l’opposition Philippe Couillard, au chef de la seconde opposition François Legault, et à la porte-parole de Québec Solidaire, Françoise David.
Au nom de tout ce que nous considérons collectivement comme sacré, prenez tous les moyens, y compris législatifs, pour permettre aux journalistes du Québec de jouer leur rôle : celui de sentinelles de la démocratie.
Pierre Craig
Président de la FPJQ