Forêt des Hirondelles
Nous ne sommes pas étonnés de la réponse du maire Benjamin qui fait suite à notre lettre ouverte parue dans ce même journal la semaine dernière. Nous nous y attendions. Elle ne fait que confirmer cette fâcheuse habitude qu’a le maire Benjamin de prendre les Montarvillois pour des « valises ». Il est passé maître dans l’art du sophisme. Entre autres, il mentionne dans sa réponse qu’il respecte le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) en se référant aux 31 bois d’intérêt métropolitain identifiés dans une étude de 2003. Il oublie de dire qu’il s’agit d’un strict minimum et que les municipalités sont incitées à faire plus parce que « à l’échelle du Grand Montréal, la protection des bois et corridors forestiers et des milieux humides est l’une des conditions essentielles au maintien de la biodiversité de la région ». (Un Grand Montréal attractif, compétitif et durable, avril 2012, page 184)
Il oublie aussi de dire que la protection de la forêt des Hirondelles fait l’unanimité des groupes environnementaux. Nous en voulons pour exemple la déclaration faite la semaine dernière par Jean-Patrick Toussaint, chef des projets scientifiques à la Fondation David-Suzuki qui écrit, dans le communiqué transmis aux médias, le « cas du Boisé des Hirondelles est le parfait exemple de la cause de la perte de biodiversité au sud-ouest du Québec. Ce boisé fait partie d’un corridor forestier essentiel au maintien de la biodiversité du parc national du Mont-Saint-Bruno et donc du territoire des Montérégiennes. Ce type de fragmentation observé sur le territoire du Grand Montréal agit tel un cancer qui s’attaque lentement et sournoisement aux organes d’un corps, en l’occurrence ici nos milieux naturels. »
Il y a plus pernicieux encore, soit de trouver dans les erreurs du passé une justification à continuer dans la même voie. À l’évidence, le portrait de nos communautés serait bien différent aujourd’hui si nous pouvions les rebâtir à partir de nos connaissances actuelles sur l’importance de protéger et de mettre en valeur nos milieux naturels. Ce n’est évidemment pas possible, mais nous pouvons au moins éviter de perpétuer ces mêmes erreurs. Et c’est ici que le droit public prend toute son importance par rapport au droit privé. Ce n’est pas parce que vous êtes propriétaire d’un terrain que vous pouvez en disposer comme bon vous semble. Il y a plein de jugements rendus par les différentes cours de justice au cours des vingt dernières années qui le prouvent. Non, ce qui manque à Saint-Bruno, c’est une volonté politique et, surtout, une vision.
Vous vous targuez, monsieur Benjamin, d’avoir adopté, le 27 août dernier, un Plan de conservation des milieux naturels et de réduction de l’empreinte environnementale qui, selon vous, répond adéquatement aux requêtes de l’ensemble des intervenants qui ont bien voulu nous donner leur avis. Il faut être drôlement culotté pour affirmer une telle chose. Nulle part dans ce document n’est défini ce qu’est un milieu naturel. Comment peut-on alors vouloir conserver ce qui n’a même pas été circonscrit? Nulle part dans ce document ne sont clairement identifiés les milieux naturels à protéger. A contrario, à la page 11 de ce document il y a un long paragraphe sur la justification du projet domiciliaire de la Futaie dans la forêt des Hirondelles. Cherchez l’erreur! Et dans cette optique, que dire de la consultation publique du printemps 2011 qui a donné lieu au rapport Venne-Ouimet, rapport que vous vous êtes empressé de discréditer et de mettre sur une tablette parce qu’il émettait des recommandations. En voilà une belle affaire! Ce rapport n’avait pourtant rien de révolutionnaire. Il invitait simplement au dialogue et à l’écoute citoyenne. Vous avez plutôt choisi de procéder à l’inverse, c’est-à-dire derrière des portes closes. Vous avez même poussé l’ironie jusqu’à rendre public et adopter ce que vous qualifiez de plan de conservation en pleine période estivale, comme ce fut le cas pour le plan d’urbanisme. Il s’agit là d’une bien détestable habitude.
Au demeurant, le dossier de la forêt des Hirondelles est à l’image de ce qui se passe dans cette ville depuis votre élection en 2006 : peu d’écoute et des citoyens qui se retrouvent devant des faits accomplis. Comme vous aimez les échanges épistolaires, nul doute que nous aurons l’occasion de vous lire très bientôt… comme vous le dites vous-mêmes « pour la énième fois »!
Michèle Archambault et Martin Murray
Conseillère district 8 et chef du Parti montarvillois