Crématorium de la rue Parent: Les élus signent son arrêt de mort
Soupir de soulagement pour des centaines de Montarvillois : le conseil municipal a voté à l’unanimité le lundi 27 janvier contre le projet de crématorium de la rue Parent, exposant toutefois Saint-Bruno à d’éventuelles poursuites.
« Pour moi, c’est une victoire citoyenne, démocratique. Il y a une non-acceptabilité sociale », a résumé aux Versants le conseiller Joël Boucher, quelques minutes après que le conseil a enfoncé le dernier clou dans le cercueil du crématorium.
Le projet hautement controversé prévoyait l’implantation, près d’un quartier résidentiel, d’un complexe funéraire avec deux fours crématoires. Devant la grogne des citoyens, les élus auront finalement rejeté le Plan d’implantation et d’intégration architecturale, nécessaire à la construction du complexe de la Coopérative funéraire du Grand Montréal.
La centaine de citoyens sur place a applaudi à tout rompre les élus, qui ont tous voté contre le projet. À la clôture de la séance extraordinaire, les conseillers ont été accueillis par les résidants du quartier en véritables rockstars.
« Aujourd’hui, on vient de dire à la Coopérative qu’on prend un temps d’arrêt pour regarder d’autres options. Il y a d’autres avenues [qui permettraient] d’éviter un affrontement juridique », croit M. Boucher, qui est plus directement concerné, puisque le crématorium aurait été situé dans son district.
Les citoyens, mobilisés par centaines, étaient notamment inquiets de voir la circulation automobile être perturbée, la qualité de l’air, altérée, et la valeur de leur propriété, dépréciée. Lors d’une séance d’information tenue le 20 janvier, des experts engagés par la Ville avaient pourtant indiqué que l’arrivée d’un crématorium aurait peu ou pas d’impact sur ces trois aspects. Les citoyens ont cependant reproché aux études d’être incomplètes, voire inexactes.
« Je ne pouvais pas aller à l’encontre d’une volonté aussi manifeste, aussi importante », a dit M. Boucher, conscient toutefois que la Ville s’expose à d’éventuelles poursuites.
Prise de risque
« [Une poursuite], ça fait partie des possibilités, mais ce n’est pas la seule. Je l’espère. Ça fait partie des risques, et je l’assume. Lorsqu’on a de l’audace un peu, ça implique des risques. Si tu ne prends pas de risques, je ne suis pas sûr que tu représentes bien tes citoyens », a-t-il aussi expliqué.
Quels seraient les autres sites susceptibles de pouvoir accueillir un tel projet? M. Boucher a indiqué que la Ville n’a « pas encore sérieusement envisagé les options », mais qu’il y a « certainement moyen de s’arranger ».
Pour sa part, la Coopérative funéraire s’est montrée « déçue » de la décision prise par les élus, puisqu’il s’agit d’« un projet qui ne représente aucun risque pour la santé publique et l’environnement », juge-t-elle.
« Notre Coopérative a l’intention de prendre tous les moyens à sa disposition pour défendre ses droits et accomplir sa mission, soit celle d’offrir un service essentiel aux communautés dans le respect de la dignité humaine, ce qui inclut un site accueillant et facilement accessible», a soutenu Mathieu Houle, directeur des opérations pour la Coopérative funéraire du Grand Montréal.
Une poursuite?
À savoir si cela signifie que la Coopérative allait intenter des procédures judiciaires contre la Ville, M. Houle est resté évasif. « Nous entendons défendre nos droits », a-t-il avancé. Il a cependant spécifié que son entreprise souhaitait poursuivre le dialogue avec la municipalité dans l’espoir d’en arriver à une entente.
Rappelons qu’en décembre dernier, la Coopérative a déposé en Cour supérieure une requête judiciaire dans l’espoir que le tribunal ordonne à la municipalité de Saint-Bruno-de-Montarville de délivrer le permis de construction requis pour son projet.
Question aux lecteurs : Les élus ont-ils pris la bonne décision?