Quand le bâtiment rime avec environnement

Il n’y a pas beaucoup de maisons bigénérationelles au Québec pouvant se comparer à celle des Montarvillois Julie Chartray et Jean-François Dubé, qui vient d’obtenir la certification Leadership in Energy and Environnemental Design (LEED) platine, la plus haute distinction pour une maison en termes de normes environnementales. 
Pendant près de deux ans, le couple montarvillois, leurs trois enfants et leurs parents n’ont rien laissé au hasard pour répondre aux normes strictes du Conseil du bâtiment durable du Canada pour obtenir cette distinction. « Nous avons mis notre habitation aux normes du bâtiment qui seront en vigueur dans le futur. Si nous devions vendre notre maison plus tard, elle sera déjà aux normes », explique Mme Chartray.
Moins énergivore
Même s’ils sont sept à vivre dans cette grande maison de 5 000 pieds carrés habitables, la famille n’a en tout et pour tout qu’une facture annuelle de 3500 $ en électricité, alors qu’il n’y a aucune autre source d’énergie pour le moment. Le sol est constitué d’une dalle de béton polie et chauffée, ce qui permet de garder la chaleur plus longtemps, toujours dans l’objectif de dépenser moins d’énergie.
« Même si nous avons fait les travaux pour accueillir des panneaux solaires sur notre toit, nous attendons que cette technologie soit plus performante pour les installer », précise M. Dubé, qui, avant de se lancer dans la conception de sa demeure avec sa femme, avait pensé à tout.
La maison
La maison est équipée de deux bornes pour voiture électrique. L’eau de pluie est récupérée afin d’être utilisée pour les toilettes, la vaisselle, la laveuse. « Nous ne nous servons de l’eau potable que pour les robinets et la douche, des endroits où nous avons mis des régulateurs d’eau pour l’économiser », indique le couple.
Toute la maison est largement éclairée de lumière naturelle grâce à la grande fenestration prévue à cet effet. Pour éviter que l’été il ne fasse trop chaud, la toiture est très large dans le but de procurer l’ombre nécessaire.
Tout l’éclairage intérieur est en LED et dans certaines pièces de passage, des détecteurs de mouvement empêchent désormais d’oublier d’éteindre la lumière.
La maison a été construite en acier recyclé, sans l’utilisation de bois ni de colle. « Nous n’avons pas eu de conteneur à déchets pendant tout le chantier de construction. Pour construire la structure de la maison, tout arrivait taillé sur mesure. Nous n’avons pas eu à faire de coupe. » Pour d’autres parties de la maison, c’est du bois recyclé venu du Québec qui a été utilisé. D’ailleurs, tout doit être acheté le plus localement possible. Tout l’aménagement paysagé extérieur n’intègre que des espèces végétales locales, aucune espèce invasive n’est présente sur le terrain des propriétaires.
Tout a été réfléchi, même le moyen de récupérer l’eau de nettoyage des voitures pour arroser les arbres de la propriété.

« Nous avons mis notre habitation aux normes du bâtiment qui seront en vigueur dans le futur. Si nous devions vendre notre maison plus tard, elle sera déjà aux normes. » – Julie Chartray

Incitatifs municipaux
Selon Écohabitation, une municipalité a tout avantage à encourager la construction durable : optimisation de l’espace, capacité des réseaux et diminution des frais d’entretien, réduction des GES, réduction de la taille des infrastructures de traitement des eaux, réduction des îlots de chaleur, meilleure gestion des eaux pluviales et diminution d’inondation, sans oublier tous les impacts économiques reliés à l’amélioration de la qualité de l’air et de l’eau.
« Une dizaine de municipalités encouragent ces constructions en termes d’incitatif sur les taxes, par exemple. La Caisse Desjardins propose une hypothèque avantageuse avec son offre habitation verte; il y a aussi certaines assurances hypothécaires qui prennent en compte la norme LEED pour procurer certains avantages », énumère Paola Duchaine, chargée de projets à Écohabitation.
« Certains promoteurs, avec notre collaboration, ont fait pression auprès des municipalités (ex. : Orford, Sainte-Martine, Gatineau) pour qu’elles adoptent des incitatifs fiscaux pour les acheteurs de maisons LEED. En réalité, tout le monde gagne à choisir l’écoconstruction résidentielle certifiée : l’acheteur, le constructeur et la municipalité. Ces maisons offrent, mesure à l’appui, une meilleure qualité de l’environnement intérieur, une plus grande efficacité énergétique, une consommation moindre en eau et une plus grande durabilité », explique Mme Duchaine.
Saint-Bruno-de-Montarville ne figure pas dans la liste des Villes qui encouragent ces constructions environnementales.
Par conviction  
Peu importe le manque d’avantages fiscaux, la famille Chartray – Dubé s’est lancée dans la conception de cette maison par conviction environnementale. « Nous avons toujours été préoccupés par le respect de l’environnement et avec cette maison, nous avons réussi à faire ce que nous voulions. Nos enfants sont encore plus conscientisés que nous à l’environnement. Ils sont très fiers de leur maison à l’école et ce sont eux qui s’occupent du compost. »
Le Québec chef de file au Canada
Serlon les chiffres d’Écohabitation, de 2011 à 2013, la croissance du nombre d’unités inscrites et certifiées au Québec est fulgurante, passant de 32 à 483 unités certifiées, soit une augmentation moyenne de 480 % par année. En 2014, une baisse d’unités certifiées est enregistrée, passant de 483 à 310. Cette baisse s’explique par la diminution des ventes de condos retardant ainsi la finition des projets et partant, la certification. Par contre, on note un bond exceptionnel dans les inscriptions, passant de 81 en 2013 à 284 en 2014. En 2015, mêmes tendances qu’en 2014 : baisse au niveau de la certification avec 228 unités (82 unités de moins par rapport à 2014) et croissance d’unités inscrites, passant de 284 en 2014 à 474 en 2015, soit 190 unités de plus. « Le Québec est toujours le chef de file LEED habitations au Canada. La province a en effet certifié, jusqu’à maintenant, le plus grand nombre d’unités résidentielles (823) au Canada. Ce chiffre représente seulement les unités certifiées par le CBDCa. En incluant les unités certifiées auprès du USGBC (aux États-Unis), on compte actuellement en tout 1333 unités certifiées au Québec. Nous devançons de 183 unités l’Ontario, qui suit avec 640. L’avance de LEED® habitations que le Québec détient sur le reste du Canada est d’autant plus remarquable que la culture et la conscience environnementales y sont vraisemblablement plus développées dans l’Ouest canadien, notamment en Colombie-Britannique où l’on enregistre seulement 158 unités certifiées », peut-on lire sur le site d’Écohabitation.
Dans le processus de certification LEED, il est nécessaire de parler de son projet et le couple le fait naturellement. « Il est important de conscientiser la population à ce qu’il est possible de faire pour l’environnement. C’est pour cela que nous tentons de parler de notre maison au maximum », de conclure M. Dubé.