Plus de 8200 signatures pour sauver un boisé à Sainte-Julie
Un vent de mobilisation souffle sur la sauvegarde du boisé du domaine des Hauts-Bois, à Sainte-Julie. Une pétition lancée le 8 avril regroupait, lundi, plus de 8200 signatures pour protéger le boisé sur les versants du mont Saint-Bruno d’un projet immobilier. Un chiffre qui ne cesse de croître.
Un comité de citoyens nommé Sauvons le versant de Sainte-Julie du mont Saint-Bruno est à l’origine de cette pétition, comme d’un recours intenté devant la Cour supérieure du Québec. La plainte vise à invalider une décision du ministère de l’Environnement permettant la construction de 15 maisons dans le boisé où se trouverait une espèce végétale menacée.
La pétition est adressée à l’ensemble des élus municipaux, provincial et fédéral. On peut y lire : « Si nous saluons la sensibilité de la mairesse de Sainte-Julie, Suzanne Roy, de la députée provinciale Suzanne Dansereau, du député fédéral Stéphane Bergeron ainsi que du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques Benoît Charest à la cause, nous dénonçons que nos responsables du bien commun refusent toujours de prendre les actions qui s’imposent pour préserver ce versant de la montagne, si cher aux citoyens et si important pour la préservation de la biodiversité. »
Mme Roy, en raison de la judiciarisation du dossier, ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet. Cependant, elle a rappelé, lors de la séance du conseil municipal du 13 avril, que depuis 1970, le terrain visé est constructible. Revenant sur l’appel d’offres, concernant des travaux d’aménagement sur la zone, lancé le 9 mars, Mme Roy a indiqué qu’il n’y aurait pas de contrat octroyé tant que « toutes les conditions ne seraient pas respectées », parlant entre autres des normes environnementales imposées par la Ville aux travaux que devra financer le promoteur.
Mme Roy a indiqué d’autre part que la Ville de Sainte-Julie « se conformera à tout jugement éventuel » sur ce dossier. « Si les exigences sont respectées, la Ville convoquera les riverains à une séance d’information », a conclu la mairesse, en expliquant qu’en raison de la judiciarisation du dossier, aucun membre du conseil municipal n’en dira plus.
Sonia Pépin, une des membres du comité de citoyens, s’est dite déçue de ne pas avoir eu d’explications de la mairesse. « Il y a des milliers de personnes qui ont signé la pétition qui attendaient des réponses. » Mais elle se réjouit de la mobilisation générée par la pétition.
Le 15 avril, comme initialement programmé, la Ville de Sainte-Julie a dévoilé les constructeurs choisis pour les travaux d’infrastructures du projet place de la Falaise. Le résultat de l’appel d’offres mentionne cependant que le chantier, aux frais du constructeur, est conditionnel « en attente de conclusion du contrat ».
L’action en justice du comité de citoyens contre le ministère de l’Environnement, et où est mise en cause la Ville de Sainte-Julie, comportait une demande d’injonction à la Cour afin d’arrêter pendant la procédure toutes les actions qui pourraient être menées sur les lieux. La décision du tribunal était attendue le 14 avril; elle sera finalement rendue le 20 avril.
« Il y a des milliers de personnes qui ont signé la pétition qui attendaient des réponses. » – Sonia Pépin
Réaction des autres élus
Stéphane Bergeron, député fédéral de Montarville, circonscription couvrant le territoire de Sainte-Julie, a avoué ne pas avoir été approché par le comité. Les citoyens nous ont confirmé avoir contacté l’attaché politique du député à plusieurs reprises. « Nous sommes vaguement au courant. Une citoyenne a communiqué avec nous pour nous signaler le problème, mais mon cabinet avait indiqué à cette personne que c’était quelque chose qui relevait davantage du gouvernement du Québec et l’on n’en avait jamais plus entendu parler. Il y a peut-être eu confusion dans les communications. On sait que dans l’ouest de la Montérégie, le ministère fédéral de l’Environnement était intervenu en vertu de la Loi sur les espèces protégées (loi fédérale) pour bloquer un projet domiciliaire en présence de rainettes faux-grillons. On a vu le gouvernement fédéral le faire dans certains cas. Est-ce qu’il le ferait dans tous les cas? Je pense qu’il y aurait une évaluation de la présence de cette espèce floristique sur les dangers que pourraient représenter un développement immobilier. »
Sans fermer la porte à son intervention, si les motifs du gouvernement québécois à émettre le certificat d’autorisation à la construction des maisons était à remettre en cause, M. Bergeron rappelle : « Si mon intervention est souhaitée, je vais me prêter au jeu, mais vous comprendrez, surtout de la part d’un député souverainiste, que je ne tenterai pas de m’immiscer dans les affaires relevant de la Municipalité de Sainte-Julie ou du gouvernement du Québec si mon intervention n’est pas opportune. Elle le sera lorsque les personnes concernées auront fait appel à moi et lorsqu’on aura pu faire des vérifications quant au fait que la décision aurait été prise en ne tenant pas compte de cette espèce dite menacée. » Le Bloc québécois a d’ailleurs émis un projet de loi visant à faire en sorte que les règlements et les lois du Québec en matière environnementale aient préséance sur les lois fédérales. « Car, actuellement, il y a une espèce de flou… »
La députée de Verchères, Suzanne Dansereau, n’avait pas répondu à nos questions au moment de la publication de l’article, tout comme le ministère de l’Environnement.