Le climat au cœur d’un débat à Saint-Basile-le-Grand
À Saint-Basile, quatre élus ont voté pour le retrait d’un point à l’ordre du jour de la dernière assemblée régulière, soit l’adhésion à la déclaration d’engagement Unis pour le climat de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).
Rarement une assemblée régulière du conseil dure au-delà de quatre heures à Saint-Basile. Ce fut le cas le 6 juin.
Le conseiller Denis Vézina a demandé de retirer le point 7 de l’ordre du jour. Le maire, Yves Lessard, a plutôt suggéré de garder la résolution au plan de la soirée. « Rendu à ce point-là, si vous ne voulez pas l’adopter, vous votez contre », de mentionner le premier magistrat.
M. Vézina a expliqué qu’il y avait une différence entre « ne pas vouloir l’adopter et le retirer de l’ordre du jour ». Ainsi, retirer un point permet de le reporter à plus tard. Mais devoir voter pour la motion oblige les élus à se commettre dans un vote pour ou contre. « Dans le but de l’adopter en bonne et due forme, je nous recommande de l’adopter à un moment ultérieur. Mais pas ce soir », note-t-il. Sa proposition a été appuyée par le conseiller du district 6, représentant le Parti grandbasilois, Olivier Cameron-Chevrier.
À son tour, Martin Leprohon, l’élu du district 2, a demandé le vote. M. Lessard a pris la parole : « Étant donné que c’est soumis au vote, c’est soumis aussi pour débat. Moi, je m’y objecte! » Le ton venait d’être donné à une soirée marquée par l’environnement.
Des discussions depuis mars
Les discussions à propos de ce sujet ont débuté en mars. Soit l’adoption d’un engagement ferme des municipalités pour lutter contre les changements climatiques. « Nous en avons discuté beaucoup en plénier. Je pense que le moment est venu de faire en sorte que l’on en débatte publiquement. C’est du droit du conseil de le retirer. Je pense que ce n’est pas une bonne idée. C’est une mesure dilatoire et je m’y objecte. Maintenant, si le conseil décide majoritairement de ne pas l’adopter ce soir, je vais m’y conformer, mais je trouve que c’est repousser indûment l’adoption d’un outil qui peut déjà servir à notre comité de développement durable pour travailler », d‘expliquer M. Lessard.
« Étant donné que c’est soumis au vote, c’est soumis aussi pour débat. Moi, je m’y objecte! » -Yves Lessard
De son côté, M. Vézina a soutenu que tous les élus autour de la table avaient l’environnement à cœur. Puis d’ajouter : « Nous ne sommes pas contre l’environnement. Bien au contraire, nous sommes tous conscients de l’urgence. La démarche souhaitée, par la majorité, c’est de le faire en toute connaissance de cause. »
Pour sa part, l’élue du district 1, Laurie-Line Lallemand-Raymond, martèle que la Ville a besoin d’un « cadre clair et d’un bilan des mesures déjà mises en place et de leur efficacité sur nos émissions de GES ». Selon elle, « la Ville n’est pas prête à emboîter le pas à Unis pour le climat ». Elle poursuit : « C’est un sujet important, qui demande que l’on s’y attarde de la bonne façon en se dotant de bases solides avec une planification globale réfléchie. C’est prématuré, à l’heure actuelle. »
Martin Leprohon était aux assises de l’UMQ, avec M. Lessard ainsi que Guy Lacroix. « Le sujet était sur toutes les lèvres, résume-t-il. Je suis déçu de la discussion qu’il y a ce soir. La résolution en soi était le point de départ d’une discussion beaucoup plus profonde. Mais ça cache des problématiques beaucoup plus profondes. Nous allons devoir travailler là-dessus », a-t-il laissé entendre.
Quant à Olivier Cameron-Chevrier, il a expliqué sa position : « Nous voulons un bon cadre, une bonne fondation au début du processus; des mesures déjà faites, un bilan. On saura dans quelle direction on s’en va. C’est juste ça que l’on veut. C’est la raison pour laquelle nous voulons mettre le point à plus tard. »
Quatre élus ont voté pour retirer le point 7 à l’ordre du jour, soit Laurie-Line Lallemand-Raymond, Denis Vézina, Guy Lacroix, qui ne s’est pas exprimé sur la question, et Olivier Cameron-Chevrier. Martin Leprohon et Kim Méthot ont voté contre son retrait. Le point a été retiré de l’ordre du jour. Ce qui permet de le ramener ultérieurement. Un dossier à suivre, et qui risque de faire couler beaucoup d’encre à Saint-Basile-le-Grand.
Des citoyens se prononcent
À Saint-Basile, après que quatre élus aient fait part de leur volonté de repousser l’adhésion à la déclaration d’engagement Unis pour le climat de l’UMQ, des citoyens ont exprimé leur point de vue relativement à cette décision.
C’est le cas de Nathalie Boyd, qui a communiqué sa déception. « Je suis déçue que la majorité de notre conseil municipal vote défavorablement pour un premier pas vers une réflexion. Ça sème le doute chez les citoyens. Ça sème le doute qu’il y a différents agendas. Ça sème un doute qu’un conseil reporte, reporte, reporte… », amorce Nathalie Boyd.
Du même souffle, la citoyenne a insisté sur ce côté « à la remorque » de la Ville : « J’étais ici il y a dix ans pour une question de pesticides. On est dix ans plus tard, pis on parle encore de la réglementation des pesticides! On est en retard, à Saint-Basile, sur tellement de villes; à Saint-Basile, on est reconnus pour ça. Il y a des villes qui avancent pas mal plus sur les questions environnementales que Saint-Basile. »
« Ça sème le doute chez les citoyens. » – Nathalie Boyd
La présidente du Comité consultatif du développement durable, Gabrielle Pelletier, s’est aussi exprimée sur la question en s’adressant aux élus. « Vraiment très déçue. Si vous avez besoin d’un temps de réflexion pour certains des conseillers, êtes-vous en mesure de dire combien de temps? Qu’est-ce qui va faire en sorte que, pour vous, il faut que vous revoyiez l’engagement de la Ville de Saint-Basile à adhérer à l’UMQ? J’aimerais avoir un échéancier là-dessus. Êtes-vous prêts à revenir à l’automne pour faire un vrai débat? Si jamais, dans vos convictions, il y a des choses qui ne sont pas claires, il y a des ressources. Si l’on doit faire le débat, faisons-le sur la place publique », de proposer Gabrielle Pelletier.
Dans une lettre d’opinion adressée au journal Les Versants et publiée en page 8 de l’édition du 15 juin, Sarah Saïdi a profité du débat pour lancer une pétition afin que Saint-Basile adhère à la déclaration Unis pour le climat. « Je lance un cri du cœur à tous les membres de la population grandbasiloise. En signant cette pétition, nous enverrons un signal clair à nos élus : nous souhaitons que les enjeux climatiques deviennent le moteur qui guide toutes leurs décisions », écrit-elle dans sa lettre.
Des discours différents
Cependant, certains citoyens avaient un discours différent. Comme Claudio Polonia, qui rejoint le point de vue des élus qui ont préféré ne pas signer la déclaration tout de suite. « Il y a d’autres techniques. Par exemple, quand on a reçu nos bacs bruns, j’ai été déçu de ne pas avoir en main les instructions pour faire notre propre compostage chez nous. Il y a des techniques, et je pense que les gens devraient être informés de ces techniques-là. »
Ou encore, Josée Ranger, qui s’est adressée aux élus à la suite de ce débat rendu public à propos d’Unis pour le climat. « On a parlé d’un processus. Quand on adhère à un programme, il faut qu’il y ait eu un processus pour que l’engagement soit réel. J’ai entendu des conseillers parler de bilan et d’une vision. Oui pour un engagement. Je trouve que c’est bien d’adhérer à Unis pour le climat. Mais il faut avoir des critères pour faire avancer la cause dans le processus. Ce serait intéressant d’y penser parce que le processus est aussi important que l’engagement. »
Enfin, une citoyenne dans l’auditoire s’est aussi exclamée : « Vous me fâchez avec ça! La pollution… On fait tout ce que l’on peut chez nous. Le reste, ça ne nous regarde plus! »
QUESTION AUX LECTEURS : Que pensez-vous de ce débat sur l’environnement entre les élus de Saint-Basile-le-Grand?