L’autonomie alimentaire, une passion qui se développe
Enseignante de profession et artiste peintre, Jade Picard s’est développé une nouvelle passion pendant la pandémie. Ses frères et elle souhaitent éventuellement prendre la relève de la ferme familiale, qui a pignon sur rue à Saint-Bruno-de-Montarville.
Mais en attendant, le trio de frères et sœur désire produire fruits, légumes et fleurs biologiques. « Pour l’instant, nous sommes tous les quatre, papa, mes frères et moi, ensemble dans l’aventure. Mon père est encore sur sa ferme de 20 hectares. Il cultive des céréales et élève des animaux. Mes frères et moi, nous commençons le projet des fruits, des légumes et des fleurs. Nous en sommes encore à l’année zéro. C’est vraiment les débuts », explique Jade Picard, en entrevue avec Les Versants. La Montarvilloise est enseignante en maternelle. Elle est aussi artiste peintre membre de l’Association des artistes peintres affiliés de la Rive-Sud (AAPARS). L’impossibilité d’exposer et de présenter ses œuvres aux amateurs d’art au cours de la dernière année, pandémie et confinement obligent, a brisé son inspiration à peindre. « Qu’à cela ne tienne, j’exprime ma créativité autrement! », dira-t-elle. Pendant le confinement, certains en ont profité pour se découvrir de nouvelles passions, pour apprendre, pour lire, pour passer du temps en famille, pour écrire, pour se reposer, pour jardiner, pour cuisiner, pour changer de carrière. Jade Picard a arrêté de donner des cours de yoga. Elle a cessé d’offrir des cours de peinture. En tant que professeure, elle enseigne à l’année avec un masque. « Je n’avais pas envie d’enseigner le yoga et la peinture avec un couvre-visage aussi. J’avais du temps pour moi. » À la maison, elle a cuisiné, concocté ses propres plats. Son conjoint a fait du pain.
« Ça m’a inspirée puis réveillé en moi cet intérêt pour l’autonomie alimentaire. » – Jade Picard
Puis, dans la cour arrière de la maison de Saint-Bruno, la famille a planté des arbres fruitiers : framboisiers, pommiers, groseilliers… « Évidemment, nous ne verrons pas les résultats d’ici trois, quatre, voire cinq ans. Mais l’intention est là et c’est ce qui compte », poursuit-elle. L’idée de s’autosuffire faisait son chemin… Puis la pandémie mondiale a amené Jade Picard à réaliser l’importance de l’autonomie alimentaire et de l’autosuffisance. « J’ai été estomaquée de constater que l’on produit seulement 35 % de ce que nous mangeons. Si les États-Unis décidaient de fermer leurs frontières, ça n’irait pas bien pour nous, avance-t-elle. La pandémie et le désir de s’autosuffire ont fait ressortir pour mes deux frères et moi le désir de reprendre, éventuellement, la ferme familiale, située à Saint-Bruno. »
Des émissions comme Les fermiers, avec Jean-Martin Fortier, C’est plus qu’un jardin, La semaine verte, qu’elle a regardées avec intérêt pendant le confinement, sont d’autres graines qui ont été semées dans la tête de Jade Picard. « J’ai été titillée par ces modes de vie présentés dans ces émissions. Ça m’a inspirée puis réveillé en moi cet intérêt pour l’autonomie alimentaire. »
La ferme Lambert Picard est située sur Grand Boulevard Ouest. Jade Picard et ses frères, Stéphane et Ghislain, pensent au nom suivant pour leur projet en devenir, La ferme du Cœur aux ventres. « Mon frère Stéphane m’avait déjà parlé du projet de la ferme, mais à l’époque, j’avais mes deux carrières, l’enseignement et l’art, qui roulaient de front. Je n’étais pas disponible pour ce genre d’idée. »
Le « petit projet » amorcé cette année est encore jeune. Les concombres, les tomates, les poivrons sont cultivés sous une serre que Ghislain a acquise chez Rona. La liste des produits offerts est longue : cerises de terre, concombres, cucamelons, asperges, zucchinis, kale, piments d’Espelette, poivrons, cornichons, courges… Une variété de fleurs et de plantes sont aussi du lot : capucines, dahlias, échinacées… Mme Picard parlera d’une grande passion ou d’une trop grande motivation; la fin de semaine dernière, il y avait foule sur le terrain de la ferme pour acquérir les surplus à partager.
Elle reprend : « Aujourd’hui, nous avons encore tous nos emplois réguliers pour quelques années. Pour ma part, il me reste sept ans d’enseignement. Mais lorsque je prendrai ma retraite de professeure, je me vois cultiver à la belle saison et peindre l’hiver… »