Une persévérance à toute épreuve
Phil Grisé, résidant de Saint-Bruno-de-Montarville, est un entrepreneur-né. Il a su pousser sa passion pour les sports de glisse à son paroxysme afin de créer plusieurs entreprises, dont le joyau demeure son Empire.
Entretien recueilli par Frédéric Khalkhal
Vous ouvriez en décembre un dixième magasin à Montréal. Les choses ont l’air d’aller bien?
Je suis très content de l’ouverture de notre dixième magasin Empire, qui se situe à Montréal. Je suis super content du résultat. Il y a ça et d’autres projets en cours. Les choses vont bien.
Comment votre cheminement en affaires at-il débuté?
J’ai travaillé un certain nombre d’années pour un magasin qui œuvrait dans le domaine du , de vêtements autour de ces sports et tout le mode de vie qui s’y rattache. J’étais là en tant que simple employé. J’ai gravi les échelons et je suis devenu gérant. J’étais en semi-négociation avec les propriétaires pour m’associer ou racheter le commerce, car ils voyaient que c’était de moins en moins leur tasse de thé. Mais finalement, j’ai quitté l’entreprise en de bons termes. Je me suis rendu compte que j’aimais le commerce de détail. Mon père est en affaires et comme on dit, la pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre. Comme mon père, les longues heures de travail, ce n’est pas ça qui me fait peur, donc je me suis dit que c’était dans les gènes. Alors, j’ai appelé et mon premier employeur et l’un de mes meilleurs amis qui faisait de la planche, puis, à 18 ans, je leur ai parlé de ma volonté de monter un magasin : eux avaient cinq ans de plus.
Quand est né Empire?
Le 15 août 1999, on a ouvert le premier magasin qui était à Sainte-Julie. Dès la première journée, ça a été un succès incroyable, une expérience enrichissante pour nous. Les clients ont répondu à ce que nous leur proposions. Le magasin que j’ai quitté était toujours opérationnel et d’ailleurs, le journal est dans l’immeuble où le magasin de se situait, là où il y a aujourd’hui l’école de conduite à Saint-Bruno. Avec la vague de clientèle qui a décidé de venir chez nous à Sainte-Julie, les propriétaires ont fait faillite quelques mois plus tard. Nous, on a continué à développer Empire. Quelques années après, nous avons ouvert un magasin à Montréal, Boisbriand, Sainte-Catherine et Vaudreuil; ensuite, on a commencé à faire quelques transactions en ligne, puis on a ouvert à Québec, Terrebonne, Bromont et Granby avec différents partenariats. Ce secteur nous passionne. Le territoire était en besoin d’un magasin comme le nôtre, car contrairement à nos compétiteurs, la vision qu’on a de l’ensemble du produit, la mixité des choses que l’on propose, la taille de nos magasins, leurs designs étaient différents de ce qui se faisait à ce moment-là. Les clients se sentaient plus confortables chez nous et nos prix étaient compétitifs.
Pourquoi avoir ouvert d’autres commerces comme des bars et des restaurants?
Moi, je suis passionné de musique et par la bande, il y a six ans j’ai ouvert mon premier bar. Le bar, c’était comme un peu une suite logique du magasin, car les clients qui fréquentent nos établissements sont des ados, voire de jeunes adultes en grande partie, et leur passion, c’est le et le . Ils vont à l’école parce qu’ils n’ont pas le choix, ils sont dans un âge où l’éducation est importante. Leur autre passion, c’est la musique, les bars, là où ils peuvent faire des rencontres. Le bar devenait ainsi complémentaire à mon commerce. Le jeune vient au magasin, il va à l’école et le soir au bar une fois par semaine.
Cet engouement-là vient avec la passion. Quand tu aimes ce que tu fais, comme je le dis souvent dans des conférences, ce n’est pas du travail, les gens que tu côtoies sont des personnes que tu aimes. Même si parfois les journées sont difficiles, au moins on est dans un milieu qu’on aime.
J’ai donc des bars et des restaurants, mais je veux lancer bientôt deux autres projets et je ne le fais avec les partenaires que j’ai avec Empire, car nous n’avons pas les mêmes passions. On n’est pas ensemble dans tous nos projets.
Vous parlez de passion, peut-on parler de persévérance?
Tu ne peux pas arriver à tout ça sans persévérer. Chaque jour, c’est une liste de 60 choses à faire. L’humain normal va en faire 15, le surhumain va en faire 30, donc il n’y a jamais de fin. Il n’y a jamais un moment où je pourrai dire que tout est fait, je n’ai rien à faire. Cela n’existe pas et cela n’existera jamais, parce qu’avec le nombre d’entreprises que j’ai, en combinant tout, je dois frôler les 600 employés. Il y a toujours un problème quelque part qu’il faut que j’aille régler, comprendre pour prendre la bonne décision. Donc oui, ça prend de la persévérance, car le commun des mortels n’est pas capable de négocier avec ça.
Est-ce que vous vous êtes appuyé sur une formation scolaire ou c’est l’expérience qui vous a mené là?
J’ai fait une technique administrative au CÉGEP, mais j’ai dû partir avant la fin de mon diplôme pour créer Empire. J’étais quand même bon élève à ce moment-là, surtout dans les matières qui me passionnaient comme l’économie, le droit, les mathématiques, les affaires. Je ne voulais pas le diplôme. Je voulais certains cours-clés pour être capable de comprendre les notions de base. En ajoutant 20 ans d’expérience sur ça, cela ne fait pas de moi un savant, mais j’ai quand même pas mal de bagage.
Êtes-vous désireux de retourner sur les bancs de l’école aujourd’hui?
Non. Je me suis souvent posé la question, mais pour être franc, si je retourne à l’école, il y a inévitablement le temps d’y aller, sans compter les devoirs et les examens. Ensuite, ce sera pour faire quoi? M’enrichir dans certains départements? Rendu où je suis, j’ai des experts-comptables, des avocats, des notaires qui m’expliquent les choses et il n’y a pas mieux comme professeurs. C’est pour cela qu’après 20 ans, j’en ai vu des situations, puis dans le type de commerce que je possède, il y a des choses que je comprends assez bien maintenant. Je n’ai pas fait de cours, mais c’est le pratico-pratique qui m’a fourni l’occasion d’apprendre. Retourner sur les bancs de l’école serait pour moi enrichissant, mais ce n’est pas une priorité.
Quels sont les projets que vous avez aujourd’hui?
Je travaille actuellement à deux projets. L’un est pour la création d’une compagnie de vêtements et l’autre va être dans le domaine des médias. Dans les derniers temps, on met de l’avant un plan afin de mieux outiller l’avenir pour les nouveaux projets qui s’en viennent.