QScale : un investissement de 1 milliard à Saint-Bruno-de-Montarville
Martin Bouchard, fondateur de plusieurs entreprises technologiques, devrait implanter un Centre de traitement de données pour son entreprise QScale à Saint-Bruno-de-Montarville. Un projet d’un milliard de dollars.
Le projet, qui se construira dans l’Écoparc de Saint-Bruno, devrait être deux fois plus petit qu’un projet similaire que construit l’entreprise depuis un mois à Lévis. Il n’en reste pas moins que l’investissement à Saint-Bruno devrait tourner autour d’un milliard de dollars.
« Google a annoncé un investissement à Beauharnois (pour un centre de données) de près de 700 millions. À Saint-Bruno, on sera 1,5 fois plus gros que Google, peut-être même deux fois. Donc, oui, vous êtes dans des estimations sensées, mais on fera bientôt des annonces officielles. Il y a beaucoup de partenaires autour de la table », indique au journal Martin Bouchard, président de QScale.
La mission
QScale a pour mission de créer des infrastructures spécialement conçues pour le traitement de l’intelligence artificielle (IA). L’entreprise construit de grands campus à haute densité expressément conçus pour l’apprentissage machine et les charges de travail de calcul élevées.
« À la base, c’est un projet qui doit s’établir sur plusieurs sites au Québec. Le premier endroit est à Lévis. Saint-Bruno-de-Montarville est notre deuxième site. La construction a débuté à Lévis il y a un mois. À Saint-Bruno, les infrastructures ne sont pas encore prêtes sur le plan des lignes électriques et de la route. Nous avons un engagement avec la Ville de développer le site dans les deux ans. Donc, dès que les choses seront prêtes, on pourra débuter ce que l’on fait à Lévis avec une taille, pour Saint-Bruno, deux fois plus petite », précise le président.
Des ententes sont déjà ficelées avec Hydro-Québec.
Outre un investissement majeur dans l’Écocentre de Saint-Bruno, l’entreprise vise à alimenter des serres avec la chaleur dégagée par ses machines.
« L’idée est de développer notre centre de traitement en faisant de l’économie circulaire avec des serres pour récupérer la chaleur et tendre vers l’autonomie alimentaire. Je dis toujours à mes enfants que de faire pousser des fraises à -22 degrés au mois de février, c’est notre modèle. »
Même si l’entreprise prévoit un espace de stockage informatique, une large partie de l’infrastructure sera consacrée à la recherche dans des laboratoires « avec des gens qui viendront travailler en train, car nous serons à proximité de la gare. On veut que cela soit un milieu de vie où il y aura beaucoup d’emplois payants, comme le dit le premier ministre, en intelligence artificielle. Ce ne sera pas un bunker comme on peut le voir avec un centre de traitement de données. »
Au maximum de sa capacité, l’entreprise prévoit employer jusqu’à 250 personnes.
Un projet bien avancé
Les négociations avec la Ville vont bon train. « Notre offre d’achat du terrain a été acceptée il y a plusieurs années par la Ville. Cela fait longtemps que l’on a pris possession du terrain. Il y aura sûrement des dérogations à adopter lorsqu’on arrivera avec les plans, mais tout est en règle avec la Ville, avec qui nous sommes toujours en discussion », d’indiquer M. Bouchard.
L’entreprise devrait générer des revenus de taxe substantiels à la Municipalité. Le journal a sollicité le maire de Saint-Bruno pour parler du projet, mais ce dernier n’a pas souhaité s’exprimer. « Comme ce dossier est dans une phase préliminaire, il est trop tôt pour que Martin Murray accorde une entrevue », nous a-t-on indiqué à la Ville.
Saint-Bruno a été ciblée par l’entreprise pour plusieurs raisons. « Ce n’est pas le genre de projet que l’on réalise dans les centres-villes, car cela prend beaucoup d’espace et on voulait être accessible. On pouvait aller dans le Grand Nord québécois, mais cela aurait été plus difficile pour attirer de la main-d’œuvre. L’endroit qui correspondait le plus à nos critères était Saint-Bruno. L’un des principaux critères était d’avoir à proximité une station électrique à haute puissance, et il y en a une pas très loin. Je crois que l’on a trouvé l’un des meilleurs terrains dans la région de Montréal. »
Des clients prestigieux
QScale vise une clientèle internationale comme Volkswagen, Tesla, Pfizer, etc., des multinationales qui font « beaucoup de recherches scientifiques en IA et qui ont besoin d’effectuer de très gros calculs. Le Québec est le meilleur endroit dans le monde pour le faire, car l’énergie y est très peu coûteuse et elle est propre ».
Ce genre d’entreprise existe déjà, notamment en Virginie, aux États-Unis, et elle est alimentée par des énergies fossiles. « En déplaçant ça au Québec, on aidera la planète et en plus, c’est une énergie qui est récupérée. Au Québec, on a ce qu’il faut en termes d’énergie. On va en consommer plus l’été que l’hiver pour refroidir les machines. Notre consommation sera environ celle d’une ville comme Saint-Bruno. »
Cet argument environnemental pourrait attirer des joueurs internationaux ayant besoin des services de QScale pour développer des voitures autonomes, la pharmaceutique ou encore le monde des finances. « Notre souhait est même d’amener ces gros joueurs à avoir des bureaux au Québec. »
QScale vise aussi comme clientèle les entreprises manufacturières québécoises et des entreprises dans la recherche plus locales.
Comme à Lévis
Le site de Saint-Bruno ressemblera à celui de Lévis, mais en deux fois plus petit. « On veut reprendre toujours la même technologie. Le temps de construction d’un site comme le nôtre, c’est entre 18 et 24 mois. Maintenant, tout est tributaire de la Ville de Saint-Bruno, mais on devrait être opérationnel à Saint-Bruno dans les prochaines années. »
M. Bouchard, président de QScale depuis 2017, a révolutionné l’industrie du Web au Québec en fondant Copernic Technologies en 1996, une entreprise spécialisée dans les moteurs de recherche. Plus tard, voyant l’immense opportunité de l’infonuagique, il fonde 4Degrés, l’un des plus importants centres de données. Après moins de deux ans d’exploitation, Vidéotron a acquis l’entreprise. Il est cofondateur de Bases.ai, une entreprise offrant l’infrastructure requise à l’implantation de l’intelligence artificielle dans les entreprises industrielles. En 2017, il lance QScale.