Micro-processeurs : retards des biens électroniques
Les joueurs qui tentent d’acquérir les nouvelles consoles de Sony et Microsoft devront peut-être devoir attendre à 2022 avant de pouvoir mettre la main sur celles-ci, et il n’y a pas que les gamers qui sont affectés par la pénurie mondiale de micro-composants.
À Saint-Bruno-de-Montarville, l’entreprise Motsai, qui se spécialise dans la conception de technologies connectées, est très au fait de la situation mondiale liée aux micro composants électroniques.
Les clients de la PME montarvilloise sont d’autres entreprises qui cherchent à acquérir des technologies connectées afin de répondre à certains de leurs besoins. « Notre entreprise fonctionne surtout avec les micro-contrôleurs et les puces électroniques », dit le président de Motsai, Jean-Samuel Chenard. « On aide nos clients à régler le problème en regardant dans le marché quels pourraient être les substituts possibles afin d’éviter les délais au cas où il manque une composante d’un circuit. » Ainsi, son équipe ne manque pas de travail étant donné qu’elle se doit de trouver des alternatives pour créer les produits demandés par les clients malgré le manque de puces.
sauver des coûts d’inventaire
Selon lui, la situation actuelle est problématique pour la plupart des entreprises qui utilisent des microprocesseurs étant donné qu’elles commandent normalement les pièces uniquement lorsque cela est nécessaire afin de sauver des coûts d’inventaire.
Il est donc plutôt rare qu’une entreprise soit en mesure d’avoir des parties en surplus. Lorsque la demande d’appareils électroniques augmente, les usines qui produisent ces appareils peuvent faire face à des délais plus longs si la chaîne d’approvisionnement est davantage sollicitée.
Or, depuis le début de la pandémie de COVID-19, en mars 2020, les consommateurs ont acheté davantage d’appareils électroniques, notamment de nouveaux ordinateurs pour travailler de la maison, mais également des consoles de jeux vidéo et des appareils intelligents. Cela a mis une pression supérieure sur la chaîne d’approvisionnement, qui peine à fournir la quantité requise de micro composants aux entreprises. Les fabricants doivent également composer avec la pandémie de COVID-19, qui cause des problèmes de fermeture de frontières et des possibilités de devoir retirer des employés des usines s’ils contractent le virus.
« La situation actuelle de manque de micro-contrôleurs et de puces électroniques fait en sorte que les stocks descendent vite et que des personnes qui ont le sens des affaires achètent tous les inventaires pour faire des coups d’argent en les revendant à gros prix », dit Jean-Samuel Chenard.
Comme l’augmentation du prix du bois-d’oeuvre a un impact sur le prix et les délais pour réaliser de nouvelles constructions résidentielles, le prix des appareils électroniques est en hausse à cause de la pénurie mondiale de pièces miniatures. « Une puce dont le prix est multiplié par 4 ou 5 fait en sorte que le produit n’est plus viable, donc il faut attendre et les délais augmentent. Les lots de pièces pouvaient prendre 4 semaines pour arriver et maintenant on est autour de 8 à 10 semaines », dit M. Chenard.
Le président de Motsai mentionne que certains les délais de production de son entreprise tournaient autour des dix semaines en temps normal. En ce moment, il faut plutôt que les clients attendent une vingtaine de semaines de plus pour obtenir des produits comparativement à la période pré-COVID.
Industrie très spécialisée
Questionné à propos de la possibilité de construire une usine de composants au Québec pour éviter les prochaines ruptures, Jean-Samuel Chenard croit que c’est une idée qui ne pourrait se concrétiser qu’avec des investissements majeurs dans la province. « Ce serait un investissement de plusieurs milliards de dollars pour remplacer des usines qui se perfectionnent depuis plusieurs années. Pour produire un appareil, chaque région a sa spécialisation. »
technologie omniprésente
Les micro-composants utilisés dans la production d’appareils électroniques ne sont souvent pas plus grands qu’un ongle. Ils servent à fabriquer de technologies qui sont de plus en plus petites, comme c’est le cas pour les téléphones cellulaires, mais également pour faire fonctionner les composantes électroniques dans les véhicules, qui sont désormais omniprésentes.
À l’aide des ces très petites pièces, il est possible de créer des microprocesseurs, qui consistent en un circuit qui effectue les fonctions de calcul afin que les opérations dans un micro-ordinateur soient accomplies. Ainsi, sans microprocesseur, la majorité des appareils électoniques sur le globe ne seraient pas en mesure de fonctionner.
À cause des problèmes d’approvisionnement actuels, certaines des plus grandes compagnies de produits électroniques, telles qu’Apple et Samsung, ont dû reporter la production de leurs nouveaux appareils. Les constructeurs automobiles sont également touchés et ont dû renoncer à la production de certains modèles qui se vendent moins bien pour le moment.