Le secteur de l’événementiel ne voit pas le bout du tunnel
Les effets de la pandémie et du confinement, depuis le 13 mars au Québec, ne cessent d’avoir des répercussions sur le monde économique. C’est au tour du milieu de l’événementiel de tirer la sonnette d’alarme en créant la journée We make events pour le dire en lumière.
En interdisant tous les rassemblements qu’ils soient culturels, sportifs ou familiaux, c’est l’économie qui a été mise à mal au moment de l’instauration de l’état d’urgence par le gouvernement du Québec. Près de six mois après, c’est le secteur de l’événementiel qui ne voit presque rien évoluer depuis tout ce temps et qui allume les voyants rouge pour la survie de milliers d’emplois en Amérique du Nord.
Ce soir, le 1er septembre, les salles de musique, salles de spectacle, entrepôts et autre lieux où la magie du son et de la lumière opère seront illuminés de rouge. L’action est pour sensibiliser la population et le gouvernement sur les milliers d’emplois en jeu.
À Saint-Bruno, les entreprises FX Productions, agence événementielle, et HFT Communications, société de production vidéo, participeront à cette action lancée il y a quelques semaines en Europe.
« Après le 13 mars, notre carnet de commande est tombé à zéro. On pensait remettre les événements plus tard, mais on a rapidement vu que cela ne serait pas possible. On a donc fermé et nos six employés à temps plein ont été mis à pied, comme une trentaine de sous-traitants sous contrat », explique Marc Bourgeois.
La Prestation canadienne d’urgence (PCU) a aidé un temps les employés de l’entreprise, mais la fin de la prestation, ne sera pas synonyme de retour à l’emploi. « J’ai engagé de nouveau une personne, mais il faut que je commence à liquider notre matériel pour pouvoir passer à travers. »
Les conséquences sont importantes pour l’entreprise qui ne pourra pas tenir bien longtemps encore si rien n’est fait par le gouvernement pour lui venir en aide. « Notre mission est d’organiser des grands rassemblements comme la fête de la Saint-Jean-Baptiste à Saint-Bruno-de-Montarville qui a réuni près de 15 000 personnes. Aujourd’hui, au Centre Marcel-Dulude, qui peut accueillir jusqu’à 500 personnes, on ne pourrait organiser un événement qui ne regrouperait que 90 personnes en respectant les règles de la santé publique. »
« Après le 13 mars, notre carnet de commande est tombé à zéro. » – Marc Bourgeois
Un prêt à rembourser
FX Productions n’a eu pour l’instant comme aide qu’un prêt de 40 000 $ remboursable en décembre 2021 pour bénéficier d’un crédit de 10 000 $. Utile pour M. Bourgeois, mais pas suffisant. « Nous sommes un commerce d’investissement avec des équipements assez chers. On continue à les payer, mais nous n’avons aucune entrée d’argent. Cette année, j’envisage de faire une perte de 80 % de mon chiffre d’affaire. »
La demande de l’industrie est assez simple. M. Bourgeois souhaite en savoir plus sur la stratégie du gouvernement dans sa démarche de déconfinement. « On ne sait rien. On attend. On comprend qu’il y a de l’incertitude et qu’on nous demande de nous renouveler sur le web, mais ce n’est pas viable. »
L’autre problématique d’organiser des événements d’ampleurs, c’est que ces derniers doivent être organisés longtemps en avance. « Nous avons un gros événement de Cheerleading en janvier, février, c’est maintenant normalement que l’organisation commence. Comment les organisateurs pourront s’y prendre à la dernière minute. On a besoin de plusieurs mois, voir parfois de plusieurs années pour organiser de tel rassemblement. On se sait pas quoi faire! Nous voulons que le gouvernement soit plus clair. »
La bouée des conseils municipaux
Pour l’entreprise HFT Communications, la pandémie a aussi causé tout un cataclysme et les changements qu’elle a du faire sont tout aussi radicaux. « On est passé d’un chiffre annuel de 400 000 $ à 30 000 $. Vous comprendrez que l’impact a été majeur pour notre entreprise. J’ai été obligé de licencier les employés. Aujourd’hui, je n’ai pas assez de revenu pour assurer mon salaire et les dépenses de l’entreprise. Tout ce qu’il me reste comme contrat, ce sont avec les Villes et la diffusion des conseils municipaux. C’est ce qui me permet de tenir le coup », explique le chef de l’entreprise Benoit Lauzon. Saint-Bruno-de-Montarville et Bromont lui font confiance depuis maintenant un petit moment et avec la pandémie, les Villes de Carignan et de Marieville utilisent ses services.
« J’avais trois employés qui ne vont plus avoir la PCU, ils vont tomber sur le chômage et le gouvernement leur dit : trouvez-vous un emploi. Mais il n’y en a plus de travail dans notre milieu. Le gouvernement devrait relancer les spectacles et les événements au moins à 80 % de leur capacité. Les gens pourraient mettre un masque et se laver les mains. Et si cela ne marche pas, alors on pourra fermer de nouveau. Je serais le premier à le demander. Mais si ça fonctionne… Ce sont 30 ans de ma vie qui s’écroule. J’ai déjà des clients qui ont fait faillite. Comment je vais récupérer le statut de mon entreprise? »
Pour toutes ces raisons, Marc et Benoit, deux entrepreneurs qui se connaissent bien, vont eux aussi allumer des lumières rouges ce soir. Un phare dans la nuit pour attirer l’œil du gouvernement sur leur situation.