Bombardier, La chute d’un géant
Le journaliste spécialisé en économie Daniel Bordeleau, résidant de Saint-Bruno, s’est penché sur l’histoire de l’entreprise Bombardier dans son livre BOMBARDIER, La chute d’un géant, aux éditions FIDES.
L’aventure économique d’un des fleurons du Québec n’a pas cessé de passionner les amoureux de belles réussites industrielles. L’entreprise Bombardier, un nom qui résonne sur la neige, sur les rails et dans les airs, partout dans le monde, s’effondre aujourd’hui comme elle avait réussi à croître hier. C’est cette histoire remplie de rebondissements qu’a décidé de raconter Daniel Bordeleau, un Montarvillois qui connaît bien l’entreprise.
M. Bordeleau a été pendant 25 ans sur les ondes de Radio-Canada comme journaliste spécialisé en économie. Les Affaires, Le Devoir ou encore Protégez-vous sont d’autres publications pour lesquelles il a mis à profit ses expertises.
Au Québec, lorsqu’on parle d’économie, l’entreprise Bombardier devient rapidement incontournable. « J’étais journaliste en économie pendant 25 ans et cela a été l’une de mes assignations de couvrir Bombardier. Cela m’arrangeait, car j’aimais bien le sujet, mais c’est arrivé un peu par hasard. »
Bien que l’entreprise ait été « le plus beau fleuron du Québec il y a cinq ans », l’auteur se désole de constater qu’aujourd’hui, « c’est devenu la plus grande déception du Québec Inc. »
Un employeur majeur
Bombardier a toujours été un employeur majeur au Québec et même partout dans le monde. « L’aéronautique est très importante pour le Québec. Cela ne changera pas. Bombardier a encore 9000 emplois au Québec, cela demeure un joueur très important. Airbus prend de l’expansion, mais jusqu’à quel point? L’aérospatiale demeure un secteur très important qui va devoir être encouragé par les gouvernements. »
M. Bordeleau explique la chute de Bombardier par cinq erreurs qu’aurait faites la multinationale. Cinq erreurs toutes reliées à un problème de gouvernance.
« Les quatre premières erreurs auraient du être repérées par le conseil d’administration. C’est quelque chose d’important qui explique grandement la dégringolade de Bombardier. »
L’avenir à Saint-Bruno
Le siège social de Bombardier Transport se trouve à Saint-Bruno. « Il y avait une logique à choisir Saint-Bruno. Les experts de Bombardier pouvaient allait aux États-Unis et à leur usine à La Pocatière dans la journée sans problème. En plus, il y avait un aéroport à côté. Un avion pouvait décoller n’importe quand de Saint-Hubert. »
Pour l’avenir des installations de Bombardier à Saint-Bruno, l’auteur semble assez optimiste. « Pour Alstom, c’est assez clair. S’il n’y a pas d’achat local des gouvernements, l’usine de La Pocatière risque de fermer ou de marcher au ralenti. Il faut qu’il y ait un minimum de contenu québécois peu importe ce qu’en disent les traités internationaux. C’est ce qui se fait partout dans le monde. Cela serait bien que l’on ne soit pas plus catholique que le pape et que l’on privilégie nos entreprises aussi. Le REM qui est fabriqué en Inde, c’est un peu une honte. Mais il me semble qu’Alstom a indiqué qu’elle garderait le siège social au Québec. Par contre, l’avenir du centre de recherche qu’il y a de l’autre côté de l’A30 est-il assuré? Cela dépendra peut-être des contrats locaux. »
« Bombardier a encore 9000 emplois au Québec, cela demeure un joueur très important. » – Daniel Bordeleau
Une réaction trop tardive
Même si Alstom a acheté la section ferroviaire de Bombardier, cette opération semble se faire trop tard.
« C’était difficile de rivaliser contre Boeing et Airbus, tout en s’éparpillant dans trois secteurs différents. Il aurait fallu vendre les trains et se concentrer sur les avions, ou l’inverse, mais on ne pouvait pas être dans tous les secteurs en même temps. »
Au plus bas de sa forme, il n’est pas certain que Bombardier puisse se sortir de cette mauvaise passe. « Ça va être difficile de rebondir. Bombardier souhaite aujourd’hui se spécialiser dans l’entretien des avions. Ils se diversifient, c’est intéressant. Ils veulent aussi, peut-être un peu tardivement, développer des avions spécialisés, mais c’est une bonne idée. Mon inquiétude repose plus à l’horizon 2025 et 2030, quand l’entreprise devra renouveler sa flotte d’avions. »
Un ouvrage pour tous
À travers l’ouvrage, on revit l’histoire de Bombardier, de sa création à son avenir. L’auteur à voulu rendre accessible à tous cette histoire industrielle québécoise, tout en espérant susciter une réflexion auprès des décideurs.
« J’ai tenté de rendre cette histoire la plus claire possible pour m’adresser au plus grand nombre. Il y a pas mal de gens de ma génération qui ont eu des actions de Bombardier et qui s’intéressent à cette entreprise. J’aimerais bien susciter un débat sur le rôle du gouvernement dans l’aérospatiale. Ce livre pourrait être un des éléments de discussion. C’est ce que je souhaite, en tous les cas », de conclure l’auteur.
Les librairies, en rupture de stock, se réapprovisionnent déjà en exemplaires du livre.