Un nouveau roman de Maryse Pagé

Un an et demi après la parution de Rap pour violoncelle seul, l’auteure Maryse Pagé présente son nouveau roman, De son œil.

De son œil raconte l’histoire d’Anju, un adolescent différent et renfermé, qui s’adresse intérieurement à Noah, son idéal. L’étudiant le plus populaire de l’école : beau, brillant, sportif, meneur, ambitieux… Une personne qu’il admire, de qui il souhaite se rapprocher et à qui il voudrait ressembler. Jusqu’à la fusion… Voilà la prémisse de ce nouveau titre de Maryse Pagé.

« C’est le roman qui m’a donné le plus de fil à retordre. » – Maryse Pagé

Or, un événement troublant ramène Anju sur terre et freine son obsession envers Noah. Un incident qui lui ouvre les yeux sur le leurre des apparences. « C’est le roman qui m’a donné le plus de fil à retordre, amorce Maryse Pagé, en entrevue avec Les Versants. Je ne savais pas au début. Je mettais ça sur le dos de la pandémie qui m’affectait. Je ne pouvais pas voir mes fils, j’étais confinée… je n’ai pas trouvé facile le confinement. Comme auteure, on travaille seule, mais il y a des limites. »

Mais ce n’était pas seulement la pandémie. De son œil se veut un roman à part dans l’œuvre de Maryse Pagé. L’écriture est différente. Le récit est rédigé à la deuxième personne du singulier : Anju s’adresse intérieurement à Noah. Les dialogues, qui foisonnent les autres histoires de la romancière, apparaissent ici au compte-gouttes. L’humour, un aspect qui revient aussi souvent dans les livres de la Montarvilloise, est absent dans ce bouquin publié chez Leméac jeunesse. « C’est une histoire qui ne s’y prêtait pas », dira-t-elle au téléphone.

Maryse Pagé a obtenu une bourse du Conseil des arts du Canada pour la rédaction de ce roman. Parmi les critères, l’artiste doit se surpasser, sortir de sa zone de confort et des sentiers battus. « Il faut proposer quelque chose qui nous fait avancer dans notre cheminement professionnel. J’ai beaucoup intellectualisé mon travail d’écriture », explique Mme Pagé.

Les thèmes

De son œil aborde l’apparence, le souci de performance, la perfection, la pression des autres. Des thèmes que l’on retrouve aussi dans le plus récent film de Ricardo Trogi, Le Guide de la famille parfaite, paru cet été. Un long-métrage que la principale intéressée a regardé. « Même si, de l’extérieur, tout semble bien aller, tout n’est pas toujours rose dans la vie », commente-t-elle. Tard dans le roman, l’écrivaine évoque aussi le mouvement #metoo. « À la base, j’écris sur quelque chose qui me dérange, qui me questionne. L’image publique projetée versus la réalité en fait partie. La perfection est très présente sur les réseaux sociaux. Or, je ne saisis pas ce besoin chez les gens de montrer que tout va bien, que tout est beau, alors que ce n’est pas toujours le cas. »

Quant à #metoo, elle raconte que lors de sa période d’écriture, en pleine pandémie, il y a eu cette vague de dénonciations contre des personnalités. C’était à l’été 2020. « C’est un thème auquel j’avais déjà pensé, sur lequel je voulais écrire. C’est dans l’ère du temps et ça me préoccupe. C’est un sujet qui m’affecte, mais qui était inévitable à aborder. » Concernant ce passage dans les pages, elle poursuit : « C’est une scène qui n’a pas été facile à écrire, qui n’est pas l’fun. Je suis habituée à aller vers les émotions. Alors que là, il y a de la violence; cela dit, ça aurait pu être pire [comme scène]. »

Public jeunesse

Maryse Pagé écrit pour les jeunes et les adolescents. Ils sont les personnages principaux de ses romans, que ce soit De son œil, Rap pour violoncelle seul, Charlie-Rock ou encore Ce livre n’est pas un journal intime. « Est-ce que je vais écrire pour les adultes un jour…?, se demande-t-elle. Je me pose la question, parfois. Mais je ne suis pas inspirée par les adultes. Je ne trouve pas une histoire les concernant qui m’allume. Puis j’ai encore trop de choses à dire sur les ados. »

Rappelons que Maryse Pagé a été chef recherchiste pour des émissions jeunesse pendant 30 ans. « C’est un public que je connais beaucoup, même s’il change constamment. L’adolescence, c’est une période où l’on forge notre personnalité, on crée notre identité, on décide de notre avenir. C’est ce qui est riche. »

La Montarvilloise travaille actuellement sur l’adaptation télé de Rap pour violoncelle seul. Paru en 2020, ce roman a été finaliste pour divers honneurs :Prix littéraires du Gouverneur général, Prix Espiègle des bibliothèques scolaires du Québec, Prix jeunesse des libraires du Québec. De son œil, son dernier, a ce même potentiel… c’est donc à suivre!