Mélissa Perron en adaptation

Les trois romans de Mélissa Perron seront adaptés à l’écran. L’auteure de Saint-Bruno-de-Montarville a signé avec Zone 3 pour l’adaptation de sa trilogie romanesque.

La nouvelle a d’abord été dévoilée en décembre dernier. Puis le journal Les Versants s’est assis avec Mélissa Perron en janvier, à la suite du brouhaha de la période des Fêtes.

L’écrivaine verra ses romans Promets-moi un printemps, Belle comme le fleuve et Au gré des Perséides, tous publiés aux éditions Hurtubise de 2018 à 2022, faire le saut au petit écran.

En chair et en os

« La belle, la grande Fabienne Dubois, on va travailler à ce qu’elle soit en chair et en os. C’est assez extraordinaire, qu’est-ce qui se passe! », s’exclame Mélissa Perron.

Dominique Veillet est directrice principale, développement et création fiction chez Zone 3. Elle a contacté Mélissa Perron après avoir lu sa trilogie. Au fil de sa lecture, elle a développé un coup de cœur pour plusieurs personnages. Les deux femmes se sont rencontrées. « J’ai encore plus aimé la fille que les romans! Ce n’est pas peu dire! Mélissa est une autrice lumineuse, fantastique, une femme de cœur. C’est ce que nous aimons », raconte Dominique Veillet, aussi productrice pour Zone 3.

Depuis, la Montarvilloise s’est greffée à l’équipe de scénaristes puisqu’elle est « au cœur de l’histoire ». En entrevue, Mme Veillet confie que la pénurie de main-d’œuvre frappe aussi dans son domaine. « C’est une perle de l’avoir aussi avec nous, comme scénariste en devenir. » Mélissa Perron confirme qu’elle a rencontré, puis qu’elle fait partie des scénaristes qui « donneront vie à Fabienne, un personnage plus grand que les histoires qui la forgent ». Le point de vue de la romancière est important. « Je sens qu’il y a un respect pour ce que j’ai écrit. »

Les bouquins de Mélissa Perron explorent différents thèmes : la dépression, l’autisme au féminin et les secrets. Rappelons qu’en juin 2018, à l’âge de
38 ans, elle apprenait son diagnostic de femme autiste à haut niveau de fonctionnement. « Durant ma lecture du deuxième roman – celui qui traite d’une forme d’autisme invisible chez la femme – je me suis dit que l’on tenait quelque chose. C’est un sujet que l’on connaît peu. Ça m’a fait penser au Loto-Méno de Véronique Cloutier. Une révélation pour plusieurs femmes », avance Dominique Veillet.

Fabienne et Amélie

Celle-ci estime que l’histoire de Fabienne Dubois est « exceptionnelle et touchante, utile à raconter ». Puis, en parlant du personnage principal de Mélissa Perron, elle évoque la Amélie Poulain du film de Jean-Pierre Jeunet. « Après avoir lu Belle comme le fleuve, j’ai pensé qu’Amélie était probablement, aussi, autiste invisible. »

L’éditeur de Mme Perron chez Hurtubise, André Gagnon, évoque une « formidable nouvelle ». Il souligne que tout ce qui lui arrive, « autant dans la vie que dans sa carrière d’auteure, n’est jamais le fruit d’un conte de fées, mais le résultat d’une vision bien arrêtée, d’une détermination forcenée et d’un travail acharné ».

Selon lui, ce projet télé doit autant aux efforts de l’écrivaine « qu’à la sensibilité et à la perspicacité » de Dominique Veillet, qui « a été aussi touchée par les aventures de Fabienne que les centaines de lecteurs et lectrices qui ont écrit à Mélissa au fil des dernières années. Dominique a eu un coup de foudre pour l’univers romanesque de Mélissa, la singularité du regard qu’elle porte sur la vie et son style unique ».

Encore bien des étapes

Hurtubise se range derrière celle qui lui a présenté trois romans à succès en quatre années. Le vice-président, éditions et opérations du Groupe HMH, Arnaud Foulon, déclare qu’Hurtubise est ravie de cette nouvelle à propos de sa protégée. « Nous serions ravis que ses romans percent l’écran », dit-il, notant toutefois qu’il reste encore plusieurs étapes à franchir avant de voir Fabienne à la télévision. Demandes de financement, écriture du scénario… M. Foulon souhaite que le processus se déroule bien. « Une adaptation est une occasion supplémentaire de faire rayonner encore davantage l’œuvre que nous avons eu le plaisir d’éditer. Nous nous croisons les doigts pour la suite! »

La responsable des droits étrangers chez Hurtubise, Geneviève Lagacé, déclare que l’entreprise souhaite que le projet d’adaptation puisse franchir les étapes nécessaires et ainsi voir le jour. « Mélissa collabore au projet avec enthousiasme. Elle est entre bonnes mains avec l’équipe de production de Zone 3. »

Quand on lui demande pourquoi c’est important que Mélissa Perron scénarise, Dominique Veillet répond que l’écrivaine est une partie de Fabienne.« Ça apporte plus de crédibilité à l’histoire si elle est incluse. »

Celle qui s’est fait connaître sous le nom d’artiste Rizada – elle peint la porcelaine depuis plus de 10 ans – travaille en solo, que ce soit à l’écriture ou en peinture. Cette fois, il y a plusieurs rencontres en équipe. Ce qui lui demande beaucoup. « Ça me prend une période de temps pour recharger mes piles. Je l’avais oublié. Même si j’ai reçu un diagnostic, je me présente en société avec mon camouflage, mon masque, comme avant. Je sais quand j’ai mes effondrements. Mais l’équipe de Zone 3 le sait. Je sens de la bienveillance. Mais je ne veux pas de pitié… c’est important! »