Pelouse diversifiée!

Une question qui revient d’année en année et qui est toujours d’actualité : « Que peut-on faire pousser à l’ombre à la place du gazon? »

Réal Scalabrini
Membre de la Société d’horticulture et d’écologie de Saint-Bruno
www.shesb.cainfo@shesb.ca

Plus récemment, avec les changements climatiques, une autre question se pose régulièrement : « Comment entretenir son gazon malgré les restrictions d’arrosage et les périodes de sécheresse? »

Les pistes de solutions sont variées. Cependant, pour réussir, les propriétaires de terrains devront changer leurs habitudes et adhérer à des valeurs différentes. À titre d’exemple : personnellement, depuis plus de 20 ans pour l’arrosage des nouvelles plantations et autres arrosages nécessaires, l’eau de pluie recueillie dans des barils suffit à la tâche. Pour ce qui est de la pelouse, un gazon en santé requiert peu d’arrosage, surtout si le terrain est aménagé pour retenir l’eau de pluie.

Il est bon de savoir que jusqu’aux années 1950, c’était considéré comme nécessaire d’avoir du trèfle dans la pelouse. Depuis quelques années, cette pratique bénéficie d’un regain d’intérêt sous la forme d’un gazon diversifié. Même si la pelouse parfaite est encore l’objectif d’un certain nombre d’amateurs, semer du trèfle ou du thym est de plus en plus accepté.

Bénéfices d’une pelouse diversifiée

La pelouse écologique ne correspond pas à la monoculture traditionnelle de graminées. On y intègre des plantes comme le trèfle blanc nain, le thym serpolet…

Un milieu aménagé naturellement avec une diversification de plantes est plus dense, exige beaucoup moins d’eau et résiste mieux à la sécheresse ainsi qu’aux insectes ravageurs. Bénéfique pour la faune et les insectes, un gazon diversifié favorise la présence de pollinisateurs et d’autres organismes utiles. Conséquemment, il requiert moins d’entretien et de produits.

Les couvre-sol entrent à l’université

En 2021, des chercheurs québécois, du Département de phytologie de l’Université Laval, ont entrepris une étude sur la pelouse parfaite. Le trèfle et d’autres couvre-sol « alternatifs » dont le thym serpolet, le trèfle blanc, le fraisier sauvage et la pâquerette vivace sont sous la loupe.

Comme il n’y a pas beaucoup de littérature sur le sujet, leur but est d’implanter des couvre-sol dans la pelouse. Un objectif visé est de mesurer leur survie à la sécheresse, au piétinement, à la tonte, aux insectes ravageurs… Les bienfaits pour les pollinisateurs sont aussi au centre de l’étude.

C’est sans oublier que le bon vieux gazon, comme le pâturin du Kentucky, est souvent injustement malmené dans le discours populaire. La pelouse a beaucoup moins besoin d’eau que les gens le croient à cause de son mécanisme de dormance qui lui permet de jaunir et de survivre à des sécheresses.

La recherche est basée sur l’hypothèse de travail que le trèfle restera vert plus longtemps en période de sécheresse. Cependant, si celle-ci se prolonge, n’ayant pas ce mécanisme de dormance, il pourrait mourir et ne pas reprendre. La réponse viendra avec les résultats d’ici le début de 2023.

La pelouse, un bon choix de couvre-sol?

La pelouse, si on l’accepte imparfaite, est encore l’un des meilleurs couvre-sol à utiliser au Québec. Parmi ses bienfaits, elle peut être économique et écologique puisqu’elle contribue à lutter contre les îlots de chaleur. Correctement utilisée, elle contribue à préserver la biodiversité.

Le pas japonais

En plus d’être esthétique, le pas japonais protégera les endroits gazonnés du piétinement de la circulation intense. Comme vous disposez une pierre à tous les pas à des endroits précis, il contribue très peu aux îlots de chaleur et il protège étonnamment bien vos couvre-sols.

Du choix pour votre jardin

Certains endroits de votre jardin ne sont pas propices au gazon même diversifié : trop sec, trop ombragé ou carrément trop difficile à tondre. Pourquoi ne pas y implanter des couvre-sol? En voici quelques-uns qui peuvent combler vos besoins et qui sont bien adaptés à notre climat.

Sédum rampant

L’endroit est chaud, sec et très ensoleillé? Le sédum rampant s’y plaira à coup sûr. Selon la variété, son feuillage épais et souvent très coloré égayera un milieu plutôt inhospitalier pour le gazon. Parmi la panoplie de variétés, un coup de cœur va au « Angelina », au feuillage passant du jaune au vert pour terminer bronze en automne, et au « Dazzleberry », au feuillage gris-bleuté et à ses fleurs rose framboise.

Waldsteinie faux-fraisier

À l’aise en milieu ombragé, la Waldsteinie mérite d’être découverte pour sa facilité de culture. Son feuillage ressemble à celui du fraisier et une floraison jaune apparaît en juin. De croissance très vigoureuse sans être envahissante, les plants poussent très densément, laissant peu de place aux mauvaises herbes. Préférant les endroits où le sol est légèrement humide, ils résisteront à la sécheresse passagère une fois bien implantés.

Aspérule odorante

De croissance rapide, le joli feuillage étoilé de l’aspérule odorante est vert foncé et lustré. Des fleurs blanches parfumées apparaissent au printemps. Cette plante préfère les sols frais et bien drainés et un endroit ombragé ou mi-ombragé, comme un sous-bois de feuillus.

Céraiste tomenteux

(Corbeille d’argent ou céraiste argenté) Plante de rocaille qui forme des tapis argentés denses. Peu exigeante : elle apprécie un sol pauvre, riche en gravier, bien drainé et ensoleillé. Elle s’étend facilement par ses rhizomes. La variété « Cerastium tomentosum Snow in summer » est très appréciée. Elle peut atteindre de 15 à 20 cm de hauteur. Très rustique en zone 3, ses petites feuilles linéaires couvertes de poils soyeux, argentés, crépus et enchevêtrés, forment un feutrage blanchâtre. Très florifère en mai-juin, petites fleurs blanches en forme d’étoile de 15-25 mm de diamètre.

Petite pervenche

Un couvre-sol qui peut être planté autant à l’ombre qu’au soleil! Son feuillage vert foncé et très luisant est parfois teinté de blanc ou de jaune, selon la variété. En prime, des fleurs pourpres ou blanches apparaissent à la fin du printemps. La pervenche préfère les sols humides et bien drainés. Puisqu’elle n’atteint que 5 à 10 cm de hauteur, elle est tout indiquée pour recouvrir le sol sous un arbre où le gazon n’est pas une option.

Stephanandra crispée

Très utile pour recouvrir les talus qui sont difficiles à tondre, la stephanandra possède des branches assez étalées qui ont tendance à s’enraciner au contact du sol. Son feuillage finement découpé très décoratif présente de nouvelles pousses légèrement teintées de rouge au printemps, devenant vertes en été pour finalement se colorer de rouge-pourpre en automne. De croissance rapide, cet arbuste couvre-sol préfère les endroits ensoleillés et mi-ombragés et un sol bien drainé.

Bon jardinage!