Chronique horticole : les insectes du jardin
Par définition, le jardin est un environnement propice à la culture des plantes. Il constitue également le refuge privilégié de nombreux insectes. La majorité de ceux-ci est considérée comme bénéfique, et ils sont les bienvenus, tandis que d’autres sont plutôt nuisibles.
Une croyance populaire veut que les insectes qui se déplacent lentement se nourrissent de plantes, tandis que ceux qui sont plus rapides se nourrissent d’insectes indésirables. Cette prétention n’est qu’en partie vraie et ne constitue pas une vérité absolue.
Les insectes bénéfiques
Certains insectes qui sont d’une précieuse aide au jardin sont souvent confondus avec des indésirables. Par exemple : la guêpe parasite, le syrphe redoutable, ennemi des pucerons, les carabes, les chrysopes… Une brève initiation aux insectes de nos jardins permettra de différencier les bénéfiques des nuisibles. La lutte intégrée est le principe de base par lequel on peut cibler uniquement les insectes qui créent des dommages, de là l’importance de bien les connaître.
Chrysope (Chrysopa oculata) : Ce joli insecte, aussi appelé « demoiselle », est vert avec de grandes ailes membraneuses transparentes et des yeux dorés. Adulte, c’est un bon pollinisateur qui se nourrit de miellat et de pollen. Sa larve, surnommée « lion des pucerons », est un vorace prédateur de pucerons, de cochenilles, d’araignées rouges et d’acariens. Une seule larve peut manger jusqu’à 50 araignées rouges en une heure. Elle va vers les plantes riches en pollen et en nectar.
Coccinelle (Hippodamia convergens) :
Sa bonne réputation et sa beauté avantagent l’adulte. Elle est une avide mangeuse de pucerons et autres insectes ravageurs. Sa larve, pas très jolie, ressemble un peu à un micro-alligator. Comme elle est d’apparence un peu inquiétante, le jardinier a avantage à la reconnaître. Pour conserver les coccinelles, évitez tout traitement insecticide. Cet insecte a un penchant pour la capucine, la gloire du matin, l’achillée, l’ortie, la fève, l’anthémis, la centaurée, la bourrache, etc.
Réduve (Reduviidae) : Cet insecte est très varié et souvent identifié comme une punaise de jardin. Il se nourrit de divers insectes ravageurs : chenilles, cicadelles, mites, etc. Il est naturellement présent au jardin.
Carabe (Carabidae) : Surtout actif la nuit. Sa taille varie entre 2 mm à 25 mm de long et sa carapace est foncée à reflets métalliques variés. Son corps, ovale et allongé, est nanti de trois paires de pattes, de deux paires d’ailes et d’importantes mandibules. Il se nourrit d’insectes terrestres : par jour, un adulte peut manger jusqu’à trois fois son poids en limaces, escargots, vers gris, chenilles, fourmis, pucerons, etc. Le jour, il se cache sous les pierres, le paillis de bois ou les objets sur le terrain. Un jardin paillé voit le nombre de carabes augmenter et le nombre de limaces diminuer.
Cantharides (Cantharidae) : Corps mou et de forme allongé, dont les élytres sont souvent plus courts que l’abdomen. Cette famille, de 48 espèces au Québec, se nourrit de pucerons, de chrysomèles du concombre, de chenilles et certains de pollen. Elle est attirée par l’hortensia, l’asclépiade et la verge d’or.
Mante religieuse (Mantis religiosa) : Jusqu’à 6 cm de long. Sa teinte varie de vert pâle à brun grisâtre. Ses pattes antérieures sont adaptées pour capturer les proies, son long cou se termine par une tête très mobile qui porte une paire d’antennes. Elle jouit d’une excellente vue pour un insecte. La mante religieuse a deux paires d’ailes. Elle se nourrit de mouches, de pucerons, de mites et de chenilles. Elle recherche un abri pour ses cocons afin qu’ils survivent au froid hivernal.
Abeille domestique (Apis mellifera) : Grande pollinisatrice, comme d’autres espèces d’abeilles et de guêpes. Elle recherche les plantes riches en pollen et en nectar.
Tachinaire (Tachinidae) : L’adulte ressemble à une mouche domestique recouverte de poils raides. Ce parasite pond ses œufs sur des insectes hôtes, dont plusieurs espèces de chenilles nuisibles. À l’éclosion, les larves se nourrissent de l’hôte, ce qui le tue. Leur préférence va aux fleurs de mélisse officinale, de persil et de mélilot jaune.
Guêpe parasite (sous-ordre des Apocrita) :
Généralement, 2,5 cm ou moins de longueur. Son tronc se rétrécit entre le thorax et l’abdomen, donnant l’allure d’une taille fine. Les guêpes parasites pondent leurs œufs sur des insectes nuisibles qui servent de nourriture pour leurs larves. Elles se nourrissent de pucerons, de chenilles, de larves, etc. Elles sont attirées par les petites plantes à fleurs, comme les fines herbes.
Les insectes nuisibles
Tous les insectes en trop grand nombre deviennent potentiellement nuisibles, de là l’importance de laisser les prédateurs effectuer leur contrôle. Il est important de se rappeler qu’aucun insecticide n’est sélectif, aussi bio ou naturel soit-il, car ces produits tuent autant les prédateurs, les bénéfiques, que les nuisibles.
Puceron (Aphididae) : Ce petit insecte voit naître des dizaines de générations par saison. Il s’attaque à plusieurs espèces de plantes et les affaiblit en suçant la sève des feuilles et des tiges. L’ail, la coriandre et les capucines semblent être un répulsif. Pour en débarrasser les plantes : un puissant jet d’eau ou vaporiser avec une eau savonneuse (2 c. à table de savon à vaisselle pour 4 litres d’eau).
Perce-oreille (Dermaptera) : Ce mangeur nocturne se cache le jour dans de petites crevasses ou sous des débris. Il se nourrit de soucis, de clématites, de glaïeuls, d’asters… Il n’aime pas un sol exempt de débris. Comme appât, utilisez de l’huile de poisson ou de la bière éventée dans une soucoupe, puis une fois la soucoupe pleine, transvidez-la dans un seau d’eau savonneuse pour les éliminer.
Limace et escargot (Gastropoda) : Ceux-ci sont des mollusques et non des insectes. L’escargot est une limace munie d’une coquille. Mangeuse nocturne, elle se nourrit des feuilles basses de diverses plantes à fleurs et de légumes. Elle se cache le jour sous les pierres et les débris. Elle n’aime pas un jardin bien nettoyé et aéré. Pour les éliminer, il existe des pièges et des barrières, ou saupoudrez-les d’un peu de sel.
Scarabée japonais (Popillia japonica) : Cause d’importants dommages durant tout son cycle de vie. Dévore tout sur son passage, depuis les racines des graminées jusqu’aux feuilles et aux fruits des végétaux. Il pond ses œufs dans la pelouse au milieu de l’été. On peut traiter la pelouse avec des nématodes, des vers souterrains microscopiques, ou mettre une couverture flottante pendant la ponte.
Criocère du lis (Lilioceris lilii) : Raffole des lis et fait d’importants ravages en trouant leur feuillage et les boutons floraux. Attraper les adultes et les larves à la main est une méthode efficace.
Moustique (Culicida) : Il transmet des maladies aux humains et aux animaux. Pour éviter d’en être infesté, éliminez les flaques d’eau stagnante et placez une moustiquaire sur les citernes pluviales.
Piéride du chou (Pieris rapae) : Sa larve, une petite chenille bleu-vert, est une grande ennemie de nos potagers. Elle affectionne particulièrement les brassicacées et les crucifères : chou, chou-fleur, brocoli, etc. La guêpe parasite est l’un de ses principaux prédateurs. La couverture flottante peut aussi aider à protéger les plants.
Fourmi (Formicidae) : Les colonies de fourmis creusent des tunnels qui peuvent endommager les racines des plantes. Certaines espèces transportent les pucerons de plant en plant, ce qui favorise l’infestation. Comme les fourmis ne digèrent pas la semoule de maïs, saupoudrez-en autour de leur nid. Verser quelques litres d’eau bouillante sur le nid est une autre solution.