Chronique financière : tirer des leçons de Northvolt
L’annonce récente selon laquelle Northvolt retardera son projet au Québec de plus de 18 mois par rapport à son échéance initialement prévue ébranle quelque peu la confiance des contribuables envers ce mégaprojet.
J’ai toujours cru qu’il était préférable pour une entreprise d’investir de manière organique dans ses activités existantes plutôt que d’effectuer des acquisitions ou de tenter de développer de tout nouveaux marchés. En règle générale, il vaut mieux investir dans la croissance des activités actuelles plutôt que de tenter de développer de toutes nouvelles lignes d’affaires.
Lorsqu’une entreprise décide d’investir dans ses activités existantes, elle investit dans ce qu’elle connaît intimement, probablement là où elle possède un avantage concurrentiel. Cela réduit sensiblement le risque.
Je crois que la décision du gouvernement québécois d’investir 436 millions de dollars en subventions directes et 1,3 milliard de dollars en subventions à la production dans une société déficitaire (et étrangère), dont la technologie n’a pas encore fait ses preuves, représentait un risque anormalement élevé. Il est peut-être facile de le dire maintenant, mais le gouvernement québécois aurait probablement mieux fait d’investir dans les entrepreneurs québécois, une force de notre province, plutôt que de miser une somme aussi importante dans un seul projet.
Une décision plus logique aurait été d’investir dans des incitatifs à la recherche et au développement de la part des entreprises québécoises. Une autre option aurait été d’encourager la création de nouvelles entreprises québécoises. Le risque aurait été beaucoup moins élevé pour les contribuables. Il aurait également été possible de réduire le taux d’imposition des petites entreprises. Toutes ces options auraient réparti la richesse et le risque parmi un plus grand nombre d’entreprises d’ici.
En tant qu’investisseur, j’ai tiré quelques leçons de l’affaire Northvolt :
1- Il est difficile, voire impossible, de prévoir l’avenir, de choisir l’industrie, ou encore moins l’entreprise qui connaîtra le succès dans les cinq ou dix prochaines années. C’est pourquoi je préfère rester éloigné des sociétés en démarrage qui promettent de grandes choses, mais qui n’ont pas encore prouvé la viabilité de leur modèle d’affaires.
2- Il vaut mieux diversifier. Le gouvernement du Québec a peut-être commis une erreur en investissant une somme énorme dans un seul projet. Le même principe s’applique à la construction d’un portefeuille d’investissement.
3- Dans une vision plus globale, il est préférable de laisser le libre marché faire son œuvre plutôt que de centraliser les décisions d’investissement entre les mains du gouvernement.
En règle générale, la fameuse » main invisible » d’Adam Smith fait bien les choses.
Certains diront qu’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions concernant Northvolt. C’est vrai, et je croise les doigts pour que le projet soit un succès à l’avenir. Toutefois, je suis d’avis que le gouvernement devrait dès aujourd’hui changer sa façon d’investir dans l’économie.