Yves Lessard dérouté

Parmi les 142 projets que Québec prévoit entreprendre en Montérégie de 2023 à 2025, le territoire de Saint-Basile-le-Grand a été laissé de côté. 

« C’est étonnant!, lance d’emblée le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, que Les Versants a contacté. Au-delà de la déception, j’aimerais avoir des explications. »

Le 4 avril dernier, la vice-première ministre et ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a annoncé un investissement de près de 995 millions de dollars pour les deux prochaines années dans les réseaux de transport routiers et maritimes de la Montérégie.

« Non, Québec ne nous boude pas, mais peut-être que Québec nous oublie. » – Yves Lessard

Absence

Or, Saint-Basile ne se retrouve pas dans la liste des chantiers à venir. Qui plus est, l’investissement annoncé en juin 2020, concernant l’implantation d’une piste cyclable qui longerait la rivière Richelieu, a disparu cette année. « C’est une urgence de terminer ce tronçon! La rive est grugée, la route se dégrade. Ça prend une intervention rapide. Je croyais que les travaux seraient effectués dans les deux prochaines années, mais ce n’est pas là », déplore M. Lessard, qui a écrit une lettre à Geneviève Guilbault quant à cette situation. Au moment d’écrire ces lignes, la vice-première ministre n’aurait pas répondu. « Nous avons reçu un accusé de réception. Elle va sûrement répondre, ajoute celui qui envisage maintenant de se tourner vers les ministres. Nous sommes blindés de ministres qui peuvent intervenir… Jean-François Roberge, Simon Jolin-Barrette… » 

Le maire Lessard plaide notamment pour une réfection de la route 223, le long du Richelieu. Cette artère appartient au provincial. « L’intervention du MTQ à cet endroit permettrait d’en profiter pour effectuer les travaux nécessaires pour des infrastructures de mobilité active », croit le premier magistrat. 

L’explication du MTQ

« Le projet d’aménagement d’une piste cyclable le long de la route 223 (chemin du Richelieu), entre la montée Robert et la rue du Purvis Club [à McMasterville] était sous la responsabilité de la Ville de Saint-Basile, qui a suspendu le projet. Toutefois, des discussions sont prévues cet été avec la Municipalité, les villes avoisinantes et la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) afin d’explorer les possibilités quant au prolongement du tracé du Réseau vélo métropolitain le long de la route 223 », avance la conseillère en communication au ministère des Transports du Québec, Karine Abdel. 

Rappelons qu’à Saint-Basile, le projet de tronçon du Sentier cyclable et pédestre Oka – Mont-Saint-Hilaire ne s’est jamais concrétisé. En septembre 2019, la Ville a décidé de se retirer en raison des contraintes et des nouvelles demandes provenant du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) et afin de ne pas payer les frais supplémentaires que la CMM exigeait pour des analyses environnementales. Des études qui demandent à Saint-Basile d’ajouter quelque 2 millions de dollars à la facture. « La Ville s’était engagée à réaliser la partie entre Saint-Basile et McMasterville grâce à une entente avec la CMM et le ministère de l’Environnement. Toute la table était mise pour un beau projet, mais quand nous avons appris pour les frais supplémentaires, nous y avons mis un break. Saint-Basile n’avait pas les finances pour faire ça », relate Yves Lessard. En attendant, le Sentier cyclable et pédestre freine à Saint-Basile et ne se rend pas à destination, soit Mont-Saint-Hilaire. Selon le maire Lessard, beaucoup de gens empruntent le bord de la rivière pour se déplacer, faire du jogging, du vélo, malgré le danger, mais l’état des lieux limite le nombre d’usagers. « Les fervents cyclistes s’y aventurent, mais sinon, d’autres se privent de marcher le long du Richelieu. C’est dommage. »

Faut-il aussi ramener sur le tapis les refus répétés de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) quant aux demandes de la Municipalité pour dézoner des terrains. Soit pour des projets résidentiels, soit pour un parc canin, soit pour une nouvelle caserne de pompiers…  

Quand on lui demande s’il a l’impression que Québec boude Saint-Basile, Yves Lessard rit, puis répond « Non, Québec ne nous boude pas, mais peut-être que Québec nous oublie ». 

Saint-Basile ne se retrouve pas souvent dans les annonces d’investissements routiers du MTQ. Il faut savoir que seules la route 223 et la route 116 sont de juridiction provinciale sur son territoire. « Les projets d’investissements routiers sont grandissants et ils sont priorisés selon l’état des infrastructures, routes et ponts. Le Ministère inscrit des projets à sa planification après avoir constaté des déficiences à l’état de ses infrastructures à la suite d’inspections et d’analyses effectuées sur l’ensemble de ses actifs. Chaque projet fait l’objet d’études. Plusieurs travaux, autant sur la chaussée que sur les structures, sont nécessaires sur le réseau supérieur du ministère dans le secteur de l’échangeur de l’autoroute 30 et de la route 116. Ce secteur se situe géographiquement à Saint-Bruno-de-Montarville, mais [les travaux] seront bénéfiques pour les usagers de la route de Saint-Basile aussi », plaide Karine Abdel.  

Près d’un milliard 

L’annonce de Québec pour la Montérégie a de quoi faire sursauter… un investissement de près du milliard de dollars. En 2020, l’investissement était de 655 M$, et en 2019, il se chiffrait à 515 M$. « L’investissement de 994 M$ pour la Montérégie est une somme plutôt exceptionnelle, conçoit Mme Abdel. Et s’explique notamment par l’envergure de certains projets, tels l’aménagement d’une voie réservée sur l’autoroute 20 en direction est entre Sainte-Julie et Beloeil, l’asphaltage de la route 116 à Longueuil et à Saint-Bruno, et le programme d’intervention sur plusieurs ponceaux. »