Une conférence sur l’esclavage au Québec

Webster, rappeur, auteur et historien, présentera une conférence gratuite à propos de l’esclavage au Québec, le samedi 23 septembre prochain à 13 h, au Centre d’exposition du Vieux Presbytère.

La conférence, en lien avec son exposition Fugitifs!, porte sur l’esclavage et la présence des personnes d’ascendance africaine au Québec depuis les débuts de la colonie française. « C’est un hommage à la résistance. À l’époque de l’esclavage, au Québec, il n’y avait pas beaucoup de personnes asservies comparativement au Brésil, à Cuba et aux États-Unis. Il n’y en avait pas beaucoup ici. Donc, ils n’avaient pas l’option de faire une rébellion armée comme ailleurs. Ça ne veut pas dire que les gens ne résistaient pas à l’esclavage. Ils le faisaient à leur manière et c’était principalement à travers la fuite », explique Webster.

Il ajoute « La fuite devient un geste politique de la réappropriation de soi. Quand ces gens s’enfuyaient, ils étaient annoncés dans les journaux parce que l’on voulait les retrouver. Donc, on va les décrire de manière très précise : les vêtements, la physionomie, les traits intellectuels, etc. Je suis parti de ces descriptions pour les faire illustrer pour montrer ce à quoi ces personnes auraient pu ressembler. Ça permet de les humaniser puisque ces gens avaient été déshumanisés par l’esclavage. Ils étaient traités comme des biens meubles ». L’exposition est composée de portraits grandeur nature de ces gens. Ce sont neufs illustratrices et illustrateurs qui ont créé ces œuvres. Au total, on compte 13 illustrations.

Conférence

En ce qui concerne la conférence, « Je vais donner le contexte historique de l’esclavage au Québec. C’est quelque chose que peu de gens connaissent. Il y a une présence africaine ici depuis près de 400 ans. Je vais aborder également la nature prise par l’esclavage ici, qui était principalement domestique, où les gens étaient en milieu urbain. Ils s’occupaient des enfants, des tâches ménagères. Ce n’était pas de l’esclavage de plantation comme on retrouve ailleurs. Je vais parler bien sûr de fugitifs, de résistance, de comment s’est terminé l’esclavage ici, qui était de manière très particulière », mentionne Webster.

L’esclavage

Pourquoi l’intérêt pour l’esclavage au Québec? « J’ai toujours été intéressé par l’histoire afro-américaine sans savoir qu’il y avait une histoire afro-québécoise et afro-canadienne. C’est en sortant de l’université que je suis tombé sur ces informations-là. Je trouvais ça tellement intéressant. Je ne comprenais pas pourquoi personne ne parlait de cette partie de notre histoire. J’ai vraiment plongé, j’ai lu tout ce que je pouvais lire sur le sujet, et je continue de le faire, d’ailleurs », mentionne l’historien. 

Il ajoute « Mais je ne trouvais pas cela suffisant d’étudier cette question. Je voulais la partager. J’ai commencé à donner des conférences, des visites guidées, j’ai monté l’exposition, j’ai écrit des livres jeunesse, j’ai fait des podcasts. Tout ça pour varier les points d’ancrage. Pour que les gens puissent être plus facilement en contact avec cette histoire ». 

Une histoire laissée de côté

Selon Webster, « Le racisme a fait partie de notre manière d’écrire l’histoire. On a fait de la pureté raciale un élément central. Dans les années 1800 et 1900, les théories raciales sont des choses auxquelles les gens croient dur comme fer. On est à l’époque du racisme scientifique où l’on tente de prouver l’existence de différentes races même si l’on sait aujourd’hui qu’il y a une seule race humaine. Mais à l’époque, on s’imagine qu’il y a plusieurs races différentes et on s’applique à essayer de prouver scientifiquement ces théories et les gens y croient, tout simplement. C’est une vision qui sera présente jusque dans une partie du vingtième siècle. Marcel Trudel est le premier historien contemporain à avoir fait des recherches sur l’esclavage au Québec. En 1960, il publie le premier ouvrage traitant du sujet ».

Biographie

Aly Ndiaye, alias Webster, est originaire du quartier Limoilou à Québec. Fier de ses racines sénégalaises et passionné par l’histoire, il entreprend des études universitaires dans ce domaine. Son envie de communiquer de l’information sur l’histoire lui permet d’être le commissaire de l’exposition Fugitifs! au Musée national des beaux-arts du Québec en 2019. Il est également l’auteur du manuel de l’écriture hip-hop À l’ombre des feuilles et du livre jeunesse Le grain de sable, racontant l’histoire d’Olivier Le Jeune, le premier esclave africain au Canada.