Sur le terrain avec le CVBU

Le déboisement sur le site de Northvolt s’est amorcé lundi dernier, le 15 janvier, puis les machines se sont éteintes jeudi après-midi, soit quelques heures à peine après notre visite exclusive des lieux, en compagnie du Centre de valorisation du bois urbain (CVBU). C’était avant l’arrêt des travaux à la suite d’une demande d’injonction déposée à la Cour supérieure et dont l’audience s’est amorcée aujourd’hui.

« Nous sommes quelques-uns ici. La biologiste, par exemple, s’assure qu’il n’y a pas d’animaux dans les arbres avant le passage de l’abatteuse », souligne le directeur général du CVBU, Maxime Bourdeau. Le CVBU est mandaté pour les travaux de déboisement.

Au total, ils sont une dizaine de travailleurs, dont une équipe d’abattage, sur un immense terrain. 

Du camp de base, près de la route 223, nous entendons plus loin l’abatteuse multifonctionnelle qui fait son boulot. Scier et abattre des arbres de plus de 20 ou 30 ans. Puis le son des arbres qui se brisent et qui s’écroulent au sol.

Empilements d’arbres

Le journal accompagne M. Bourdeau sur les lieux. À notre passage, une petite mésange se déplace d’un arbuste dénudé à un autre. En avançant sur le chemin, une boucle qui permet de revenir à notre point de départ, nous croisons des empilements d’arbres qui ont subi le sort que les groupes environnementaux redoutent. Ici, des frênes en grande quantité; là, des peupliers ou encore des érables. « Il y a deux grades, le bois de pâte, soit les diamètres trop petits ou les billots endommagés, et le bois de sciage, sauf le peuplier, traité d’une autre façon », explique M. Bourdeau.

Une marche d’environ 20 minutes nous entraîne jusqu’à l’endroit où l’abatteuse mécanique scie des arbres par dizaines. « C’est important de garder une distance de 90 mètres de cette machine pour éviter les blessures lorsque les arbres tombent », indique Maxime Bourdeau.

Sécurité

Ce dernier déplore d’ailleurs l’intrusion de certains manifestants survenue la semaine dernière. « Il y a une vidéo qui circule de cette entrée par effraction. La femme qui a fait la vidéo était beaucoup trop près de la machine. Il y aurait pu avoir un incident », insiste-t-il.

Rappelons que le CVBU, qui a pignon sur rue à Saint-Bruno-de-Montarville, a été mandaté par Northvolt pour le déboisement du site. Le mandat du CVBU est d’abattre 8730 arbres vivants et 5365 arbres morts répertoriés sur le terrain de Northvolt, situé à cheval entre Saint-Basile-le-Grand et McMasterville. On parle de frênes, d’érables, de chênes, de peupliers, de résineux…

L’organisme s’occupera aussi d’un projet de plantation d’arbres. Quelque 24 000 arbres seront plantés après les travaux de déboisement. 

Pendant l’hiver

Pour le CVBU, c’est « important et plus facile » de procéder à l’abattage de ces arbres pendant la saison hivernale parce que pour les arbres vivants, « il y a moins de sève dedans ». M. Bourdeau précise. « L’hiver, c’est la meilleure saison, parce qu’au niveau de la biodiversité, on est en dehors de la période de migration, les animaux sont en hibernation. À partir du 15 avril, la migration des oiseaux recommence. La réglementation du gouvernement n’est plus la même; on n’a plus le droit de couper un arbre après le 15 avril. »

Par ailleurs, les forestiers préfèrent aussi travailler en hiver et dès l’arrivée des températures plus froides. « Le sol gèle. Il y a beaucoup moins d’impact sur l’affaissement du sol et les risques de l’endommager », ajoute-t-il.  

Entre une intrusion sur le site lundi soir, à la suite d’une manifestation, et une demande d’injonction déposée jeudi matin devant la Cour supérieure pour l’arrêt immédiat des travaux, ces derniers se sont poursuivis et les arbres ont été coupés sur le site privé de Northvolt. Certains avec l’abatteuse, d’autres, trop larges pour l’appareil mécanique, à la scie à chaîne. « Comme des bûcherons », glisse Maxime Bourdeau. Un autre travailleur s’affaire à débroussailler au taille-bordures les colonies de phragmites, une plante envahissante dangereuse pour la faune et la flore qui a poussé comme des champignons sur le terrain.

Puis, des camions de 53 pieds sont venus récupérer ces troncs, triés au préalable, pour les envoyer, selon le bois, à la scierie ou à la papetière Domtar. « Nous avons fait deux premiers voyages mercredi. Plus tôt ce matin, un autre voyage a quitté vers la scierie. Ça risque d’être le modus operandi dans les prochains jours. »

Selon le principal concerné, la capacité de production en foresterie est de trois à cinq camions par jour. « Mais ici, nous n’atteindrons sûrement jamais ça. Peut-être quand nous inclurons la biomasse, si nous sommes chanceux. »

Une biologiste sur place

Le CVBU est accompagné d’une biologiste pendant les travaux d’abattage d’arbres sur le terrain de Northvolt. « La biologiste est déjà au travail sur le site. Elle est mandatée pour vérifier la présence d’animaux sur le site », explique le directeur général du CVBU, Maxime Bourdeau. 

La biologiste, Zoé St-Onge, arrive du Bureau d’écologie appliquée. Une succursale est d’ailleurs située à Saint-Basile-le-Grand. Mme St-Onge s’occupe entre autres des mesures de mitigation de la faune. « Je n’ai pas vu de faune sur les zones ciblées jusqu’à maintenant », confirme-t-elle au journal Les Versants

Le site de Northvolt, la portion de Saint-Basile-le-Grand, a été divisé en 48 zones d’environ 100 mètres sur 100 mètres. L’équipe d’abattage et la biologiste, dans son travail d’inspection, progressent du Richelieu vers la route 116. 

Lors de notre rencontre, Zoé St-Onge se situait bien au-delà de la zone d’abattage. Elle quadrille chaque secteur délimité pour ses vérifications. « Avec son œil de biologiste, elle sait quoi regarder pour des habitats potentiels. Si c’est le cas, comme un creux dans un arbre, par exemple, elle le marque à vérifier », illustre Maxime Bourdeau.

Rencontrée sur place, Zoé St-Onge précise ses responsabilités. « Mon objectif est de voir s’il y a des milieux où l’on va passer qui pourraient être potentiels pour la présence de la faune. Si c’est le cas, on va faire attention pour ne pas qu’on les empiète », dit-elle.  

Protocole en cas de présence d’animaux

La biologiste est sur place chaque jour lors de la réalisation des travaux d’abattage d’arbres. Selon Northvolt, « tous les travailleurs affectés au déboisement seront sensibilisés à la biodiversité présente sur le site ». Si un animal est aperçu, les travailleurs cessent les travaux et la biologiste identifie l’espèce. Si un déplacement est nécessaire (en vertu des exigences du ministère de l’Environnement), elle déplace l’animal vers une zone identifiée sur laquelle des travaux ne sont pas planifiés. Enfin, la spécialiste sur le site demeure en contact avec les autorités du ministère pour signaler l’observation et le déplacement d’un animal jugé sensible.       

Pour Maxime Bourdeau, si des animaux vivent sur le site pendant les travaux, « ils ont le pouvoir de se sauver sur leurs pattes. Ils ne restent pas là. On ne veut pas blesser personne ». 

« Je vais aller à mes enquêtes! » lance Zoé St-Onge avant de poursuivre son chemin sur le terrain.