Saint-Bruno : une histoire d’Halloween de Louis Émond

Louis Émond propose une nouvelle version de son histoire Les trois bonbons de monsieur Magnani. Le court roman a été adapté en album jeunesse illustré aux Éditions Les 400 coups.  

Les Versants : D’où vous est venue l’idée pour l’histoire originale de Les trois bonbons de monsieur Magnani?

Louis Émond : Un soir d’Halloween. J’accompagnais mes trois enfants. On arrive à une maison décorée de manière remarquable. Devant nous, quatre garçons s’exclament en la voyant : « Woooow! Ils vont donner full bonbons, ici. C’est sûr! » J’ai pensé alors, et si la personne qui habite cette maison leur répondait : « Désolé, je ne donne pas de bonbons. » Ça appelle un flash. Tout le monde en a. L’idée pour un auteur est de réfléchir pour développer le flash et le transformer en une histoire. Il faut se poser des questions, développer les personnages et la situation et imaginer, autant que possible, une fin imprévisible. Une chute.

Pourquoi avoir ressenti le besoin d’adapter ce court roman en album jeunesse? 

En fait, c’est le contraire qui s’est produit. En 2000, quand j’ai écrit cette histoire, je voulais en faire un album. Mais mon ami et éditeur Robert Soulières, qui venait de fonder sa maison d’édition, se cherchait des textes. Je lui ai parlé de cette histoire. Il l’a lue, l’a aimée et m’a dit qu’en l’étoffant un peu, ça pourrait faire un court roman. Près de 25 ans plus tard, je recouvrais mes droits sur Les trois bonbons…, et lui redonnais son format « album ». Je l’ai proposée aux 400 coups, et ensemble nous avons proposé à l’artiste Sampar d’en faire les dessins. 

Pour vous, Les trois bonbons de monsieur Magnani, c’est d’abord une histoire d’Halloween?

Je dirais que oui. C’est d’abord une histoire d’Halloween qui aborde des thèmes qui me sont chers, comme l’estime de soi, la confiance et, bien entendu, le problème de l’intimidation.

Rédiger un roman à partir de zéro ou élaguer un roman pour en faire une autre œuvre, qu’est-ce qui est le plus ardu?

Écrire un roman à partir de zéro est sans aucun doute plus difficile. Tout est à inventer et à formuler. Il faut aussi tout vérifier et s’assurer d’une cohérence parfaite, d’un rythme soutenu. On doit couper les longueurs, trouver le mot le plus précis, inventer des comparaisons et des métaphores. C’est un sacré travail! En fait, si je peux me permettre une analogie sportive, c’est un peu comme en ski de fond : skier dans des ornières, des traces déjà faites, c’est drôlement plus facile que d’ouvrir une piste dans une bonne épaisseur de neige lourde. 

Le roman original a été écrit en 2000 et l’album illustré paraît en 2024. Est-ce que l’Halloween, la façon de la célébrer, a changé depuis? 

L’esprit est le même, je pense. Pendant un temps, sur ma rue et même dans mon quartier, l’Halloween a connu une période de léthargie, imputable au vieillissement des enfants. Mais avec l’arrivée de plusieurs nouvelles familles, la rue renaît et ça se voit, notamment à l’Halloween. Je dirais que la grande différence entre 2000 et 2024 est que les gens décorent drôlement plus leurs maisons de nos jours, ce qui rend très heureux les enfants et les personnes qui tiennent des magasins de babioles festives!  

Pourquoi l’Halloween est-elle une fête importante pour vous?

Parce que c’est une fête, justement, et qu’il nous reste si peu de ce genre d’événement où les gens sont au diapason. Les enfants, et quelques adultes, se déguisent, courent les rues et amassent des friandises. J’aime l’Halloween à cause de son atmosphère de carnaval et à cause de l’enfance avec laquelle on renoue. Quand j’enseignais au primaire, à l’école De Montarville, je me déguisais à l’Halloween et de préférence avec un costume épeurant. Parce qu’à l’origine, l’Halloween, c’est une fête macabre, une fête où l’on défie la mort et les créatures qui la représentent, en devenant l’une d’elles. Je me souviens d’une année où mon déguisement était si effrayant que des élèves de première année ont eu peur de moi. J’avais beau leur parler gentiment, ils se cachaient les yeux et se sauvaient de moi. Ils ne voulaient pas me voir! Quel beau souvenir! 

Des histoires d’Halloween ou des films d’épouvante à recommander? 

Il y en a tellement! Dans les classiques, les contes d’Edgar Allan Poe sont des incontournables. Pour les plus jeunes, les romans de la collection Noire de La Courte échelle sont très bien faits. Parmi les séries récentes, j’ai raffolé de La chute de la maison Usher, sur Netflix. Dans les films, outre le très connu Halloween, je mettrais sur ma liste Trick or Treat et le deuxième de la série Ouïja. Et à regarder en famille, il y a Abracadabra, Les sorcières, La légende de Sleepy Hollow… 

Votre album Les réfugiés du billot creux est finaliste au Prix Peuplier de la Forêt de la lecture, qu’est-ce que ça représente pour vous?

Une belle reconnaissance. Comme je le dis tout le temps, que l’on ait cru bon, parmi la centaine d’albums et plus! qui paraissent chaque année, de retenir le mien, c’est déjà une victoire en soi. Mais ce qui distingue ce prix est que le livre gagnant sera choisi par les élèves du primaire. Puis l’événement qui entoure la remise de ce prix est une véritable fête du livre! Il y a quelques années, un autre de mes albums, La belle histoire d’une vieille chose, aux Éditions de la Bagnole, a été finaliste à ce festival. J’en garde un excellent souvenir!