Saint-Bruno : la Ville fait pression auprès de Québec à l’égard des crématoriums
Saint-Bruno-de-Montarville demande au ministre de l’Environnement, Benoit Charette, de renforcer les exigences environnementales à l’égard des crématoriums. La résolution a été adoptée le mardi 15 octobre en séance du conseil municipal.
« Nous demandons une mise à jour en lien avec les crématoriums. La réglementation du Québec n’est pas assez contraignante », plaide le maire de Saint-Bruno, Ludovic Grisé Farand.
Les demandes
Le conseil municipal demande au ministre Charette de modifier la réglementation en vigueur pour exiger la mise en place de filtres haute performance sur les cheminées de tous les crématoriums sur le territoire québécois. Les élus de Saint-Bruno demandent aussi des normes d’émission plus sévères, pour les crématoriums, inspirées des meilleures pratiques internationales. Enfin, Saint-Bruno demande au ministre de l’Environnement d’effectuer des évaluations régulières des émissions polluantes de ces entreprises et de rendre publics les résultats. « Oui, Saint-Bruno fait pression sur Québec », résume en entrevue Ludovic Grisé Farand.
Dans sa requête, le conseil municipal se tourne aussi vers le ministre de la Santé, Christian Dubé, afin que ce dernier mandate l’Institut national de la Santé publique du Québec (INSPQ) pour obtenir un avis de l’effet des crématoriums sur la santé publique de la population du Québec qui documentera entre autres le cas montarvillois.
En attendant, la Municipalité espère une réponse du ministre de l’Environnement. « Il représente les citoyens de la province, mais aussi, la demande provient d’une ville dans le comté de la CAQ. Je ne vois pas pourquoi il ne nous écouterait pas. À tout le moins, qu’il donne le mandat à l’INSPQ. En espérant qu’ils en arrivent avec la conclusion qu’il faut aller de l’avant avec les filtres », affirme le premier magistrat.
Le COCARH fait aussi pression
Dans une lettre dont le journal a obtenu une copie, le regroupement Citoyens opposés aux crématoriums adjacents aux résidences et habitations (COCARH) lance un appel aux membres de la Fédération des coopératives funéraires du Québec. L’organisme rappelle que ce projet prend forme depuis plus de quatre ans « malgré l’opposition importante de nombreux citoyens de Saint-Bruno et de son conseil municipal ».
Les membres insistent pour dire qu’ils ne sont pas opposés aux crématoriums. Toutefois, ils se disent en désaccord qu’une entreprise telle que celle qui leur est imposée par la CFGM le soit sans l’installation d’un système de filtration des émanations. « Il s’agit d’un crématorium avec deux fours d’une capacité totale de 6000 crémations par année avec l’option d’en ajouter un troisième. Ceux-ci auront un impact environnemental important à moins de 250 mètres des quartiers résidentiels. C’est important de souligner également que, hors Québec, à l’international et même dans d’autres provinces canadiennes, les crématoriums sont soumis à des contraintes d’éloignement allant de 500 à plus de 1000 mètres des quartiers résidentiels, de même qu’à la pose de filtres d’épuration », peut-on lire dans la lettre.
Le regroupement citoyen fait donc appel aux coopératives funéraires du Québec pour rappeler à la CFGM que c’est « inconcevable qu’un mouvement coopératif fasse fi de l’acceptabilité sociale et qu’elle va même jusqu’à refuser l’aide financière de la Ville de Saint-Bruno pour l’installation d’un système de filtration, sous prétexte qu’elle respecte la réglementation du ministère de l’Environnement du Québec ».
Le COCARH demande à la CFGM d’installer un système de filtration et ainsi d’être un
« précurseur soucieux de la qualité de vie des citoyens ». Selon l’organisme, la CFGM « ne peut ignorer l’acceptabilité sociale de son projet ». Il demande à la Fédération des coopératives funéraires du Québec de faire pression sur les représentants de ses coopératives funéraires.
Rappelons que le maire a indiqué, lors d’une séance du conseil municipal plus tôt cet été, que la Ville avait proposé de financer l’installation de filtres sur les cheminées de la future installation. Cette proposition avait été refusée par la Coopérative funéraire du Grand Montréal (CFGM).
Des travaux amorcés
Depuis le 9 septembre, des travaux sont en cours sur le terrain de la CFGM. Le site est à quelque 250 mètres des résidences du district 8 – Duquesne – Des femmes.
« Comme nous le répétons depuis maintenant cinq ans, aux yeux de la science et des autorités gouvernementales compétentes et reconnues dans le domaine, notre projet est parfaitement sécuritaire pour l’environnement et la santé publique. Concernant la résolution adoptée par le conseil, les futures installations de la CFGM à Saint-Bruno respecteront en tout point les normes québécoises en matière d’émissions atmosphériques, qui sont parmi les plus sévères au Canada. Les citoyens de Saint-Bruno n’ont donc rien à craindre », déclare le directeur général de la CFGM, Mathieu Houle. Selon lui, compte tenu de la « grande sécurité et de la technologie la plus récente » du futur crématorium, « il n’est pas nécessaire de vouloir y ajouter des filtres. À notre connaissance, aucune juridiction au Canada ou même en Amérique du Nord n’impose une telle exigence ».