Saint-Bruno : Frédérique Bérubé-Perron, l’as du tennis fauteuil

À 18 ans, en moins de deux ans de tennis en fauteuil, la Montarvilloise Frédérique Bérubé-Perron devient championne canadienne junior et sénior de sa discipline. L’histoire de la progression fulgurante d’une championne. 

Cela ne fait que deux ans que Frédérique Bérubé-Perron a commencé le tennis en fauteuil roulant. Le 20 octobre, elle réalisait l’exploit de remporter le Championnat canadien Birmingham, à Halifax en Nouvelle-Écosse, dans la catégorie junior et femme.

Notons que dans ces deux années d’apprentissage, il faut soustraire les six mois qu’elle a mis à soigner une blessure à l’épaule. « Avant de me lancer dans le tennis en fauteuil, je jouais debout avec ma prothèse, pour le plaisir de jouer au tennis. Je me suis rendue en fauteuil au tournoi l’Omnium international de Saint-Hyacinthe, en 2022, où j’ai participé en tant que ramasseuse de balles. C’est là que le numéro 2 canadien m’a encouragée à me mettre au tennis en fauteuil », explique au journal la joueuse. 

Deux ans plus tard, elle rafle tout au Championnat canadien sans ménager ses adversaires.

Dans un tournoi à la ronde impliquant cinq participantes, elle n’a perdu que dix jeux sur l’ensemble de ses affrontements. « La compétition junior a été plus difficile, car le tournoi était mixte. J’ai dû jouer contre deux garçons de mon âge. » Mais le résultat final a été le même pour la Montarvilloise, qui a remporté les jeux, les sets et le match de la finale.

À 18 ans

La jeune adulte, junior pour une dernière année, vient de célébrer, en juin, ses 18 ans. Pour son anniversaire, elle s’est payé le luxe de battre Natalie Lanucha et Anne-Marie Dolinar, respectivement 58e et 54e joueuses au monde, qui dominent le circuit canadien depuis 2018. 

Frédérique est actuellement la 7e joueuse de tennis en fauteuil au classement mondial féminin junior. Dans le tableau des femmes, elle pointe déjà au 67e rang, une position qu’elle devrait améliorer très rapidement, vu les résultats obtenus cette année et les objectifs qu’elle s’est fixés pour la saison à venir. « Cette année, j’ai effectué plusieurs tournois junior en Angleterre, aux Pays-Bas, chez les adultes aussi, aux États-Unis ou encore au Canada. J’ai d’ailleurs gagné mon premier tournoi international à Vancouver. »

L’US Open

Un des objectifs qu’elle s’était fixés cette année était de participer aux Internationaux de tennis des États-Unis à New-York. Pour prendre part à son premier tournoi du Grand Chelem en junior, elle devait figurer parmi les sept meilleures joueuses au monde. Une seule invitation était attribuée. Au moment de l’US Open, elle était septième.

« C’était incroyable! C’était la première fois qu’une Canadienne était qualifiée à un tournoi majeur de l’International Tennis Federation (ITF). J’ai gagné mon premier tour et perdu au deuxième, en demi-finale, face à la joueuse qui a gagné le tournoi. Mais ça m’a donné une grande confiance. Je n’avais jamais joué devant un aussi gros public, même si nous étions sur les terrains d’entraînement. C’était très intimidant. On dirait que je ne le réalise pas encore. »

Comme la compétition se déroulait en même temps que le tournoi sénior valide, elle a vécu ces moments de la même manière que les joueurs étoiles du tennis, à leurs côtés. « J’ai croisé les joueuses pros. J’ai même vu Andrei Medvedev faire une sieste. » 

Jean-Claude Perron, grand-père et premier supporter, n’a presque pas de mots pour décrire la fierté qu’il ressent pour sa petite-fille. « Je suis très fier d’elle. Elle fait preuve d’une grande résilience. Elle est la preuve que même handicapée, elle peut faire de grandes choses. » M. Perron s’est d’ailleurs déplacé à New-York avec son épouse pour ne pas rater une miette des prouesses de sa petite-fille.

Objectif Grand Chelem

Pour l’année à venir, c’est dans le tableau sénior féminin qu’évoluera Frédérique. « L’objectif est de jouer des volets du Grand Chelem. Pour ce faire, il faut être dans les 14 premières joueuses au monde. Il y a deux invitations qui s’ajoutent, mais ce sont souvent des joueuses du pays organisateur. Pour l’Open d’Australie, les organisateurs envisagent d’organiser des tours de qualification avant d’entrer dans le tableau final. Si cela se fait, j’aurai plus de chances d’y participer », nous explique-t-elle modestement. 

Pour y arriver, elle doit engranger un maximum de points afin d’améliorer son classement. « La prochaine année, je vais tenter de multiplier les tournois en Europe, des tournois de plus grande importance. Je n’ai pas encore établi mon calendrier, mais le prochain tournoi risque d’être en février. »

L’entreprise montarvilloise COTE 100, dirigée par Philippe et Sébastien Leblanc, deux ex-joueurs de tennis de haut niveau (rappelons que Sébastien Leblanc a été 127e joueur mondial en double), a offert une commandite à la joueuse, tout comme la compagnie Wilson pour ses raquettes. 

Tous les sports

Plus jeune, Frédérique, qui s’affichait sans complexes dans les campagnes de financement des handicapés de guerre, démontrait déjà des aptitudes sportives en soccer, au hockey ou encore au karaté. À 12 ans, il devenait plus difficile de jouer au soccer, son sport de prédilection, alors elle a essayé le tennis, en jouant avec sa prothèse. 

Étudiante en sciences humaines, la joueuse est aussi bien dans sa tête que dans ses baskets. « Je souhaite devenir avocate en droit international », indique-t-elle. Vivre de son sport, elle aimerait ça, mais elle estime que c’est « le top 5 au monde qui peut se le permettre. Les tournois du Grand Chelem sont mieux rémunérés, mais beaucoup moins que pour les valides ».