Visite exclusive du site de Northvolt

Northvolt : visite exclusive d’un immense projet

Pour comprendre tous les superlatifs qui ont été apposés au gigantisme de l’usine Northvolt, il faut se rendre sur les lieux. Le journal a été le premier à le faire sur l’invitation des dirigeants de l’entreprise.

C’était la première fois que les dirigeants de Northvolt visitaient leur site, basé à Saint-Basile-le-Grand et à McMasterville, depuis leur acquisition le 31 octobre 2023. Pour cette occasion, Paolo Cerruti, cofondateur de Northvolt, a accepté d’être accompagné pour la première fois par un média et il a choisi le journal Les Versants. En toute décontraction, il a accepté de répondre à toutes nos questions pendant plus d’une heure, sans jamais se dérober.

Nous avons vu arriver le dirigeant de l’entreprise suédoise en covoiturage, avec son chargé des communications qui était au volant d’une voiture à essence. « Ma voiture électrique est en commande et il y a des délais », de nous préciser Laurent Therrien, porte-parole de Northvolt, qui connaît les mêmes aléas que bien des citoyens.

Après les difficultés d’usage d’ouvrir une grille cadenassée pour la première fois, le site, immense, s’ouvrait à nous. Difficile de ne pas prendre la voiture pour visiter les 175 hectares. Bien qu’envahi par les mauvaises herbes, un réseau routier interne au site nous permet de faire le tour du propriétaire, avec en toile de fond les couleurs d’automne du mont Saint-Hilaire et le bruit des voitures de la route 116. « Avec la 116 et le chemin de fer à côté, on est tranquilles. L’usine est moins bruyante que ça », n’oublie pas de nous mentionner M. Cerruti.

Phragmites

« Comme vous pouvez le constater, il y a de la phragmite partout. C’est une plante envahissante qui assèche le terrain. Elle est extrêmement dangereuse pour la faune et la flore, car ça pousse comme des champignons. Il n’y a que ça », d’expliquer nos hôtes. Une caractéristique du terrain largement mise de l’avant afin de souligner la pauvreté environnementale de l’endroit. Rappelons cependant que plusieurs espèces menacées ont aussi été répertoriées et qu’il faudra les considérer avant de lancer la construction. 

À une vitesse très réduite, pour être certain de rester sur une route destructurée par la végétation qui a repris ses droits après la disparition des dernières usines sur le site, il est encore possible de trouver, çà et là, d’anciens vestiges du passé industriel de l’endroit. Cependant, tous les bâtiments ont été rasés et le site semble nettoyé de tous ses déchets. « Il ne reste que quelques tuyaux de canalisation, mais le site est propre », nous confirme M. Cerruti, qui n’omet pas de nous signaler les terres qu’il faudra décontaminer. « Il y a un 300 mètres de terrain fortement contaminé, où rien ne sera construit et qui ne nous appartient pas, d’ailleurs. Cette partie formera une zone tampon entre McMasterville et notre site de production. » Collée à cette zone tampon, une autre parcelle est aussi souillée. Cette contamination est cependant contenue par une dalle de béton. « Nous devrons creuser jusqu’à cette dalle pour décontaminer cette zone. Cet endroit ne fait pas partie des premiers travaux, mais si l’on veut maximiser le site, c’est prévu de le développer. »

» Une entrée sera sûrement proche de la gare de Saint-Basile-le-Grand. »  – Paolo Cerruti

Le long du Richelieu

Une autre zone tampon, d’une centaine de mètres, ne sera pas développée par l’entreprise le long du Richelieu et du chemin Richelieu. « C’est une zone inondable et, selon les règles du ministère de l’Environnement, on ne peut rien y construire. C’est aussi un critère que nous avons pris en compte pour situer nos usines sur le site afin de savoir à quelle hauteur nous commençons à mettre les machines. »

Cette zone tampon devrait rendre invisible le site à partir de la route longeant la rivière, même si le bâtiment le plus élevé devrait mesurer 37 mètres de hauteur. « On devrait le voir de la route 116, mais pas de Saint-Basile-le-Grand, et du côté de McMasterville, nous comptons planter des arbres en lisière du site. »

Il faut dire qu’à aucun moment lors de notre visite, nous n’avons vu une habitation, même lointaine.

Deux entrées

Même si l’on trouve de rares trous dans la clôture entourant le site, traces de quelques promeneurs clandestins, la désormais propriété de Northvolt est totalement grillagée sur des kilomètres. Le site est tellement grand que le propriétaire doit penser à comment les employés pourront s’y mouvoir. Pour M. Cerruti « le site est tellement grand que nous devrons probablement avoir deux entrées pour éviter que ceux qui travaillent à un bout de l’usine n’aient pas 15 minutes de marche à faire pour se rendre à leur poste de travail ».

Un autobus électrique devrait déplacer le personnel d’un bâtiment à l’autre comme c’est déjà le cas dans l’usine située en Suède. Il faut dire que le premier juillet 2026, date à laquelle l’entreprise espère inaugurer son premier bloc, Northvolt ne sera qu’à 15 % de son projet final. « On construira ce site progressivement. Nous n’aurons pas 3000 nouveaux employés qui arriveront d’un coup », souligne le dirigeant, souhaitant ainsi rassurer les citoyens qui craignent pour le trafic que génèreront les nouveaux employés sur les routes avoisinantes et les problèmes de logement que cela pourrait créer. Pour y remédier, il est clair dans l’état d’esprit du dirigeant que le transport en commun jouera un rôle important. « On va essayer d’utiliser la gare. On veut promouvoir le transit par le transport en commun. Cela fait partie de notre ADN. On est aussi conscients des préoccupations du trafic. Donc, si l’on peut minimiser les impacts sur ce secteur, on le fera. Une entrée sera sûrement proche de la gare de Saint-Basile-le-Grand. Mais ce sont des détails de planification qui ne sont pas encore faits. »

En attendant, les discussions continuent entre l’industriel et les deux Villes, qui sont sur deux circonscriptions provinciales et deux circonscriptions fédérales où cohabitent trois chambres de commerce. « C’est une organisation complexe. Je ne vous cache pas que l’on aurait voulu être implantés sur une seule municipalité », de conclure avec le sourire M. Cerruti.