Northvolt : les travaux roulent sur la route 223

Les déboires en Suède de l’entreprise Northvolt ne semblent pas affecter les travaux qui vont bon train sur son site à Saint-Basile-le-Grand et McMasterville.

Les va-et-vient de centaines de camions par jour sur le site de Northvolt à Saint-Basile-le-Grand montrent que le site est en pleine activité. « Les travaux se déroulent comme prévu. Nous sommes à exécuter les travaux autorisés dans le cadre de l’autorisation du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) délivrée en juin dernier, c’est-à-dire l’aménagement de chemins d’accès et de systèmes de drainage des eaux pluviales temporaires et la construction du bâtiment de fabrication et d’assemblage de cellules de batteries Downstream 1 (DS1) et l’un de ses bâtiments connexes », d’indiquer au journal l’entreprise. 

Les travaux qui ont présentement lieu sur le site consistent à préparer le sol. « Jusqu’à ce jour, nous avons complété 60 % de l’excavation du premier bâtiment et 1 500 inclusions rigides ont été installées pour améliorer la stabilité du sol », nous précise-t-on. 

Hydro-Québec a déjà installé une enfilade de poteaux électriques pour alimenter le site. Rappelons qu’un bloc d’électricité de 354 mégawatts est réservé à l’entreprise.

Beaucoup de camions

En juin 2024, l’entreprise avait indiqué que cette période de travaux nécessiterait l’intervention de 350 à 500 camions par jour, qui accèdent au site par la route 223. Northvolt nous précise qu’elle a « des camions qui arrivent sur le site avec du sable, du gravier ou du béton, et des camions qui quittent le site avec des sols excavés ».

Beaucoup de ces camions déversent leur cargaison à la carrière de Varennes en passant par Sainte-Julie avant d’emprunter l’autoroute 30.

Pour Jacinthe Villeneuve, une résidente de McMasterville sur le bord de la route 223, « les camions me lèvent à 5 h 45 en passant devant chez moi », même si les travaux sont censés débuter à 7 h et s’achever à 21 h. Mais ce qui inquiète le plus Mme Villeneuve, une des porte-parole du Comité action citoyenne, c’est le pouvoir contaminant de la terre à Northvolt. « On souhaite depuis toujours avoir l’heure juste. Le gouvernement accuse les organisations citoyennes de ne pas avoir les bonnes informations en main, mais c’est tout ce que l’on demande. »

Échantillons prélevés

Le Comité action citoyenne a prélevé des échantillons d’eau de ruissellement aux abords de la rivière Richelieu, au niveau de Northvolt. « Les eaux de ruissellement proviennent des terres contaminées sur le terrain de Northvolt. Nous avons envoyé les échantillons dans un laboratoire indépendant à Montréal pour savoir quels sont les contaminants qui se déversent dans la rivière. Nous aurons les résultats prochainement. »

Rappelons qu’une partie du terrain de Northvolt situé à McMasterville contient 33 000 m3 de terres contaminées, selon les informations de Northvolt. Ces terres sont cependant confinées et aucun travail n’est prévu à cet emplacement. « Il est important de noter que la vaste majorité des sols que nous excavons sur le site en ce moment sont conformes à un usage résidentiel (catégorie A-B) ou industriel (catégorie B-C) et sont envoyés vers des lieux récepteurs autorisés par le MELCCFP pour y être valorisés. Les rares voyages de sols (moins de 0,2 %) qui dépassent le critère C sont envoyés vers un site de traitement autorisé par le MELCCFP », nous précise-t-on chez Northvolt. 

Route 223

Sylvie Cantin, une des porte-parole du groupe citoyen Mères au front, s’inquiète du nombre de camions circulant sur la route 223. « C’est préoccupant. Beaucoup de matières sont transportées avec un toit sur les camions… qui n’est pas toujours là. Ils utilisent la route 223, qui n’est pas faite pour ça », explique-t-elle.

Le journal a constaté quelques affaissements de la route du côté de la rivière. Les réparations sont rapidement effectuées. Il est difficile de savoir si c’est le passage des camions qui en est la cause.

Northvolt indique « travailler activement avec les équipes de construction afin de limiter les nuisances engendrées par le passage des camions, notamment par la présence de surveillants à l’entrée du chantier, le lavage de la route 223, le nettoyage des roues et des camions sur le site et la présence de toiles sur les camions ».

Inquiétudes à Varennes

Les citoyens du chemin de la Butte-aux-Renards, à Varennes, s’inquiètent des camions provenant de Northvolt qui déchargent les terres excavées de Saint-Basile-le-Grand à la carrière de Varennes proche de leurs habitations. » Nous, on a des puits, pas d’aqueduc, qui tirent l’eau de la nappe phréatique. Qu’est-ce qu’on va faire d’une eau qui pourrait être contaminée? La carrière a creusé un trou pour enfouir la terre de catégories A et B. Il n’y a aucune autre protection. La Ville ne vérifie pas cela. Il y a juste des bordereaux d’entrée à la carrière. Nous avons déposé une plainte devant le ministère de l’Environnement « , d’indiquer Richard Duff, membre du Comité des citoyens du chemin de la Butte-aux-Renards.

Depuis plusieurs années, les résidents du secteur se plaignent du très grand nombre de camions qui passent tous les jours devant chez eux. » Il y a une évolution majeure depuis l’arrivée de Northvolt. Nous avions, avant, de 600 à 800 camions par jour. Depuis que Northvolt déverse sa terre, c’est monté à 1000, 1200 camions par jour « , de constater M. Duff. (FK)