Northvolt et environnement

Mardi dernier, le journal Les Versants s’est vu recevoir un accès privilégié au site qui accueillera la giga-usine Northvolt Six. Reportage sur le terrain. 

« Ce terrain, jusqu’en 2015, était probablement l’un des plus contaminés du Québec. [Il y a eu] 120 ans d’industrie chimique lourde qui déchargeait sans protocoles de filtration », rappelle le cofondateur de Northvolt et PDG de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti.

« Le seul milieu humide d’intérêt. » – Paolo Cerruti

Avant que l’entreprise suédoise ne fasse part de son intérêt pour cet endroit, la compagnie CIL a occupé les lieux pendant plus d’un siècle. Elle se spécialisait dans la fabrication d’explosifs et de produits chimiques. Depuis la vente des terrains, autour de l’an 2000, ceux-ci sont demeurés inoccupés. D’ici la fin de l’année, des travaux préparatoires s’amorceront en vue d’un début de construction au printemps prochain. « Je pense qu’il y a une belle histoire à raconter sur le fait que ce même site devienne le tremplin pour une industrie qui doit décarboniser et garantir le progrès de notre société à venir », précise M. Cerruti.    

Le site est si vaste – 120 terrains de football – que nous nous sommes déplacés en voiture sur les chemins asphaltés laissés par la CIL. Vestiges d’une autre époque.  

Les espèces en danger

Un inventaire de la faune et de la flore a été réalisé selon les critères du ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). La tortue molle à épines, le petit blongios, le pioui de l’Est et la petite chauve-souris brune représenteraient les quatre espèces menacées répertoriées à l’endroit où Northvolt compte s’implanter. Northvolt s’est engagée à relocaliser ces espèces de la faune ou encore à aménager des aires protégées. Lors de notre passage sur les lieux, un grand oiseau noir s’est envolé d’un arbre à un autre. Peut-être l’une des corneilles d’Amérique répertoriées par les spécialistes.   

Pendant les travaux, des arbres seront abattus. Impossible, toutefois, pour Northvolt de dire combien seront sacrifiés ni la superficie totale qui sera rasée. « Oui, il y a des arbres qui seront coupés. Malheureusement, on ne peut pas faire autrement », reconnaît le directeur des communications chez Northvolt Amérique du Nord, Laurent Therrien.

Par contre, des arbres en lisière seront laissés en place en bordure du site. Du côté de McMasterville et de l’autre côté de la rivière Richelieu. « Du côté de la rivière, il y a aussi une bande de 50 à 100 mètres de large considérée comme zone inondable. Selon les règles du ministère de l’Environnement, c’est une zone non constructible. Cette zone-là restera une zone tampon vis-à-vis de la route du Richelieu », indique Paolo Cerruti. 

La flore  

La visite sur place a permis de constater la présence envahissante de colonies de roseaux. « Elles ont été recensées sur le site. C’est une plante envahissante dangereuse pour la faune et la flore qui bouffe tout sur son passage et qui pousse ici comme des champignons. Le terrain est rempli de ces colonies de phragmites », commente Laurent Therrien. 

Sur l’entièreté du terrain, il y aurait un cours d’eau intermittent d’une certaine valeur environnementale. « Northvolt s’est engagée à ne pas y toucher. C’est le seul milieu humide d’intérêt », assure Paolo Cerruti. 

Or, il y a d’autres milieux humides un peu partout, créés à la suite de la décontamination. « Le terrain n’a pas été nivelé; il y a des dépressions sur lesquelles l’eau pluviale s’est infiltrée, et… voilà, les grenouilles sont arrivées! » illustre le cofondateur. « C’est ce que l’on appelle des milieux humides anthropiques, créés par l’humain », ajoute son collègue. 

Au bout du compte, les villes de Saint-Basile et de McMasterville accueilleront un campus de huit bâtiments construits en deux phases. D’autres installations s’ajouteront au campus, pour les utilités, comme l’usine de traitement de l’eau et l’énergie. Le projet grandbasilois sera le jumeau de celui qui a vu le jour en Suède. Là-bas, les employés se déplacent en navette électrique d’un bâtiment à l’autre. 

Zone contaminée 

Du côté de McMasterville, il existe un endroit, une patch vue des airs sous laquelle se retrouve de la terre contaminée. Le journal a appris qu’en dessous, il y a un mètre de sol. Dessous, une capsule de béton fait toute la zone et encapsule la zone contaminée. C’est à cet endroit qu’était localisée l’usine CIL. « La zone contaminée, si l’on a à construire dessus, ça nécessitera de la décontamination. Si l’on veut maximiser l’utilisation du site, faudra le considérer », explique M. Therrien. Paolo Cerruti le seconde. « En fait, ça nécessitera de ramener tout ce qui a jusqu’à la dalle en béton et de l’entreposer, de la sortir du site.

Ça ne fait pas partie des premiers travaux que nous avons à faire. Mais si l’on veut développer l’entièreté du site, c’est prévu. »  

La zone tampon, du côté de McMasterville et qui n’appartient pas à Northvolt, est située au-delà de cette plaque de ciment. Elle est contaminée.  

Paolo Cerruti dit n’avoir aucune inquiétude particulière à atteindre au Québec les mêmes résultats qu’en Suède afin de se conformer aux règles environnementales. « Le plan, c’est de réitérer que l’on se soumettra à toutes les règlementations prévues au Québec. On sait ce qu’il faut faire et on sait comment le faire. Il faut qu’on le démontre. C’est l’objectif. On n’a rien à cacher. Aucun intérêt. On aura 14 permis, avec le ministère de l’Environnement, à soumettre, à défendre et à faire approuver », dit-il.