Northvolt à Saint-Basile-le-Grand

Saint-Basile-le-Grand confirme qu’elle a reçu les documents et les pièces justificatives nécessaires qui lui permettra d’ici les prochains jours d’émettre le permis d’abattage à l’entreprise Northvolt. Parmi ces papiers, notons le certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).  

« C’est un permis pour les autoriser à abattre des arbres et aménager le terrain, précise le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, joint par Les Versants. C’est ce qui leur permettra d’entamer le travail de base. »

Selon M. Lessard, Northvolt obtiendra ce permet bientôt. « On ne va pas retarder notre décision, dit-il. Northvolt et les groupes environnementaux nous donnent des informations que le ministère de l’Environnement ne nous transmet pas ou au compte-gouttes. »

Ce sont les équipes des services de l’urbanisme et du greffe qui travaillent sur le permis à émettre.   

L’obtention du certificat gouvernemental était conditionnelle à l’évitement des zones les plus sensibles du terrain, la minimisation de l’empreinte sur le site et l’engagement par l’entreprise suédoise de compenser leur impact sur les milieux humides et naturels. Les travaux préparatoires de la portion grandbasiloise du site pourront commencer. M. Lessard évoque un premier certificat « très parlant », puisqu’il concerne l’aspect environnement.

D’ici la fin des travaux, et de façon progressive, la Ville devra autoriser quelque 14 autres étapes. Par exemple pour permettre l’implantation des fondations, le déplacement des sols, l’utilisation de l’eau dans la rivière Richelieu… « À terme, ce sont 14 certificats d’autorisation que Saint-Basile-le-Grand devra émettre pour chacune des étapes à franchir », précise M. Lessard.  

La Ville sur le site 

Pendant les travaux, un inspecteur de la Ville sera sur place afin d’effectuer une surveillance constante des opérations et s’assurer que les conditions indiquées dans le permis ainsi que la réglementation municipale soient respectées. La réglementation de la Ville exige notamment que seuls les arbres dont l’abattage est nécessaire pour la construction des bâtiments et la réalisation des travaux soient coupés et que des bandes d’arbres soient conservées à proximité des routes 116 (boulevard Sir-Wilfrid-Laurier) et 223 (chemin du Richelieu). 

Un biologiste mandaté par Northvolt sera aussi sur le terrain en tout temps afin de sensibiliser les travailleurs aux différents enjeux liés à la biodiversité et reconnaître les espèces présentes sur le site afin de les protéger et de les relocaliser.

Du côté de l’assemblée nationale, à Québec, la porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, Désirée McGraw, a déclaré ce matin dans un communiqué que « l’ensemble du projet doit être soumis à un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) avant sa mise en chantier ». Mme McGraw insiste pour dire que la CAQ a contourné les règles pour en exempter l’entreprise, et ce, bien que 74 milieux humides sur le site soient touchés ainsi que plusieurs espèces mises en péril. « C’est une aberration et il faut la dénoncer », ajoute-t-elle.

Rappelons que Québec impose à Northvolt un BAPE pour le volet recyclage de batteries de son projet. 

L’élue provinciale évoque un manque de considération de la CAQ envers les enjeux environnementaux. « Le traitement spécial accordé à Northvolt par le gouvernement Legault crée un très mauvais précédent pour la nouvelle filière batterie, au Québec. L’approche de la CAQ mine cette industrie qui devrait être un net positif et stratégique pour le Québec. Accorder des fonds publics à quelque entreprise sans en exiger le respect des règlementations publiques de base en matière d’environnement est inacceptable », soutient celle qui est aussi députée de Notre-Dame-de-Grâce.  

Nouvelle préoccupante

Le Comité action citoyenne (CAC) est mobilisé face au projet Northvolt et dénonce cette première autorisation du MELCCFP. « C’est une nouvelle préoccupante que les citoyens de Saint-Basile-le-Grand, McMasterville et de tout le Québec, viennent d’apprendre », déplore la porte-parole du Comité action citoyenne, Jacinthe Villeneuve.

« Le gouvernement québécois a décidé d’ignorer les demandes répétées du CAC, des Mères au front, de l’Action boréale, du Conseil québécois du droit de l’environnement, et autres groupes environnementaux, de plus de 100 spécialistes de la biodiversité du milieu universitaire et journalistique, qui dénoncent tous l’absence de transparence du gouvernement et réclament, depuis des semaines, la tenue d’une enquête du BAPE pour l’entièreté du méga-projet industriel Northvolt.

Le CAC dénonce le MELCCFP, qui vient d’émettre les autorisations nécessaires à la destruction de 13 hectares de milieux humides en vue de la construction de l’usine de Northvolt. « Les milieux humides, de plus en plus rares en Montérégie, sont des filtres naturels et des puits de carbone essentiels pour contrer les changements climatiques. Reconnaissant la valeur de ces milieux naturels, un projet domiciliaire a été freiné par le ministère de l’Environnement au même endroit au printemps. Le même ministère qui autorise aujourd’hui leur destruction. A nos yeux, il s’agit d’une grande incohérence », insiste-t-on du  côté du Comité action citoyenne.

Implantation de Northvolt à Saint-Basile-le-Grand

Sur un terrain d’une superficie totale de 172 hectares, dont 141 hectares sont situés à Saint-Basile-le-Grand, soit 82 % du terrain, Northvolt s’établira sur les lots laissés vacants par la Canadian Industries Limited (CIL). Le projet de Saint-Basile-le-Grand comprend la production de cellules de batteries et une installation de recyclage de batteries.