Les tricoteuses derrière les bonnets des nouveau-nés

Hôpital Pierre-Boucher

À l’hôpital Pierre-Boucher de Longueuil, une équipe de tricoteuses bénévoles produit annuellement environ 4 000 bonnets pour nouveau-nés. Le journal Les Versants est allé à la rencontre de ces femmes demeurant dans l’ombre.

Les poupons qui voient le jour à l’hôpital Pierre-Boucher bénéficient depuis quelques années de la générosité d’une trentaine de tricoteuses, notamment Lili, lourdement handicapée. Celles-ci œuvrent au tricot de petits bonnets de différentes couleurs afin « d’offrir un meilleur départ » aux bébés. « Pour plusieurs d’entre eux, ce bonnet est un premier cadeau reçu à la naissance. Pour les parents, ce don prend toute son importance », observe la responsable des tricoteuses, Mélanie Léveillé.

Contrer la solitude un 24 décembre

Le 24 décembre prochain, Mélanie Léveillé passera la soirée à l’hôpital pour distribuer des bonnets dans la pouponnière. Une faveur accordée par la nouvelle chef de service du Centre mère-enfant en néonatologie et pédiatrie, Jessica Girard-Landry. « C’est purement égoïste, avoue celle qui est veuve depuis quelques années. Sa mère est décédée aussi dernièrement. J’ai une petite famille et depuis le départ de ma mère, la famille a pris une virée avec laquelle j’ai des difficultés. Plutôt que d’avoir de la peine seule à la maison, plutôt que de faire partie des statistiques des personnes seules à Noël, je préfère transformer ma soirée en moment positif. Je viens offrir mes services ici. »

« Pour plusieurs d’entre eux, ce bonnet est un premier cadeau reçu à la naissance. » – Mélanie Léveillé

Originalement, le projet des bonnets a vu le jour grâce à la générosité de quatre tricoteuses de la résidence Des Berges, à Boucherville, qui souhaitaient déjouer l’ennui. C’est la fille de l’une d’elles, alors infirmière au bloc opératoire de l’hôpital, qui a demandé à sa mère de bonifier la réserve de bonnets pour les nouveau-nés de césarienne.

Pour les tricoteuses actuelles, plusieurs isolées à la maison, ce bénévolat apporte un aspect social à leur quotidien. Louise Audet, par exemple, tricote depuis l’âge de six ans, grâce aux conseils de sa tante. Elle a tricoté 576 bonnets sur une période de 2 ans. Elle épate ses collègues tricoteuses. « Ça occupe mon temps. À la blague, mon mari me dit que j’accumule mes indulgences pour “l’autre côté”. Il y a aussi un côté thérapeutique à cette activité », constate Mme Audet, dont l’histoire prend une tournure plus malheureuse. À sa naissance, son petit-fils a manqué d’air pendant quelques minutes et souffre d’une paralysie cérébrale. « Il est resté branché à l’hôpital 34 jours. C’était très difficile pour le moral. » Elle s’est mise à faire des petites couvertures pour les poupons de l’endroit.

Selon Monique Blanchard, c’est une façon de donner au suivant et de participer à la communauté. Sa fille a reçu les bons soins de Sainte-Justine, et ses petits-enfants ont eu des bonnets à leur naissance, « un don apprécié ». Quand il s’agit de redonner aux organismes, cette bénévole préfère la « ligne directe », ce qui est le cas pour les bonnets tricotés à la main. Elle explique : « Un sourire, un “merci!” pour le temps investi, c’est mieux que de l’argent. »

Un service de qualité

Depuis que Mélanie Léveillé administre le service des bonnets tricotés, ceux-ci sont congelés 48 heures afin d’éviter la propagation de bactéries, emballés individuellement et triés selon différentes échelles de grandeur. Certaines tricoteuses s’amusent à confectionner des bonnets colorés à l’effigie de fêtes à venir (Noël, Saint-Valentin, Pâques, Halloween…). Pour les familles moins bien nanties, il y a aussi don de petites couvertures carrées. Afin de soutenir les parents en deuil périnatal, les bénévoles tricotent aussi ce qu’elles appellent des nids d’ange pour les bébés mort-nés. Ce qui permet aux parents de couvrir l’enfant avant de passer un dernier moment. « Tout est mieux coordonné, mieux uniformisé. C’est un ajout à la qualité du service », témoigne Hugo Bourgoin, du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est.

Bien que la population de Saint-Bruno-de-Montarville qui utilise le service ambulancier puisse depuis peu être dirigée vers l’hôpital Pierre-Boucher, il est impossible de dire, selon Hugo Bourgoin, si de nouvelles mamans montarvilloises ont pu profiter de ce service à la naissance de leur enfant.

Un travail apprécié

Pendant que Monique Blanchard et Louise Audet tricotent plus vite que leurs ombres à ses côtés, Mélanie Léveillé reprend : « À la maison, j’ai été élevée dans l’idée de redonner à mon prochain. Je suis heureuse d’aider ici. Mes tricoteuses, je les aime; je leur offre une carte d’anniversaire. Je prends soin d’elles parce que c’est important le travail qu’elles accomplissent pour l’hôpital. C’est apprécié. »

Des organismes comme le Cercle de Fermières et les Filles d’Isabelle s’impliquent aussi auprès des tricoteuses de l’hôpital Pierre-Boucher. « Nous avons des arrangements, des projets conjoints avec ces organismes », de noter Mme Léveillé, le bébé chez les tricoteuses, à 45 ans. Or, une relève serait appréciée, insistent les trois dames. « Les hommes sont aussi les bienvenus! » Un intérêt? Composez le 450 468-8111, poste 82057.

QUESTION AUX LECTEURS :

Que pensez-vous de ce service offert par des tricoteuses bénévoles?