Le taux de diplomation supérieur chez nous
La Commission scolaire des Patriotes a annoncé le 21 septembre dernier que ses élèves « sont plus nombreux que jamais à obtenir un diplôme d’études secondaires », malgré la tendance à la hausse des cas de décrochage au Québec.
Selon le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) affiche un taux de diplomation et de qualification record de 83,7 %, dépassant la moyenne de l’ensemble des écoles du réseau public québécois qui se situe à 78,4 %.
Dès la fin du mois de mai, on annonçait pourtant les conséquences désastreuses de la crise sanitaire sur les taux de participation aux cours et formations de niveaux secondaire et adulte. La Fédération québécoise de direction des établissements d’enseignement indiquait qu’environ la moitié des élèves de l’éducation aux adultes avaient déserté leur formation depuis le confinement et la fermeture des centres à la mi-mars. On rapportait un taux de décrochage allant jusqu’à 70 % dans certains centres d’éducation aux adultes.
Un modèle de réussite à Saint-Bruno
Si le scénario en est bien différent pour les MRC de Marguerite-D’Youville, de la Vallée-du-Richelieu et de l’agglomération de Longueuil en partie, c’est que les centres de formation qui collaborent avec les écoles secondaires afin de lutter contre le décrochage, ont agi rapidement en été :
« On avait plus d’élèves que l’année dernière en été, et ils ont bien réussi. La tendance se maintient même en automne, et nous en sommes très heureux. » – Annie Pontbriand, Directrice du CEAP
« Ce qui fait en sorte qu’on a été épargnés à ce niveau, c’est probablement le fait d’avoir eu les cours d’été en guise de période de transition pour faire des essais et ajustements auprès d’une plus petite clientèle, ce qui a fait qu’on était vraiment prêts pour l’automne. », explique Annie Pontbriand, Directrice du Centre d’éducation des adultes des Patriotes de Saint-Bruno-de-Montarville (CEAP). « La collaboration des membres du personnel, incluant les enseignants mais aussi tous les autres cadres d’emplois, a fait en sorte que nous relevions ce défi ensemble et que nos élèves réussissent, avec des taux de succès assez intéressants. On avait plus d’élèves que l’année dernière en été, et ils ont bien réussi. La tendance se maintient même en automne, et nous en sommes très heureux. On a une équipe qui travaille fort et en collaboration, et c’est ce qui a fait la différence. »
Un horaire spécial a été aménagé afin de respecter les normes sanitaires, tout en assurant un soutien en présentiel auprès de tous les inscrits : « Les élèves sont ici en demi-journées. Certains font de la francisation, d’autres complètent une scolarité de niveau secondaire. Si l’un d’eux est présent le lundi matin, le mardi, il viendra en après-midi. Ça leur permet de recevoir l’accompagnement d’enseignants sur place, et de poursuivre leur apprentissage à la maison le jour même. Pour ce qui est de notre clientèle plus vulnérable et ayant des besoins particuliers, on la reçoit au centre toute la journée. »
Des méthodes qui motivent les élèves
Étant donné que le centre proposait déjà un enseignement à distance efficace, la transition vers un usage plus marqué des outils numériques n’a pas été compliquée, ce qui a aussi facilité l’adaptation. « La motivation est relativement bonne, et l’horaire que l’on a instauré a fait en sorte que nos élèves soient plus motivés car ils ont accès à plus d’enseignants. Un élève va se présenter un matin et s’asseoir dans une classe-bulle, et il sera toujours assis au même endroit, dans le même local. Ce sont les enseignants qui circulent et qui viennent offrir un enseignement personnalisé à chaque élève. Notre offre de services est diversifiée parce que chacun a accès à plusieurs enseignants lors de la ronde des professeurs, et peut gérer librement le temps qu’il accordera à chaque matière. C’est un élément très positif de notre aménagement, qui encourage la motivation chez nos élèves. »
À la question à savoir si les nouvelles mesures instaurées seraient conservées, même dans un scénario hypothétique où le contexte sanitaire s’améliorait, la Directrice répond, « On verra à long terme si nous continuerons d’appliquer ces mesures, mais pas sans consulter le corps enseignant et étudiant. Il sera important de savoir comment ils ont vécu tout ceci avant de prendre une décision qui les affectera sur une période indéfinie. »
Des inquiétudes à l’aube d’une 2ème vague
« Nos enseignants ainsi que notre équipe de soutien administratif sont professionnels et font preuve de discipline quant au respect des mesures sanitaires et du port de l’EPI (Équipement de protection individuelle), de la protection oculaire, etc. Je ne vous dis pas qu’il n’y a pas d’inquiétude puisque nous sommes quand même en pleine pandémie, mais je pense que le fait que les normes établies soient claires et respectées, et que nous ayons travaillé à mettre en place un protocole d’urgence avec les membres du personnel, les rassure puisqu’ils ont été inclus dans la démarche. »
La formation aux adultes à Chambly
Du côté de Chambly, « c’est moins évident car les centres de formation pour adultes n’existent plus de jour. Les élèves qui veulent en suivre doivent se rendre jusqu’à Saint-Bruno ou à McMasterville », explique Stéphanie Verriest, Coordonnatrice du Créneau carrefour jeunesse du centre de formation Intégration Compétences. L’École du Fort de Chambly, créée par le centre de formation alternative Intégration Compétences, offre une aide complémentaire aux écoles secondaires et aux services des centres pour adultes, afin d’aider les élèves en difficulté et en décrochage à se responsabiliser et à développer une certaine autonomie. Elle priorise les élèves de Chambly, Carignan et Richelieu, mais accepte souvent des élèves refusés de centre de formation aux adultes qui n’avaient pas de place pour les accueillir vu la réduction des groupes de classe afin de respecter les normes sanitaires, et le manque de professeurs.
Julie Martel, éducatrice à l’École du Fort, raconte que malgré tous les efforts et les résultats encourageants, elle a malheureusement perdu des jeunes qui se sont démotivés à cause du confinement : « J’ai des jeunes qui avaient décroché, puis ‘raccroché’ à l’École du Fort, mais qui malheureusement ont de nouveau tout lâché à cause du confinement. »
Le Centre d’Éducation des adultes des Patriotes travaille en partenariat avec l’École du Fort, pour que les jeunes de secondaire 2, même s’ils sont plus jeunes, bénéficient de l’aide des deux établissements. Ils pourront aller 3 matins par semaine suivre des cours en classe à Saint-Bruno, puis poursuivre leurs travaux à l’École-du-Fort en après-midi. D’autres programmes à distance, telle que la cuisine collective pour développer l’autonomie alimentaire des jeunes en difficulté, seront mis en place pour mieux répondre à leurs besoins.