DPJ : Le nombre de signalements toujours en hausse
La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) en Montérégie connaît une hausse annuelle de signalements de 10 %. Ils touchent des enfants de tous les âges et de tous les milieux.
Josée Morneau, directrice de la protection de la jeunesse de la Montérégie, mentionne avoir analysé avec ses collègues cette augmentation afin de comprendre. « Il n’y a pas qu’un seul facteur », indique-t-elle pour expliquer cette hausse. Elle cite qu’il y a eu de la sensibilisation auprès des milieux hospitalier, scolaire et de la sécurité sur l’importance de dénoncer une situation. « Il y a peut-être plus de signalements à cause de cela », dit-elle.
De plus, les histoires de maltraitance qui sont médiatisées, comme celle de la fillette de 7 ans de Granby, décédée, interpellent la population. « Ça augmente la sensibilité de la population, qui aura plus le réflexe d’appeler », croit Mme Morneau.
Ils interviennent principalement dans les cas d’abus physique, d’abus sexuel, de négligence ou lors de troubles de comportement. Les jeunes enfants ne sont pas les seuls auprès desquels la DPJ intervient. L’exploitation sexuelle et la cyberintimidation sont de nouvelles problématiques auxquelles font face les intervenants pour la protection de la jeunesse et qui augmentent également le nombre de signalements.
Pour pallier cette hausse, des postes ont été créés à la suite d’un financement en 2016-2017. Au total, on dénombre en Montérégie un peu moins de 500 personnes qui travaillent à la protection de la jeunesse. Cependant, à la DPJ Montérégie, on indique que des postes sont à pourvoir, soit cinq à la réception des signalements et vingt pour les évaluations.
Processus
Lorsqu’un signalement est fait, que ce soit par un professionnel ou un citoyen inquiet, des vérifications sont entamées.
« Parfois, le signalement est suffisamment grave pour qu’on intervienne immédiatement; d’autres fois, des vérifications sont nécessaires », précise Mme Morneau.
Après les vérifications, la DPJ voit si le dossier sera fermé ou poursuivi par intervenants. « La ligne est mince entre le besoin d’être protégé et celui d’avoir recours aux services », souligne la directrice.
Si le dossier demeure ouvert, des intervenants rencontreront les membres de la famille, en groupe ou de façon individuelle, selon la situation. La personne déterminera au terme de cette rencontre si le ou les enfants sont en danger. Si l’affirmative est conclue, les intervenants regarderont les mesures pour une protection adéquate. Mme Morneau précise que le placement dans une famille d’accueil est un moyen parmi d’autres.
« Parfois, le signalement est suffisamment grave pour qu’on intervienne immédiatement; d’autres fois, des vérifications sont nécessaires. » – Josée Morneau
« La loi indique que les premiers représentants sont les parents, dit-elle. On tendra le plus possible pour qu’ils soient maintenus dans leur milieu familial avec un filet de sécurité. On mobilisera l’école et la famille élargie. On peut demander à une grand-mère d’aller faire un coucou de temps en temps pour donner un coup de main. » Des professionnels peuvent aussi être impliqués pour aider la famille.
Elle précise que 60 % des enfants suivis demeurent dans leur famille. Cependant, lorsque le cas est trop grave et que la famille ne semble pas vouloir prendre les mesures pour rétablir la situation, les enfants en sortiront. En premier lieu, la DPJ tentera de les placer chez un membre de la famille élargie ou une personne significative pour l’enfant. « On ne veut pas trop déraciner l’enfant », mentionne Mme Morneau.
Si aucune personne ne correspond, la DPJ se tournera vers des familles d’accueil ou un centre. Cet endroit est utilisé si le jeune a besoin de services, notamment pour des troubles de comportement.
Recrutement de familles
En partie en raison de la hausse des signalements, mais également pour trouver un milieu adéquat pour chaque enfant, la DPJ est continuellement à la recherche de familles d’accueil. On en dénombre plus de 500 actuellement, mais il en faudrait une quarantaine de plus.
« On a besoin de familles pour accueillir des enfants de tous les âges et pour qu’ils soient le plus proche possible du milieu. La Montérégie, c’est un grand territoire », indique-t-elle.
La directrice soutient qu’il n’y a aucun enfant sujet à être placé qui ne l’est pas. « On va trouver. Parfois, ça veut dire qu’il sera plus éloigné de son milieu ou qu’on demandera à une famille d’en prendre un de plus. Mais c’est clair qu’il sera placé », souligne-t-elle.
Mme Morneau réaffirme que les signalements sont confidentiels. « C’est important. Il ne faut pas que les gens aient peur de dénoncer. »
BOITE INFO
Commission de la protection de la jeunesse
Le gouvernement du Québec a lancé à la fin mai une Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse. Cette Commission d’enquête sera présidée par Régine Laurent, ex-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ). Cette dernière sera assistée de deux vice-présidents, Michel Rivard, avocat à la DPJ, et de l’expert André Lebon. Cette commission sera aussi composée de neuf commissaires, soit un représentant de chacun des partis ainsi que cinq experts.
Le gouvernement souhaite obtenir un rapport au plus tard le 30 novembre 2020. Cette commission spéciale a été créée à la suite de la mort d’une fillette de Granby, victime de négligence.
La Commission a pour mandat d’effectuer « une analyse globale des dispositifs de protection de la jeunesse dans les différents réseaux d’intervention concernés de manière à identifier les enjeux et les obstacles et à formuler des recommandations sur les améliorations à apporter ».