Le ministère répond à propos des cerfs de Virginie

À la suite des articles parus dans Les Versants la semaine dernière sur la prolifération des cerfs de Virginie dans notre région, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) répond à nos questions. 

Les cerfs de Virginie ont faim. En hiver, ils se déplacent, en quête de nourriture.

Se nourrir

Par exemple, ils ont pris d’assaut le terrain d’une citoyenne de Saint-Bruno-de-Montarville, Gloria Maksoud Khouri. Ils ont défiguré une grande partie de la végétation : ifs japonais, haies de cèdres, hibiscus, cèdres dorés, houx, pelouse jonchée d’excréments…

« La présence des cerfs en milieu urbain est habituellement temporaire. Au printemps, avec la végétation abondante, ils retournent dans les boisés », mentionne la conseillère en communication à la Direction générale de la faune en région (DGFR), Valérie Ouellet. 

Le MELCCFP rappelle que ces bêtes peuvent franchir le fleuve par les glaces ou à la nage, comme ça s’est vu récemment à Boucherville. « C’est pourquoi il est important de ne pas nourrir des animaux sauvages afin d’éviter d’attirer les cerfs en milieu urbain et créer une dépendance à la nourriture fournie par les humains », illustre Valérie Ouellet.

Les tiques

Lorsque le journal est allé rencontrer Gloria Maksoud Khouri, celle-ci s’inquiétait des tiques et de la maladie de Lyme. Puisque le chevreuil est un vecteur de transport de la tique. « Même si le cerf n’est pas porteur de la maladie de Lyme, il peut transporter la tique à pattes noires qui elle, peut être porteuse de la maladie, et ainsi contribuer à la propager », explique Mme Ouellet. 

La porte-parole précise l’enjeu de la tique et de la maladie de Lyme liées à la présence du cerf de Virginie en milieu urbain. « Le risque de piqûre est présent surtout au printemps et à l’été, mais il persiste jusqu’à l’automne. Pendant cette période, il est important d’adopter des mesures de protection pour soi et pour son animal. »

« La présence des cerfs en milieu urbain est habituellement
temporaire. » – Valérie Ouellet

Diverses mesures peuvent aider à prévenir la maladie chez les humains et les animaux*. « La tique est présente à bien des endroits, sans la contribution du cerf de Virginie », rappelle-t-elle.  

Par ailleurs, la Montarvilloise que le journal a visitée se demande aussi si elle doit vider l’eau du bassin dans sa cour, puisque les chevreuils s’y sont abreuvés… Selon le MELCCFP, ce n’est pas nécessaire.    

Le problème plus grand que nature

Pour Serge Moquin, un Montarvillois qui s’est manifesté lors de la période de questions de l’assemblée régulière du conseil municipal du mois d’avril, la présence du cerf au-delà des limites du parc national du Mont-Saint-Bruno est non seulement un problème provincial, c’est aussi un enjeu d’envergure municipal. « On ne peut pas dire que l’on n’a pas une responsabilité municipale », disait-il.

De son côté, Saint-Bruno mentionne qu’elle souhaite voir ce dossier avancer. « Le dossier des cerfs du parc national est de juridiction provinciale (SÉPAQ). Nous avons eu quelques échanges avec le MELCCFP sur ce sujet. Toutefois, dans le contexte où la SÉPAQ avait annoncé un plan d’action en 2022 pour gérer la population de cerfs sur son territoire, nous avions maintenu la SÉPAQ comme principal interlocuteur dans ce dossier », répond la directrice du Service des communications, Manon Lacourse.

Le parc national du Mont-Saint-Bruno est un parc provincial. Il est de juridiction provinciale et des deux ministères concernés, Faune et Parcs nationaux.

« Dans le cadre d’enjeux locaux avec la faune sauvage, dont le cerf, le MELCCFP collabore avec ses partenaires locaux en partageant son expertise pour documenter la problématique et définir des solutions appropriées. Les municipalités et les gestionnaires de territoires demeurent toutefois responsables de la mise en œuvre des pistes de solution proposées », exprime Valérie Ouellet. 

Lorsqu’il y a prolifération, comme c’est le cas chez le cerf de Virginie, le rôle du MELCCFP dans cette gestion locale est d’accompagner les villes et organismes à l’aide d’experts dans le diagnostic de leur situation, les travaux d’inventaire, l’analyse des outils et des pistes d’action en fonction d’expériences similaires qui sont documentées dans la littérature scientifique. 

Valérie Ouellet rappelle que le MELCCFP détient une expertise en matière de gestion du cerf de Virginie et que le ministère accompagne les Villes qui le souhaitent dans la gestion des populations de chevreuils sur leur territoire. Il les informe aussi des différentes méthodes à utiliser avec les avantages et inconvénients de chacune. « Il revient aux municipalités de prendre les actions souhaitées et de mettre en œuvre les pistes de solution proposées par le ministère afin de maintenir des populations de cerfs à des densités qui respectent la capacité de support des écosystèmes et qui réduisent les désagréments pour les citoyens », poursuit la relationniste de la DGFR.

Le MELCCFP peut délivrer un permis SEG. Celui-ci autorise la capture des animaux sauvages à des fins scientifiques, éducatives ou de gestion de la faune par une personne ou un organisme oeuvrant dans ces domaines. Valérie Ouellet évoque l’autorisation du « prélèvement d’animaux importuns si la situation le justifie ».

Une modification réglementaire est en cours pour permettre la réalisation d’opération de chasse de population dans les parcs nationaux.