Le danger sur les rails

Le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, rappelle les risques que représentent le passage des trains de marchandise. Tous les jours, la municipalité est traversée par des wagons de matières dangereuses.

« C’est potentiellement le danger le plus grave qui nous guette », insiste M. Lessard.

Depuis qu’il est maire à Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard n’a jamais hésité à dire que la ville est enclavée dès qu’un train de marchandise circule sur cette voie ferrée qui longe la route 116. D’ailleurs, il a fait de ce dossier un enjeu de longue date, puisqu’il surveillait aussi la situation en tant que député fédéral pour le Bloc québécois de 2008 à 2011. Il avait alors réussi, avec sa collègue Caroline Saint-Hilaire, aussi députée à Ottawa, a déposé un projet de loi pour contraindre les compagnies ferroviaires. Après avoir rencontré le vice-président du Canadien National (CN), ils avaient réussi à faire en sorte que le nombre de wagons ne dépasse jamais 100. Au cours des années, les choses ont changé, et le nombre de wagons a grimpé à 200; tout est à recommencer.

« On amorce cette démarche. Le comité est responsable d’un gros mandat. Un budget de
20 000 $ lui a été accordé. » – Yves Lessard

Pour plusieurs, ce chemin de fer est « une cicatrice qui sépare en deux Saint-Basile-le-Grand ». Les résidents du côté nord et les citoyens au sud, divisés par les rails.

« C’est un danger très important. On le voit avec ce récent déraillement. Il y a là un potentiel », mentionne en entrevue Yves Lessard, qui fait référence à la catastrophe environnementale en Ohio.

Le déraillement d’un train de 50 wagons est survenu le 3 février à East Palestine, en Ohio, aux États-Unis. Le convoi transportait un produit chimique. L’accident n’a fait aucune victime, mais a provoqué un incendie majeur.

C’est à ce déraillement que faisait référence le premier magistrat. « Le passage des trains à Saint-Basile-le-Grand demeure un dossier qui garde toute sa pertinence. Il y a urgence d’intervenir », explique M. Lessard.

Après une pause, le maire reprend. « L’idée n’est pas d’alerter la population inutilement. C’est pourquoi je parle de ça avec une certaine retenue. Surtout dans la période actuelle; les gens sont à fleur de peau. Mais il faut en parler. Les citoyens doivent être conscients des risques. »

Comité aviseur sur la sécurité ferroviaire

Au cours des derniers mois, Yves Lessard a mis sur pied un comité aviseur sur la sécurité ferroviaire composé de quatre citoyens, deux fonctionnaires et deux conseillers municipaux. Laurie-Line Lallemand-Raymond et Martin Leprohon sont les élus qui en font partie avec Yves Lessard . Le mandat du comité aviseur sur la sécurité ferroviaire est de recommander au conseil municipal des actions et des initiatives en matière ferroviaire; effectuer une vigie sur ce qui concerne la sécurité ferroviaire, et ce, à tous les paliers gouvernementaux; accepter tout autre mandat qui pourrait lui être confié par le conseil municipal.

Le journal Les Versants a appris que l’équipe va se pencher sur la question des convois et tous les risques qui les concernent : vibrations, dommages au solage, vitesse, erreurs de signalisation, fréquence des passages, risques d’affaissement de terrain et transport des matières dangereuses. « On amorce cette démarche. Le comité est responsable d’un gros mandat. Un budget de 20 000 $ lui a été accordé », poursuit le maire.

Une firme indépendante effectuera des mesures pour réaliser un relevé sur la vitesse des wagons, la vibration, le bruit… « Le comité aviseur nous permettra d’avancer dans la sécurisation de la voie ferrée et d’arriver avec des revendications concrètes présentées au CN. Montrer avec les analyses que c’est ça l’impact! »

C’est une chose. Mais l’autre aspect à adresser, éventuellement, c’est le contenu. «Dans le temps, nous voulons obtenir plus d’informations sur ce qui est transporté dans ces convois », commente M. Lessard.

Quelles matières?

Les trains de marchandise passent quotidiennement à hauteur de Saint-Basile-le-Grand. Or, le contenu de leurs wagons demeure un mystère. La liste des matières transportées par train sur le territoire est entre les mains du directeur-général et du directeur du Service du génie. « Le CN nous demande d’en conserver la confidentialité. En cas de déversement, on nous informe des matières déversées et des mesures d’urgence à mettre en place. C’est la Ville qui a la responsabilité d’intervenir. Ce n’est pas sérieux! », plaide Yves Lessard.

Non seulement la Municipalité devrait intervenir, mais son coordonnateur des mesures d’urgence apprendrait à la dernière minute les matières dangereuses impliquées dans le déversement. « C’est bien le problème! », affirme le maire.

Malgré les risques potentiels que pourrait poser la situation actuelle dans des villes telles que Saint-Basile-le-Grand et Saint-Bruno-de-Montarville, le Canadien National respecte les normes de sécurité en place, et ce, même si ses convois peuvent compter 4 ou 5 locomotives par train et parfois jusqu’à 200 wagons.

Le 6 juillet prochain sera soulignée le 10e anniversaire de la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic.