Le 14 février, Nathalie Roy battra un record à l’Assemblée nationale
Nathalie Roy, députée de Montarville et présidente de l’Assemblée nationale du Québec, entre dans l’histoire en devenant la femme ayant présidé l’assemblée parlementaire le plus longtemps. Elle a accepté de nous recevoir dans ses bureaux.
Elle était la deuxième femme à accéder au trône de la présidence de l’Assemblée nationale du Québec le 29 novembre 2022. À partir du 14 février 2024, elle sera la femme à avoir garder le fauteuil de la présidence le plus longtemps au Québec.
Louise Harel avait occupé ce poste du 12 mars 2002 au 4 juin 2003, devant le quitter avant la fin de son mandat. Une chose qui ne devrait pas arriver à mme Roy.
Même si les deux femmes ont brisé la tradition masculine à Québec, Mme Roy franchi tous les jours les portes du « bureau du président », comme on peu le lire au-dessus de l’entrée de son lieu de travail. « C’est l’histoire et ça va rester là. C’est le patrimoine, cependant, le jour de mon élection, j’étais très contente d’avoir été la deuxième femme à occuper ces fonction en 231 ans de parlementarisme québécois. Je suis la première présidente à être élue pour un mandat complet. C’est un très grand privilège et je le dois aux citoyens de Saint-Bruno-de-Montarville et de Boucherville. Ensuite, lorsque j’ai posé ma candidature, j’ai été élue par acclamation, et je le dois ici à tous les députés de l’Assemblée nationale. »
Sur son bureau, son titre de présidente figure quand même sur la tasse que la présidente de l’Assemblée nationale française, Yaël Braun-Pivet, lui a offert.
« Devenir présidente pour moi c’était une suite logique de ma carrière journalistique, de ma formation académique en tant qu’avocate, et aussi un rappel à ma vie de parlementaire. C’est un amalgame de tout ça qui fait que j’ai pu avoir l’audace de mettre mon nom à titre de présidente et avoir le grand privilège d’être élue par acclamation. »
Un poste de rêve
Mme Roy, qui est depuis plus de 15 mois le troisième personnage politique de la province après la lieutenant-gouverneure du Québec et le premier ministre, semble libérée du poids de la partisanerie. « Mon rôle est d’équité et de neutralité. Je vous confirme que le fait de ne plus être partisant et de défendre uniquement les droits et privilèges de tous les élus, cela me fait un bien fou. J’ai fait six ans dans l’opposition, puis quatre ans au sein du gouvernement, mais lorsque vous accédez au poste de la présidence, vous sortez de la confrontation. Je ne suis plus membre du caucus du gouvernement, je ne vais plus aux réunions, je ne participe plus aux événements de financement, je ne fais plus rien de partisant et je ne m’en porte pas plus mal. Cependant on m’attendait. »Qu’elle montre qu’elle est capable! » C’est ce que je tente de faire tous les jours pour être équitable et juste. C’est le plus beau poste au Québec. Et sachant que c’est un privilège, je m’évertue à chaque jour de donner mon meilleur, par respect pour les citoyens et les élus qui m’ont choisi.»
Un exemple féminin
« En 2022, tous les partis politique ont présenté un nombre record de femmes élues au parlement du Québec. J’en suis très fière. Et cela s’est fait sans quota. Les partis ont senti que la population en était là. Le Québec est une nation avant-gardiste. Je m’en rend compte quand je regarde les autres législatures dans le monde. Les endroits où l’on compte autant de femmes élues, sont des pays qui imposent des quotas. La femme n’est pas une minorité, c’est la moitié de l’humanité. Elle doit prendre sa place et au Québec elle le fait. J’ajoute toujours à cela, aux côtés des hommes de bonne volonté qui comprennent que c’est à deux qu’on peut faire avancer les sociétés. »
Surprise et émue d’être un exemple féminin pour bien des femmes, c’est avec beaucoup d’émotion qu’elle se rappelle d’un moment qui l’a touché. « J’avais une rencontre avec mon homologue en Ontario, quelques semaines après mon élection. À l’aéroport de Toronto, un Québécois est venu me voir pour me dire que lors de mon discours, il était avec sa fille de 11 ans et »elle m’a dit, papa, il y a une femme qui a le droit de s’assoir là? » Cela m’a touché. Si je peux aider des jeunes filles à avoir confiance en elles, c’est important. Je ne le réalisais pas. Je ne l’ai pas eu facile dans la confiance en moi et j’ai travaillé bien fort pour tout ce que j’ai pu accomplir. Il y a des personnes très significatives qui sont apparues dans ma vie autant d’hommes que de femmes et qui m’ont permi de m’épanouir et de foncer. Si la position que j’occupe peut donner confiance particulièrement à des jeunes filles, je vais avoir réussi quelque chose. » La présidente participe d’ailleurs aux activités d’une OBNL, Les Ambitieuses, qui a pour mission d’inciter les jeunes filles de 12 à 17 ans à s’intéresser à des métiers qui ne sont pas perçus comme féminin. « Je me suis jointe à ce programme de façon numérique pour dire que la politique c’est aussi la place des femmes. C’est faisable. C’est sûr il faut travailler, mais ce sont des positions qui sont accessibles. »
Le patrimoine
En plus de vouloir encourager les jeunes filles à ne pas s’imposer de limite, Mme Roy attache une importance particulière au patrimoine. Lorsqu’elle a été ministre de la Culture, elle a renforcé le pouvoir des Villes en modifiant la Loi sur le patrimoine culturel. En arrivant à l’Assemblée nationale, elle a fait laver des tapis ancien voués à disparaitre, pour meubler ses bureaux. Elle a demandé au personnel de faire des recherches sur du mobilier délaissé marquant l’histoire des lieux, qui orne désormais les bureaux de la présidente. Chaque chaise, chaque toile, chaque objet ayant fait l’objet d’une recherche a désormais ses origines affichées. « En étant président de l’Assemblée nationale, je suis présidente de la gestion de la gouvernemence, de l’administration du parlement, et de plusieurs dépendances. Les citoyens doivent savoir que tout cela c’est à eux. C’est leur richesse, leur patrimoine et moi je veux en prendre soin. J’ai toujours une sensibilité au patrimoine. À mon poste de ministre de la Culture j’ai trouvé ça fabuleux, mais tout cela c’est pour les citoyens. Un exemple, la bibliothèque de l’Assemblée nationale a été restaurée, c’est une des plus belles bibliothèque au Québec et c’est gratuit, c’est aux citoyens. Il faut faire connaitre ces lieux. Les gens ignorent qu’ils peuvent aller au restaurant parlementaire, c’est ouvert aux heures du midi. Il y a des visites gratuites de l’Assemblée nationale. Il faut que les gens sachent que c’est à eux. »
Lorsqu’on lui parle de son avenir à la présidence, elle indique ne pas y penser. « Comme disait Robert Bourassa, en politique 6 mois c’est une éternité. »