L’abstrait libérateur

Plusieurs œuvres de l’artiste grandbasiloise Raymonde Fortin, alias nitroF, égaient actuellement les murs de la bibliothèque Roland-LeBlanc de Saint-Basile, et ce, jusqu’au 26 mai 2024. Aujourd’hui, elle nous dévoile l’histoire derrière son exposition intitulée Mon parcours.

« nitroF, c’est Fortin à l’envers », dévoile l’artiste peintre de Saint-Basile, Raymonde Fortin. « Ça me vient de mon grand-père paternel, cette idée. Ça lui arrivait de signer comme ça pour garder un certain anonymat. »

Reconnaissance

Mme Fortin n’est pas motivée par une reconnaissance particulière que pourrait lui procurer la pratique de son art. « Je pense que la signature sur une toile, c’est le moins important », raconte-t-elle en se remémorant des moments où des professeurs et des formateurs étaient en grand désaccord avec elle.

« Qu’importe », semble-t-elle dire par son haussement d’épaules. Pour elle, il n’y a pas de succès à aller chercher avec ses œuvres. 

« C’est vrai que vendre, c’est bien », admet-elle en rigolant. « Mais, ce qui est encore mieux, c’est de voir les réactions des gens, leurs interprétations et les émotions que ça peut créer. »

L’importance du mouvement

« Tout part du trait. C’est un mouvement qui me vient intuitivement », nous explique Mme Fortin. « Il n’y a jamais d’idée de départ. Je ne travaille pas avec le figuratif ». Encore une fois, l’intuition de l’artiste intervient lorsque la toile se retrouve complétée. Une fois devant le résultat final, Mme Fortin trouve un titre à son œuvre, mais elle ne lui accorde pas une grande signification. Elle souhaite que chacun puisse y voir quelque chose de différent. 

L’artiste nous révèle aussi avoir très rarement recours à ses pinceaux : « J’utilise le bouchon de mon pot d’encre pour faire mes traits en noir. » Pour elle, cette technique libère son mouvement de manière plus authentique.

Mon parcours 

L’exposition porte le nom Mon parcours puisque la collection de 30 œuvres la composant représente une chronologie du travail de l’artiste depuis ses débuts en 1992. 

« Je m’étais inscrite à un atelier donné par la Ville de Saint-Lambert sur le dessin japonais. » Depuis, elle nous explique que « la notion du trait de départ » et de « travailler à partir d’une ligne » ne l’a jamais quittée. 

Elle incorpore à cette approche son penchant pour les couleurs vives. Elle veut créer quelque chose qui est à la fois vivant et apaisant. L’aquarelle est la méthode qu’elle utilise le plus souvent.

Issue d’une famille qui a toujours accordé de la valeur aux arts et à la musique, Mme Fortin ne se surprend pas de passer autant de temps à la pratique de son art aujourd’hui.

Mon parcours est la première exposition solo de Mme Fortin. 

Les bienfaits de l’abstrait

Enseignante et orthopédagogue de profession, Mme Fortin ressent au fil de sa carrière une prédisposition à aimer l’abstrait. Elle nous raconte des moments où elle encourageait la création intuitive de ses élèves pour les aider à être « spontanés » et à ne pas se limiter dans leur expression de soi.

« Dans ma dernière classe avant ma retraite [en 2010], près du tiers de mes élèves étaient anxieux », dévoile Mme Fortin. Selon elle, l’abstrait est un moyen de « relâcher la pression » pour entrer dans un mode presque « méditatif ». C’est une forme d’art qui permet de s’investir « sans se perdre dans la complexité » sous-jacente à la « culture de performance et de perfectionnisme » dans laquelle on évolue. 

« Pour ceux qui disent que l’abstrait, c’est facile, ils ne comprennent pas [la sensibilité] que ça implique », considère l’artiste.