Le chanteur des Cowboys fringants s'éteint

Hommages à Karl Tremblay

Le chanteur des Cowboys fringants, Karl Tremblay, est décédé d’un cancer de la prostate à 47 ans. La nouvelle a été communiquée hier, en plein Movember, provoquant une onde de choc partout au Québec. 

« Quelle triste nouvelle! » s’exprime d’emblée Roger Lacoste. 

Le Montarvillois a accueilli les Cowboys fringants à trois reprises à Saint-Bruno-de-Montarville, à l’époque où il diffusait des spectacles au Centre Marcel-Dulude, le 19 février 2005, le 23 mai 2009 et le 10 octobre 2013.  

Il était 16 h 50, hier, lorsque la nouvelle a été annoncée sur les réseaux sociaux des Cowboys fringants. « C’est avec une tristesse indescriptible que nous vous annonçons le départ de Karl. Il a été un guerrier exemplaire devant la maladie et un modèle pour nous tous. »

La nouvelle a provoqué une vague de réactions du côté des fans, des membres de la colonie artistique et des politiciens. Au cours des heures qui ont suivi, les stations de radio FM, de Énergie à Rouge en passant par le 98,5, sont allées en émission spéciale, diffusant le catalogue des Cowboys fringants et accumulant les témoignages. Des pleurs se faisaient entendre dans les radios.

Sur les réseaux sociaux, les réactions, les commentaires, les partages se comptent par milliers. Des villes ont mis leurs drapeaux en berne, dont Saint-Bruno-de-Montarville. « Les drapeaux de la Ville seront en berne ce matin [16 novembre], et ce, pour toute la journée, en hommage à Karl Tremblay et à l’empreinte indélébile qu’il a forgée dans le coeur de la culture québécoise contemporaine », commente le maire, Ludovic Grisé Farand. Du côté de Sainte-Julie, les drapeaux seront en berne toute la journée « pour souligner la mémoire d’un grand homme de la musique québécoise ».

« Quelle triste nouvelle! » – Roger Lacoste 

Les fans témoignent

Maëlle Péloquin passait devant la télévision lorsqu’elle a lu le message « Décès de Karl Tremblay ». Pendant un moment, elle ne comprenait pas le sens de ces quatre mots, n’osant pas imaginer le pire. « Je suis restée devant la télévision à essayer de comprendre. Quand mon cerveau a enfin compris, je suis allée dire la nouvelle à mes parents, grands fans des Cowboys fringants », répond Maëlle Péloquin. 

L’annonce du décès du chanteur a été un choc pour la jeune femme de 18 ans, qui ne pleure pas si facilement le départ d’une personnalité connue. Or, les Cowboys fringants ont pris une grande place dans son cœur et dans sa vie. « Puisque c’est une première pour moi de voir en direct l’avis de décès d’un artiste que j’aime, je ne savais pas comment réagir. Ensuite, avec toutes les publications, j’avais la gorge serrée pendant très longtemps, des larmes par moment. »

La chanson « Ti-Cul », que l’on peut entendre sur l’album La Grand-Messe, signifie beaucoup pour elle, puisqu’elle est étudiante en théâtre. « J’ai été élevée dans la musique québécoise que mes parents écoutaient, donc surtout les Cowboys fringants. Il y a deux ans, j’ai recommencé à écouter de la musique francophone, et je suis retombée sur les Cowboys. Depuis, je n’écoute que ça. Je ne m’étais jamais autant identifiée à des chansons. Leur musique dénonce des sujets qui me tiennent à cœur et ça me rend fière d’être Québécoise », poursuit Maëlle Péloquin, qui aura vu le groupe en concert à deux occasions, dont à Sorel-Tracy lors du Gib Fest, en 2022. 

Karl Tremblay venait d’annoncer son cancer de la prostate. Dans la file d’attente pour entrer sur le site du Gib Fest, des messages « On t’aime Karl » étaient distribués. « Nous avons pu les montrer lorsqu’il est arrivé sur scène. C’était un moment magnifique, émotif. J’étais à la clôture, juste devant la scène. C’était magnifique », se souvient-elle. 

« J’étais au début de l’adolescence quand les Cowboys se sont mis à prendre de la place dans mon lecteur CD, confie Jessica Tremblay. La voix de Karl et la douce musique de son band ont accompagné mes nuits de révolte, mes remises en question, mes peines d’amour et d’amitié, mon sens critique. » 

La chanson « En berne » l’a aidée à réussir son cours d’histoire après l’avoir échoué en 4e secondaire. « Les paroles m’ont permis de me souvenir de la chronologie des moments importants du Québec », raconte Jessica Tremblay. 

Elle remercie le groupe pour « l’héritage culturel, les concerts épiques, cette musicalité exceptionnelle et, surtout, pour ces textes profonds, poignants, sincères et éducatif ».

Puis elle ajoute. « Aujourd’hui, c’est mon fils de 7 ans qui s’endort le soir sous « La Manifestation » et c’est sur « Plus rien » qu’il me ramène à l’ordre sur l’importance de faire attention à notre planète. » 

Le Montarvillois Michel Hannequart, qui a pris le groupe en photos lors de son passage au Centre Marcel-Dulude, est d’avis que parmi les meilleurs spectacles qu’il a vus, les Cowboys fringants arrivent en tête de liste. 

Pour Roger Lacoste, la venue des Cowboys fringants à Saint-Bruno-de-Montarville fait partie de ces « grands moments » vécus au Centre Marcel-Dulude avec, par exemple, le concert de Robert Charlebois en novembre 2016. « Il faisait froid, c’était l’hiver, mais les gens faisaient la file jusque dans le stationnement pour rentrer. C’était gros! On ne s’attendait pas à une telle ferveur! La soirée avait été magique. »

Hier, c’est sa fille qui lui a annoncé la nouvelle du décès de Karl Tremblay. Elle demeure à Vancouver. La musique des Cowboys fringants aura permis au père et à sa fille de partager un même intérêt, une même passion. « Pour cette génération, c’est un gros morceau qui s’en va, reconnaît M. Lacoste. Même pour nous autres, en fait. Qui d’autre au Québec a marqué les esprits d’une telle façon depuis les 25 dernières années? », se demande l’homme à la retraite. 

Quand on lui demande le titre qu’il préfère dans le répertoire du groupe de Repentigny, Roger Lacoste évoque la chanson qui termine les concerts. « Avec « Les étoiles filantes », c’était l’apothéose… mais « L’Amérique pleure », c’est plus grand que nature cette chanson-là! J’aime aussi les balades, comme « Mon chum Rémi ». Leurs chansons sont festives et font aussi état d’une réalité crue, qu’on n’aime pas toujours entendre, mais c’est la vraie vie. »