Du bruit même à 4km de l’aéroport de Saint-Hubert
Le bruit des avions à l’aéroport ne dérange pas tout le monde, mais certaines personnes subissent cette nuisance davantage que d’autres dans nos villes.
Alain Sanfaçon réside dans le quartier des femmes deSaint-Bruno depuis cinq ans. Auparavant, sa femme et lui vivaient à Bois-des-Filions, près de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. « Là-bas, les avions passaient plutôt en hauteur et on ne les entendait pas durant la nuit. »
Avec l’aéroport de Saint-Hubert à environ 4 kilomètres de leur quartier, M. Sanfaçon et sa femme se font désormais réveiller durant la nuit, parfois à plusieurs reprises. « Ça nuit à notre qualité de vie, à notre performance au travail aussi. Dans la quarantaine, on n’a plus la même facilité à récupérer le manque de sommeil qu’à 20 ans. »
En raison du dérangement que cela causait dans sa vie quotidienne, la femme de M. Sanfaçon a choisi de dénombrer les fois où elle a été réveillée par le bruit des avions qui décollent. Résultat : pour la période de septembre 2021 à la mi-janvier 2022, elle a été réveillée à 34 reprises, soit l’équivalent d’une fois et demie par semaine. « Parfois, ça arrivait même deux fois par nuit », ajoute Alain Sanfaçon.
34
C’est le nombre de fois que la femme d’Alain Sanfaçon a été réveillée par le bruit du Boeing 737-200 de Chrono Aviation
Consultations publiques
Les aéroports sont des sites de compétence fédérale. Or, comme les résidants de plusieurs villes à proximité de l’aéroport de Saint-Hubert se plaignent du bruit que produisent certains aéronefs, les élus municipaux se sont mis de la partie et tentent de discuter de solutions avec les autorités aéroportuaires pour régler le problème actuel.
Ainsi, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, de même que les maires de Saint-Bruno et de Sainte-Julie, respectivement Ludovic Grisé-Farand et Mario Lemay, ont choisi de se joindre à l’initiative lancée par le député fédéral de Longueuil-Saint-Hubert, Denis Trudel. Le processus de consultation publique permettra de mieux comprendre les préoccupations des résidants affectés par le bruit des avions de l’aéroport et favorisera un développement du site à travers une acceptabilité sociale.
Parmi les irritants soulignés par les citoyens de Sainte-Julie et de Saint-Bruno, on trouve à plusieurs reprises le fait que l’avion Boeing 737-200, de Chrono Aviation, est bruyant lorsqu’il passe durant la nuit.
C’est justement cet avion qui pose le plus problème à Alain Sanfaçon et sa femme. « Je n’ai aucun problème à ce que l’aéroport se développe, tant que ça se fait dans le respect des citoyens qui vivent à proximité. » Il ajoute qu’avoir du bruit le jour en raison du passage des avions est une chose, mais « la nuit, c’est intolérable ».
Impossible de changer
Questionné à savoir quelles solutions s’offraient à son entreprise pour réduire ou bloquer le bruit de ses avions à Saint-Hubert, le président de Chrono Aviation, Vincent Gagnon, indique au journal Les Versants que sa compagnie n’a d’autre choix que d’utiliser le Boeing 737-200 pour assurer la liaison entre Saint-Hubert et la mine Mary River, dans le Nunavut. « On ne fait pas ça pour écœurer du monde; je vous jure que si l’on pouvait changer d’avion, je le ferais. »
C’est que cet aéronef est l’un des seuls à pouvoir décoller d’une piste en gravier en raison de déflecteurs sous les moteurs qui empêchent les roches d’y entrer. L’autre modèle également conçu pour ce type d’environnement prendrait, pour sa part, une journée de plus avant d’arriver à destination. Il faudrait aussi que des logements soient établis à Iqaluit, qui, présentement, sert uniquement comme escale avant l’arrivée à Mary River. Paver la piste coûterait 50 millions de dollars et comme cet environnement est très froid, les travaux pourraient être à refaire fréquemment. Le B737-200 a également un espace plus grand pour accueillir des passagers et du cargo, comparativement à d’autres modèles.
Quant aux vols de nuit, M. Gagnon dit qu’il ne peut les déplacer puisque les employés de la minière arrivent vers 8 h au Nunavut et qu’ils prennent le temps de dormir en arrivant avant de commencer à travailler.
Ainsi, à moins de changer le trajet et de le faire sur deux journées avec un autre modèle d’avion, ou qu’une nouvelle réglementation entre en vigueur pour restreindre davantage les vols de nuit, la situation risque de rester la même pour les résidants limitrophes de l’aéroport.