Des symptômes de COVID longue à l’année

Cela fait plus de deux ans que Julie Dutremble est atteinte de la COVID longue. Sa vie n’est plus la même depuis. 

« Cette nouvelle maladie post-infectieuse encore bien méconnue m’a littéralement enlevé toute qualité de vie. Pour ainsi dire, celle-ci est sur pause », raconte la femme de 50 ans qui demeure à Saint-Bruno-de-Montarville. 

Essoufflements

La vie de Mme Dutremble n’est plus la même depuis ce jour où elle a contracté le virus de la COVID. C’est en allant marcher dans la montagne qu’elle a constaté les premiers symptômes de ce qui l’affligeait. Des essoufflements alors qu’elle marchait régulièrement auparavant. C’était au printemps 2022.

En juin de la même année, ce sont tout son corps et son cerveau qui ont lâché prise. La citoyenne n’est pas allée au travail cette semaine-là. Elle pleurait, ne pouvait plus rien faire physiquement et son cerveau criait fatigue. Elle croyait être en dépression, opinion partagée par son médecin de famille, et ce, même si la femme n’avait « aucune raison de l’être ».

Mme Dutremble a dû se résoudre à plusieurs pertes. « J’ai quitté mon métier de designer d’intérieur. Je ne suis plus physiquement dans ma belle montagne. Je ne peux plus m’occuper de ma maison… », indique-t-elle. Ce n’est pas tout. Elle a réduit ses activités sociales et ne prend plus le volant. Marcher chez ses voisins est devenu un défi, voire une épreuve. « Sortir dans les magasins ou recevoir quelqu’un durant une heure m’amènent en malaise post-effort et je peux être alitée plusieurs jours par la suite. Épuisement, essoufflement extrême, brouillard mental, arythmie. Voilà ma vie présentement », insiste la femme. 

« Cette nouvelle maladie post-infectieuse encore bien méconnue m’a littéralement enlevé toute qualité de vie. »  – Julie Dutremble

Au bout d’une année de frustration et d’incompréhension, Julie Dutremble s’est tournée vers une clinique privée. La médecin qui l’a prise en charge lui a mentionné la maladie de la COVID longue. Depuis, elle en sait davantage sur ce qui lui arrive et sur ce qu’elle doit traverser et endurer. Elle fait aussi l’essai d’une médication qui pourrait, un jour, lui venir en aide pour retrouver son énergie et ses fonctions cognitives d’avant.

Quand on lui demande ce qui lui manque le plus depuis le début de ses symptômes, Mme Dutremble répond que c’est de sortir de chez elle et d’aller flâner au magasin. Puis elle ajoute : « Des soupers au restaurant entre amies, des après-midis de marche en forêt, recevoir des amis à la maison, jardiner dans ma cour… tout ça n’est plus possible depuis deux ans. »

Pas la seule

Une autre femme, qui s’est confiée au journal Les Versants de façon anonyme, est aussi atteinte de la COVID longue. Elle présente des symptômes semblables à ceux de Mme Dutremble. Elle évoque fatigue extrême et plusieurs siestes par jour, troubles majeurs neurologiques, perte de mémoire et de mots, concentration difficile, perte de mobilité qui entraîne des chutes fréquentes, douleurs intenses, engourdissements, sensibilité aux sons et à la lumière, dont celle des écrans, migraines chroniques et bien d’autres. « Au quotidien, ma capacité à compléter mes habitudes de vie est diminuée de beaucoup. Me laver, laver mes cheveux et m’habiller prennent une charge sur mon corps », témoigne-t-elle. 

Cuisiner pour sa famille, dont plusieurs enfants, se fait maintenant en étapes. Les recettes doivent rester simples. La résidente de Saint-Basile-le-Grand explique qu’elle a maintenant un temps limité quotidiennement pour accomplir ses tâches. « Une ou deux heures le matin. Par la suite, je suis au ralenti jusqu’au lendemain. Je dois calculer chaque action, pour ne pas surcharger mon corps et me retrouver en malaise post-effort pendant plusieurs jours. »

Campagne de financement 

Au moment d’écrire ces lignes, Julie Dutremble est en campagne de financement sur la plateforme Go Fund Me afin d’aider financièrement l’Institut de recherches cliniques de Montréal. La Dre Emilia Liana Falcone effectue des recherches sur la COVID longue.

« J’essaie de faire ma petite part pour faire avancer la recherche. À ce jour, il n’y a aucune solution à cette maladie qui a laissé plusieurs d’entre nous invalides. Je sollicite les gens à donner avec cœur pour tous les oubliés de la pandémie. » Elle a accumulé la somme de 7325 $ sur un objectif à atteindre de 10 000 $.

Mme Dutremble a deux filles dans la vingtaine. Elles ne souffrent pas des mêmes maux que leur mère. « Personne ne présente de symptômes de COVID longue dans ma famille, mais avec ma campagne de financement, je m’aperçois qu’il y a toujours une personne qui connaît quelqu’un qui en est atteint. Nous sommes très nombreux à souffrir, cachés dans nos maisons », croit celle qui s’en remet aux scientifiques, qui travaillent pour trouver une solution. « Il est encore impossible d’expliquer pourquoi ces symptômes persistent chez certaines personnes. Je tente très fort de garder mes rêves. Quand ils trouveront, je rattraperai le temps perdu! L’espoir est ce qui me fait vivre. »

Des rêves 

Actuellement, la COVID longue empêche la Montarvilloise de réaliser certains rêves. Elle souhaite voyager, devenir une grand-maman en forme et active, continuer à développer ses talents artistiques et assister à des spectacles. « Tout ça m’est impossible pour le moment. Les symptômes sont trop incapacitants pour faire quoi que ce soit », déplore-t-elle.