Contribution des non-usagers au transport collectif

Les citoyens de Saint-Bruno-de- Montarville, de Saint-Basile-le-Grand et de Sainte-Julie devront payer plus cher leur immatriculation dès janvier 2025.

Le maire de Saint-Bruno, Ludovic Grisé Farand, s’il avait pu, aurait voté contre cette résolution qui augmente la part de financement des automobilistes au transport collectif dans le réseau métropolitain.

« Je suis pour une amélioration du service de transport collectif, mais je suis contre les moyens qui sont pris actuellement. »

Le maire de Saint-Basile, Yves Lessard, va dans le même sens que son homologue. « Ce n’est pas l’argent que l’on met dedans qui est fautif, c’est sa répartition d’une part, et d’autre part, c’est le système qui est antidémocratique », explique-t-il lors du conseil municipal du 3 juin dernier. 

Déstructuration du financement

Selon Jean-Philippe Meloche, urbaniste et professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, les habitudes de mobilité ont changé avec la pandémie.« Le réseau de transport en commun a connu une déstructuration physique, mais aussi dans son financement. »

Avant la pandémie, 300 000 travailleurs se déplaçaient quotidiennement au centre-ville de Montréal ou vers celui-ci. Pour ce faire, seul un quart d’entre eux utilisaient la voiture. Maintenant, beaucoup de gens sont en télétravail, ce qui a fait chuter l’achat des titres de déplacements et donc de financement de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). 

« Il y avait des coupures ou des subventions à aller chercher ailleurs. » – Ludovic Grisé Farand

Des coupures annoncées par le gouvernement du Québec, l’hiver dernier, ont fait craindre une baisse de services. Le montant de l’augmentation de la taxation pourrait changer selon les négociations qui se poursuivent avec la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault.

M. Meloche ajoute que « cette augmentation ne vient combler qu’à peine 20 % du financement nécessaire ».

Augmentation de 91 $

Les propriétaires de véhicules de promenade devront donc s’attendre à payer 150 dollars au lieu de 59, soit 91 dollars supplémentaires. 

Seulement pour l’année 2025, les estimations du déficit montent à 561 millions. En tout, 200 millions seront subventionnés par le ministère des Transports et de la Mobilité durable. L’augmentation de la taxe devrait, quant à elle, absorber les 361 millions restants. Ludovic Grisé Farand trouve toutefois que c’est un choix facile d’imposer une taxe. « Plusieurs autres moyens auraient pu aider. Il y avait des coupures ou des subventions à aller chercher ailleurs. »

« Il y aura d’autres moyens qui seront pris dans les années à venir pour refinancer le transport en commun », avance M. Meloche

Le grand Montréal est un espace réseau, explique Jean-Philippe Meloche. « Le transport en commun réduit la congestion, ce qui bénéficie aux non-usagers. » Ce « cobénéfice » est difficile à saisir par les non-usagers, reconnaît M. Meloche. Le financement partagé va toutefois bénéficier à tous, assure-t-il.