Conférence de presse de Northvolt: des questions restent sans réponses

Le 3 avril 2024, Northvolt conviait les médias à une « séance d’information technique » pour faire le bilan sur les démarches réalisées jusqu’à maintenant concernant l’implantation de sa giga-usine à cellules de batteries à Saint-Basile-le-Grand et McMasterville.

Six mois après son arrivée au Québec, il s’agissait d’une occasion pour l’entreprise suédoise « d’offrir de la visibilité supplémentaire » sur ses prochaines étapes. 

Pour des organismes et certains citoyens mobilisés du territoire d’accueil, plusieurs questions restent sans réponses concernant l’empreinte environnementale envisagée lorsque l’usine sera en activité. Notamment concernant le dossier du pompage et du rejet d’eau issue de la rivière Richelieu.

Gestions des eaux

Pour Sylvain Lapointe, le directeur général du Comité de concertation et de valorisation du bassin de la rivière Richelieu (COVABAR), « la gestion de l’eau d’un tel projet prend une importance capitale, surtout dans un contexte de réchauffement climatique où les phénomènes météorologiques prennent de nouvelles ampleurs ».

« On a des préoccupations à savoir si le panache de sédiments toxiques, résidus des activités de la CIL, pourrait être remis en circulation dans le traitement des eaux », soumet M. Lapointe. 

Le COVABAR a également proposé à Northvolt « le concept d’une usine-éponge afin de permettre à l’eau de percoler là où elle tombe, et de réfléchir à un système de récupération des eaux pluviales pour éviter qu’elles ne causent des dommages ». Le directeur général explique que le site de l’usine perdra sa perméabilité « une fois les installations en place. Le ruissellement ou l’accumulation d’eau causés par les pluies pourraient devenir un risque de contaminant », 

Lors du breffage donné par des experts techniques de Northvolt, il a été révélé que comme l’entreprise est « dans la phase de conception » à ce sujet, « il est encore trop tôt pour s’avancer sur les processus exacts » concernant la gestion des eaux. L’équipe technique assure toutefois que le rejet de l’eau sera tempéré pour éviter tout choc thermique dans la rivière Richelieu. 

Au sujet de la récupération des eaux pluviales, l’entreprise ne peut pas non plus se prononcer officiellement pour le moment puisque la question est actuellement traitée dans « l’étude de conception globale sur la gestion des eaux ». Ces résultats ne seront pas connus avant 2025.

Transparence

Lors de la rencontre du 3 avril, Paolo Cerruti, le PDG de Northvolt Amérique du Nord et cofondateur de l’entreprise, a fait un point d’honneur concernant la volonté de l’entreprise d’augmenter sa transparence. Elle compte se porter garante de cet engagement en rendant publics les documents nécessaires à la

« douzaine » d’autorisations gouvernementales à demander pour la construction du complexe d’usines. 

Toutefois, Northvolt précisait également que l’accès à ces documents ne serait possible qu’une fois les autorisations délivrées afin de ne pas nuire à la sérénité de l’analyse, selon les dires de M. Cerruti.

Sanction

L’entreprise en a profité pour revenir sur son avis de non-conformité diffusé par le ministère de l’Environnement le 27 mars dernier. L’entreprise réitère son souci de respecter les normes environnementales en collaboration avec le gouvernement du Québec et en proposant des mesures correctives.

Sur ce point, le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, se prononce en disant que la population devrait se sentir rassurée de voir que le gouvernement fait preuve d’un suivi sérieux des activités de Northvolt.

BAPE

Pour la dernière phase du projet, l’entreprise confirmait que son usine de recyclage, nommée Revolt, serait soumise à l’analyse du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). D’ici la fin de 2024, Northvolt sera en mesure de remettre les documents et les informations qui seront nécessaires à cette étude. À ce sujet, l’entreprise confirmait ne pas avoir demandé de passe-droit pour venir s’installer en Montérégie sans subir l’examen de cette instance indépendante.  

Circulation

Également, il était dévoilé qu’une « augmentation temporaire » du transit de camions lourds était attendue dans le processus de construction du premier bloc d’assemblage de cellules. Au quotidien, ce serait le passage de jusqu’à 450 camions que prévoit Northvolt. 

L’équipe a d’ailleurs soulevé l’enjeu actuel de la route 223, mais elle considère que ce problème sera presque complètement résolu avec l’accès temporaire prévu par la 116. 

2026

Le campus Northvolt québécois doit entrer en phase de production en 2026. Questionnée sur l’éventualité de devoir reporter cette échéance, notamment si les permis pour l’exploitation de l’eau de la rivière Richelieu ne sont pas délivrés dans les temps, l’entreprise demeure optimiste. Northvolt indique que des solutions temporaires sont prévues en guise de plan B pour ne pas avoir à retarder la mise en production de l’usine.