Champion et millionnaire

Le pugiliste Olivier Aubin-Mercier a décroché le titre de champion des poids légers de la Professional Fighters League le 25 novembre dernier. Le Montarvillois a vaincu l’Écossais Stevie Ray lors d’une finale tenue au Hulu Theater du Madison Square Garden.

La victoire, acquise par K-O, s’accompagnait d’un chèque de 1 million de dollars américain. 

Sainte-Julie a son champion en Charles Hamelin. Saint-Bruno-de-Montarville a maintenant peut-être trouvé le sien en Olivier Aubin-Mercier. 

Retour à Saint-Bruno

Le journal Les Versants est allé à sa rencontre, alors qu’il venait à peine de rentrer de son séjour à New York. Depuis quelques années déjà, Olivier Aubin-Mercier occupe un appartement à Montréal. Qu’est-ce qui le ramène parfois à Saint-Bruno-de-Montarville? « Mes parents ont déménagé, alors… je dirais que mes entrevues avec le journal local me ramènent ici, et ce café!, lâche-t-il en riant. J’ai déjà travaillé ici, il y a plusieurs années. Cafellini est dans mon cœur. Je connais Jordan depuis des années. J’ai commencé les arts martiaux mixtes pendant qu’il se lançait en affaires. Quand je regarde là où nous sommes rendus, lui et moi, notre évolution à tous les deux est liée, on dirait. »

Durant la discussion, trois ou quatre clients l’abordent. Ils le félicitent, impressionnés, pour sa ceinture, pour sa victoire. La bourse d’un million de dollars les fait sursauter. Ils lui procurent quelques conseils financiers. 

Une décennie d’efforts

On revient à l’entrevue. Sa ceinture de champion, lourde (« Veux-tu la tenir? », nous demande-t-il) et impressionnante, trône sur le comptoir devant nous. « Ça représente 10 ans de travail, lance d’emblée Olivier Aubin-Mercier en pointant l’objet que tant d’autres combattants convoitent au cours d’une carrière. C’est ma première ceinture professionnelle. J’ai eu des hauts et des bas depuis mes débuts professionnels. Aujourd’hui, c’est l’apogée de ma carrière. »

Au cours de sa carrière amateur, il aura mis la main sur une ceinture à deux reprises, dont une fois à la suite d’une morsure. « Mon adversaire avait été disqualifié. »

Vie tranquille

Puis il y a ce cachet d’un million de dollars en devises américaines, qui ne semble pas tant l’impressionné. « La ceinture est plus importante à mes yeux. Le million est très important, mais pas pour les raisons que les gens peuvent penser. »

À la fin de son combat, le champion a ressenti cette crainte que sa vie ne soit plus la même. Comme la fin d’une étape. « J’ai eu de la peine. L’impression de tuer l’ancien Olivier Aubin-Mercier. Je n’ai besoin de rien. Je n’aime pas les voitures flamboyantes. Je n’ai pas un train de vie excessif. J’aime la vie que j’ai, calme, tranquille. Passer du temps avec ma fille. Bien manger. C’est tout. »  

De son triomphe en finale, Olivier Aubin-Mercier n’est pas sur surpris. « Dans ma tête, je savais que j’étais le meilleur de la saison. Des doutes, du stress, oui, j’en ai eu. Mais je ne suis pas surpris », souligne-t-il. 

Quand on lui demande pourquoi il avait des doutes, il répond que les arts martiaux mixtes est un sport impardonnable. « Si tu pognes ton adversaire correctement, un coup, et ça peut être la fin. J’étais conscient que j’étais meilleur que Stevie Ray, mais quand même, tout peut arriver », complète-t-il. 

Ainsi, c’est à l’aide d’un solide crochet de la droite asséné en 2e round qu’il a réussi à coucher au sol son opposant. Une fin de combat que le Réseau des sports a qualifié de « moment charnière dans l’histoire québécoise des arts martiaux mixtes ». En entrevue avec Les Versants, celui qui est reconnu pour terminer ses duels par soumission souligne que c’était sa première victoire par K-O. « C’est, selon moi, la meilleure façon de gagner! »

L’événement de la PFL a aussi attiré son lot de partisans québécois, venus encourager leur compatriote. « Il y avait beaucoup de Québécois parmi la foule au Madison Square Garden. Une grosse délégation, dont Georges St-Pierre, les gars de La Poche bleue, Laurent Duvernay-Tardif (qui vient de signer avec les Jets de New York dans la NFL)… ça m’a touché. »    

Vers la fin

À la suite de son récent exploit, le jeune homme qui approche les 34 ans songe maintenant à la fin. Dans la Professional Fighters League (PFL), il vient de mettre un terme à une éreintante série de quatre combats en moins de huit mois. Il ne cache pas qu’il se sent fatigué. « C’est énorme en sports d’arts martiaux mixtes! Dans le UFC (Ultimate Fighting Championship), personne n’ose faire ça. Mais dans la PFL, on se le doit si on veut gagner le tournoi. La PFL prône qu’on prenne part à beaucoup de combats. C’est difficile physiquement, c’est difficile aussi mentalement. »

D’où sa réflexion pour l’année à venir, qui risque d’être sa dernière. Mais il insiste sur quelques objectifs à atteindre avant de se retirer officiellement de l’octogone. « Je veux gagner à nouveau la ceinture au terme de la prochaine saison. Celle-ci s’amorce en avril prochain. Puis j’aimerais convaincre la PFL de présenter un gala principal ici, à Montréal. Je crois que le Québec est prêt et que nous serions capables d’en faire un bel événement », déclare celui qui fait osciller la balance à 155lb.        

Les Élites

Produit de la Fondation des élites de Saint-Bruno-de-Montarville à l’époque où il pratiquait le judo, Olivier Aubin-Mercier trône maintenant parmi la crème des athlètes canadiens en arts martiaux mixtes. « La Fondation des Élites encourage les jeunes athlètes à persévérer et à poursuivre leur passion pour le sport. Je suis reconnaissant de cette aide. À l’époque, ça nous a donné un coup de main, mes parents et moi », affirme le père de famille.